Accueil L'Actu Religion : péché et punition

Religion : péché et punition

0

Péché est un mot découlant du mot hébraïque « péchâ » qui signifie commettre une infraction volontaire alors qu’en français cela concerne une infraction volontaire ou involontaire à la loi.

Le péché volontaire apparaît être l’expression du mépris ou d’une sorte d’esprit de révolte. Qui pourrait aller contre la loi si ce ne sont les personnes refusant de recevoir sur eux le joug du Royaume des Cieux    ?

De manière à obliger l’être humain à faire Teshouva[1], Dieu a institué Yom Kippour, journée de repentir par excellence ou l’homme va s’introspecter, va examiner sa conscience vis-à-vis de son Créateur, vis-à-vis de son prochain et vis-à-vis de lui -même de façon à  pouvoir opérer des changements dans son mode de vie….

Dans le Deutéronome, (II, 26ראה, אנינותןלפניכםהיוםהברכהוהקללה) Vois, Je mets devant vous aujourd’hui la bénédiction et la malédiction ……

Ceci signifie en d’autres termes : Je mets devant vous la malédiction si vous n’appliquez pas les recommandations que Je vous donne mais, si vous faites teshouva vous serez bénis et si vous appliquez Mes commandements, vous serez bénis aussi..

Lorsque les hommes se révoltent, survient une sanction dont les conséquences peuvent être terribles comme ce fut le cas pour les contemporains d’Enosh, ou pour ceux qui imaginèrent la Tour de Babel ou encore pour ceux qui contribuèrent à la faute du veau d’or sanctionnée par 40 ans de pérégrinations dans le désert …..

En se révoltant, l’homme refuse l’alliance entre Dieu et les hommes, la triple promesse faite par Dieu aux Patriarches ; en se révoltant, l’homme refuse toute appartenance, il brise le joug existant entre le Créateur et les êtres humains ; la révolte conduit au blasphème, à la débauche comme à Sodome et Gomorrhe conduisant à la souillure, et à la contamination.

Fauter signifie commettre des actes aussi graves que s’il s’agissait d’idolâtrie, d’adultère, et même de meurtre..

L’idolâtrie est détestable. C’est une abomination. C’est un acte impur, inique. Elle est à l’origine de la contamination de la terre, profanation du nom de D. Et, la shekhina[2] se retire. Israël s’adonne  à la violence, puis Israël est banni et chassé de son pays.

De même que l’idolâtrie n’est pas supportable, l’orgueil n’est pas acceptable non plus. Les Sages assimilent l’orgueil à une forme d’idolâtrie.  C’est ainsi qu’il est écrit dans les Pirké Avot[3] que l’orgueil fait sortir l’homme de ce monde :

« הגאווה והתאווה מוציאין האדם מן העולם »

Mais il est dit aussi dans les Nombres XVIII, 23 que Moïse était très humble :

« והאיש משה עניו מאוד »

Et le texte ajoute « plus qu’aucun autre homme à la surface de la terre. Le Prophète Isaïe déclare que la Shekhina est restée sur terre tant qu’il y avait de l’humilité :

כי כה אמר רם ונשא, שוכן עד וקדוש שמו—מרום וקדוש, אשכון ; ואת-דכא ושפל-רוח, להחיות רוח שפלים, ולהחיות לב נדכאים

Ainsi parle, le Saint béni soit-Il  qui habite l’Eternité et dont le nom est Saint : J’habite un endroit saint et élevé, mais aussi, celui dont le cœur est contrit et l’esprit humilié.

De manière à renforcer ceci, le psalmiste écrit le verset suivant :

מלשוני בסתר רעהו אותו אצמית גבה עיניים ורחב לבב אותו לא אוכל

Je ne peux habiter chez celui dont le cœur est orgueilleux et l’esprit hautain….

Sont assimilées à l’idolâtrie, et à l’orgueil, la violence et la colère…… Se laisser dominer par ces sentiments, se croire le plus beau, le plus fort….. n’est- ce pas là une sorte d’idolâtrie  c’est-à-dire  ériger en soi un dieu étranger que la personne ne peut arriver à combattre ???

Autre comportement détestable qui amène avec lui la même impureté et le même sentiment désagréable : l’adultère. Au regard de la tradition,  l’adultère est occasionné par un « vent de folie »(rouah shtout) soit de l’hérésie provoquée par une exacerbation des sentiments lequel découle d’une mauvaise tenue, d’un relâchement des mœurs, ce qui peut entraîner des obscénités,  et des sentiments comme la détresse qui peut arriver à la violence et jusqu’à la mort. Ce qui revient à dire que les pensées impures, les railleries, le manque de tenue, peuvent entraîner l’être humain bien loin de sa ligne de conduite habituelle car en plaisantant l’homme baissesa garde et se trouve entraîné bien loin en dehors de sa volonté pour avoir laissé le mauvais penchant le diriger entièrement.

Le meurtre : Il ne s’agit pas là seulement de tuer son prochain mais c’est aussi d’une manière morale calomnier et médire ainsi qu’il est dit : la calomnie tue au moins trois personnes : celui qui parle, celui qui écoute et celui dont on parle….

L’homme ayant été créé à l’image de D, le meurtre reviendrait à assassiner D si on peut s’exprimer de la sorte ; et de fil en aiguille, pouvant être amené à prêter serment ou à jurer à tort, cela reviendrait à blasphémer…..

