Accueil L'Actu Psychologie et judaïsme : question d’impatience par Hanna Haddad, psychologue – psychothérapeute

Psychologie et judaïsme : question d’impatience par Hanna Haddad, psychologue – psychothérapeute

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Cette tendance actuelle à l’impatience n’a pas bonne presse car ralentir et prendre son temps sont deux conditions indispensables pour être présent et vivre pleinement sa vie. Être dans la précipitation est la meilleure façon de passer à côté de soi et de ce que l’existence offre de meilleur. Pourtant bien utilisée l’impatience est pour le psychiatre Stéphane Habusseau, un trésor d’énergie qui nous pousse hors de notre zone de confort en nous donnant des idées et des ailes.

L’impatience pour la psychologie
L’impatience  peut nous rendre  impulsif. Cela est peut être lié à la difficulté de s’opposer de manière constructive, à oser le conflit, à affirmer ses besoins, à réguler ses émotions, à élaborer un projet sur la durée ou encore à gérer sa frustration. Cette impulsivité est nourrie par la colère ou par un sentiment d’impuissance.
Mais l’impatience positive peut être aussi un moteur en exprimant son refus de faire du sur place et d’en finir avec une situation génératrice de souffrance. Cette bonne impatience est de l’ordre du ressenti, d’un bouillonnement intérieur lié à l’envie de devenir enfin l’acteur inspiré de sa vie.
L’impatience fait de nous des ″zappeurs″. C’est un sentiment extrêmement partagé en matière de consommation qui à une fâcheuse tendance à l’éparpillement entrainant de la superficialité, de la difficulté à être constant et à être persévérant dans ses choix. Mais elle peut garder notre curiosité en éveil. Elle nous donne envie d’explorer de nouveaux territoires  et nous permet de remettre en cause nos certitudes et nos préjugés en nous rendant plus tolérant et plus humble.
L’impatience nous rend distrait. La faute se cache dans l’inattention.
Mais  elle peut nous rendre plus créatif. Car l’impatient ne se satisfait pas de la répétition en cherchant à combattre le sentiment d’ennui qui le pousse à chercher de nouvelles façons de penser, de faire et d’être.
L’impatience nous rend malade. L’impatient bouillonne à l’intérieur, il est souvent irascible et agité, il souffre souvent d’hypertension. Mais l’impatience nous permet de garder un esprit jeune  nous intéressant à mille choses, en ayant le goût du changement et de l’inconnu.
L’impatience peut  nous rendre  grossier. Elle diminue notre qualité d’écoute. Aussi  elle nous rend de mauvaise humeur, irritable et nerveux. Mais elle peut nous aider à poser les limites. Elle nous aide à mettre fin à une relation pénible avant d’atteindre le taux de saturation critique. Elle aide à nous affirmer en disant stop et à se faire respecter.

L’impatience pour le judaïsme :

D’après le Rav Yaacov Spitezki  (dans son article ‘’compter vers l’infini’’), après la sortie d’Egypte,  les commentateurs expliquent que  les enfants d’Israël  comptèrent les jours pour exprimer leur impatience  à recevoir la Thora à chavouot.
Pourtant chaque jour on compte en constatant les jours passés : « Aujourd’hui troisième jour de l’Omer » …  Il aurait fallu plutôt dire : « Plus que trente sept jours »…, c’est-à-dire une formulation qui exprime l’impatience ! La réponse à cette question est l’effort. L’effort qui conduit  l’être humain à se dépasser pour améliorer son comportement et tendre vers le Bien. Durant quarante neuf jours, nous comptons le Omer pour atteindre une plénitude  intérieure qui aboutira au cinquantième jour : l’anniversaire du don de la Thora. Intrinsèquement, la Thora est inaccessible puisqu’elle prend sa source dans l’infini. Compter un cinquantième jour  comme il est écrit (lévitique 23,16) est donc impossible. Mais D. a révelé la Thora et l’a mise à notre portée le quarante neuvième jour  comme si nous avions compté un cinquantième jour. Dans cette perspective, on comprend pourquoi  on ne compte que les jours passés : les résultats de nos actions sont avant tout fonction du travail que nous accomplissons. Cette démarche particulière  aura comme récompense le don de la Thora. Pour mériter la Thora, les Enfants d’Israël se préparèrent spirituellement pendant ces quarante neuf jours.

Que signifie le  fait de recevoir la Thora ?
En premier lieu, il faut  faire « le vide » en soi pour être pleinement disponible. Il est intéressant de noter que le mot (holé) qui signifie malade, a pour valeur numérique 49. Après la sortie d’Egypte, nous étions pour ainsi dire « malades et contaminés » par toutes les formes d’idolâtrie qui y était en vigueur. Il est donc nécessaire d’effectuer un travail sur soi même  pour « guérir  spirituellement »  et franchir les quarante neuf degrés qui séparent l’impureté de la pureté.
Dans un autre domaine, le peuple d’Israël peut se montrer impatient.  Aujourd’hui comme hier le peuple juif attend le Messie  « Même s’il tarde attends-le ! », nous exhorte Maimonide. Pour le Rav Journo, l’attente fait partie intégrale de l’exil. Il n’existe pas d’exil sans attente  mais encore faut il que cette attente s’inscrive dans une satisfaction de ce qui est esperé par des signes, des messages évitant le renoncement. Quand Shakespeare nous affirme « qu’avec le temps les feuilles du mûrier deviennent de la soie », il témoigne de la volonté de la force et de l’optimisme pour la venue d’un temps ou le mal et la souffrance  auront disparu. Et cela demande à chacun de se dépasser!
Bons préparatifs pour la réception de la Thora! Hag Chavouot Sameah !

Cet article vous a interpellé ou vous souhaitez poser des questions : N’hésitez pas à me faire partager vos réflexions en écrivant sur ma messagerie facebook – Anne Lachkar Haddad. 

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