Le meurtre pourrait être assimilé à la haine vouée à une personne tout-à-fait gratuitement,

L’homme se laissant aller à l’une de ces fautes est désigné sous le nom de porek ôl  פורק עול

Le porek ôl – le briseur de joug – le joug du royaume des cieux mais aussi le joug des hommes et au lieu de se sentir libre, il va devenir esclave de ses sens, de ses actes, de ses sentiments. De manière à essayer de  fuir cet état de choses,  les Sages ont dit qu’en récitant le « Shémâ Israël »[4] deux fois par jour, on reçoit sur soi le joug du royaume des cieux puisque en hébreu cela se nomme : עול מלכות שמיים  soit l’anagramme de Shémâ Israël     » שמ »ע » : עמ »ש

Le couvre-chef : en ayant la tête couverte, l’homme serait moins enclin à mal se conduire il se sent plus impliqué la mère de Rabbi Nahman ben Itshak conseillait à son fils de se couvrir la tête afin que le Joug du Royaume des Cieux soit sur lui : il est donc recommandé d’être modeste, humble jusque dans le comportement vestimentaire, le couvre-chef, le choix des couleurs, la forme des vêtements…..

Il a été question des fautes volontaires  « bemézid » et les fautes involontaires sont désignées sous l’appellation « bishgaga » par ignorance,  par inattention…..il y aurait une nuance de volonté dans le fait de rester dans l’ignorance car « nul n’est censé ignorer la loi » par conséquent,  pour connaître la loi il faut se renseigner, il faut apprendre et si la faute est commise par inattention ou par imprudence, la faute est vraiment involontaire…. Tout en restant tout de même une transgression.

La sanction encourue est pour un péché involontaire appliquée en deux étapes : l’une par le tribunal terrestre l’autre par le tribunal Céleste et selon la faute la sanction sera plus ou moins lourde suivant le caractère.

Pour Yom Hakippourim[5], Dieu pardonne les fautes commises envers lui mais pas celles commises envers les hommes.

Du temps où le Sanhédrin siégeait, un jugement était rendu et les sanctions appliquées. Différents modes d’expiation existaient à commencer par le sacrifice expiatoire, l’avertissement, l’anathème, l’excommunication, le droit de refuge, la flagellation, la lapidation, la mort par l’épée, la pendaison etc….

Les sanctions divines décrétées au Royaume des Cieux sont irrémédiablement émises à moins que n’intervienne un repentir sincère qui peut tout remettre en question ainsi qu’il est dit : « lorsque toutes les portes du ciel sont  fermées, il en restera encore une ouverte : celle des larmes du repentir »… Il suffit donc, qu’une seule larme de repentir sincère, coule sur les joues du pécheur pour qu’un jugement puisse être révisé.

Dieu sonde les cœurs, Il saura donc reconnaître si l’homme est sincère dans son repentir et a porté son choix vers le bien ou reste dans le mal.

La contrition est une voie essentielle, nécessaire, et favorable au repentir en s’assortissant de jeûnes, de prières ou d’études et de tsedaka (charité) les trois voies ci-dessous s’équivalant en guematria :

צום    =   קול  =  ממון  =    136

Tsom, ou taânit c’est le jeûne, kol c’est l’étude, la prière, le repentir et mamone c’est la charité ou tsedaka.

Pour Yom Kippour ou Yom HaKippourim, l’homme se repent, se contrit en jeûnant,  et procède à la charité. Yom Kippour est le jour où sont expiées les fautes les plus graves et les sacrifices réguliers pour venir racheter les fautes commises par rapport aux commandements positifs. Certaines violations de la Loi ne peuvent être expiées que par la mort.

La souffrance est aussi une punition qui peut être infligée par Dieu sur l’homme ; il en est de mêmepour le « karète » ou retranchement,  peut s’exprimer  par une mort prématurée causée par l’inobservance volontaire d’un précepte toranique ou encore, si la transgression atteint à des formes gigantesques : la suppression de la part au monde futur :חלק לעולם הבא.

Il faudra se garder d’interpréter les souffrances d’un homme comme signe d’une faute à expier….. il peut s’agir d’une épreuve que Dieu fait subir à un homme comme cela a été fait pour Job, pour Abraham Avinou…. En prenant en compte que pour un Juste, la plus petite des souffrances est intolérable….

Cependant, rien ne vaut la prière individuelle ou collective en s’adressant directement au Créateur et demander pardon comme nous le faisons trois fois par jour : « Loué sois Tu Eternel, miséricordieux et généreux dans le Pardon » et en reconnaissant nos faiblesses et nos fautes au terme de nos prières quotidiennes.

Caroline Elishéva REBOUH
MA Hebrew and Judaic Studies
Administrative Director of Eden Ohaley Yaacov

[1] Le Repentir.

[2] Présence divine.

[3] Maxime des Pères, traité de morale juive contenu dans la Mishna (traités du Talmud).

[4] Acte de foi

[5] Grande solennité d’automne où l’on jeûne 25 h durant. « Le Grand Pardon ».

AUCUN COMMENTAIRE

LAISSER UN COMMENTAIRE

Poster votre commentaire!
Entrer votre nom ici

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

Quitter la version mobile