PARASHAT KORAH 2018 – Shabbat su 16 juin 2018 – Horaires Ashdod : début 19 h 18 – fin 21 h 31
DE L’IMPURETE DE LA PAROLE A LA SAINTETE DE LA PENSEE.
La plupart du temps, la sidra de la semaine aborde plusieurs thèmes et il y a un lien conducteur entre ces sujets mais ce lien unit les parashot entre elles.
La semaine passée, nous avons vu que le thème de la médisance réunissait les péricopes de Bée’haâlotekha, Shelah lekha et Korah et, cette semaine un nouveau lien est tissé entre Korah, Houkat et Balak, et ce sur deux plans car les pirké Avoth nous rappellent que le premier vendredi de la création, juste avant que ne débute le premier shabbat de l’univers, HaShem a créé dix faits surnaturels qui devront se produire au long de l’Histoire de l’Humanité. Les trois premiers prodiges qui sont : פי הארץ, פי הבאר ופי האתון (l’ouverture de la Terre[1], du puits et la possibilité pour l’ânesse de s’exprimer). Ces trois prodiges se produisirent lors de ces trois lectures hebdomadaires mais, ce n’est pas tout en effet : les trois titres de ces chapitres comportent tous la lettre « kouf » : pour Korah, la lettre est en première position, pour Houkat, en deuxième position, et pour Balak en troisième et dernière position et ceci, pour des raisons bien précises que nous allons développer ici : la lettre « kouf » est l’initiale du mot kedousha ainsi : Korah est issu de la tribu de Lévy et Korah détenait l’esprit sain « rouah hakodesh » ce qu’il avait eu en héritage de la part de ses ancêtres. Le « kouf » en première position indique que la kedousha ou sainteté est au degré supérieur.
Pour le mot HOUKAT, nom de la deuxième des trois sidroth, la lettre « kouf » se trouve en seconde position : dans cette lecture, il sera question de la vache rousse au moyen de laquelle on obtiendra de l’eau lustrale pour purifier ce qui est devenu impur. La vache rousse n’est pas une génisse née rousse de parents roux mais d’une vache qui naît rousse car elle a en elle ce qui est nécessaire pour la kedousha et cette sainteté lui est conférée que par son propre mérite et, pour ce qui est de la dernière lettre « kouf » du nom Balak, les Sages viennent nous dire que la kedousha de Balak résidait en sa postérité car parmi la descendance de Balak, se trouve Êglon prince de Moav dont l’une des filles est Ruth la Moabite, de laquelle est issu le Roi David et d’où viendra le Messie.
Korah était un homme de stature intellectuelle non négligeable : étant issu de Kehat, frère de Lévy, il faisait partie des « porteurs » [2], il possédait une intelligence supérieure, capable ainsi de penser tous azimuts, comme nous le montrent les Sages à travers les midrashim et la tradition: en effet, Korah, assoiffé d’honneurs, avait composé son « parti » de gens importants tels ceux qui pouvaient calculer quand tomberaient les néoménies et les fêtes[3]. L’on est en droit de se poser la question de savoir, s’il était si intelligent, pourquoi est-il devenu retors ? N’a-t-il pas compris qu’il n’était pas indiqué d’émettre des « bruits » sur Moshé ou sur Aharon ? N’a-t-il pas tiré de conclusion de l’incident de Myriam devenue lépreuse parce qu’elle a émis de malencontreuses paroles sur son frère, celui qui est né en Egypte après que le Pharaon ait promulgué un arrêt de mort sur les nouveaux nés mâles Hébreux ? Elle, qui veilla sur son jeune frère et se soucia de le faire nourrir par sa propre mère de manière à ce qu’il ne bût pas de lait d’une femme égyptienne ? Et malgré toute sa sollicitude pour Moshé, elle devint lépreuse sept jours durant ! Korah n’a-t-il donc pas compris qu’il se mettait en danger ? Eh bien non ! car, il s’était entouré de Léviim qui savaient tout ce qui concerne le Shem HaMeforash et, il a donc cru qu’il avait « tous les atouts en main » et que rien ne lui arriveraitpuisqu’avec les spécialistes du Shem HaMeforash il serait sorti d’affaire rapidement. Et, il OSA. Il osa dire du mal de Moshé et il porta atteinte aussi à l’intégrité du Grand Prêtre. En fait, Rashi commente cet « incident » comme une erreur d’interprétation de la part de Korah : il avait « vu » par son rouah hakodesh qu’une sorte de « dynastie » suivrait et cette erreur d’interprétation lui causa un gros préjudice ne dit-on pas : מעשיך יקרבוך מעשיך ירחקוך (traité de Edouyoth) « ta conduite te rapprochera ta conduite t’éloignera » et c’est exactement ce qui s’est produit Korah dont les lettres mises en désordre forment le mot רחוק qui signifie loin.
Korah employa un double langage et c’est ce qui fit que Moshé implora D de ne pas écouter son discours.
La sidra fait état d’une autre discorde à laquelle D mit rapidement un terme en utilisant un magnifique symbole chaque responsable devait mettre une branche d’amandier avec son nom gravé dans l’arche et le prodige fut que le lendemain une seule des douze branches fut couverte de fleurs et de fruits ce fut celle d’Aharon qui fut confirmé dans ses fonctions. Les commentateurs expliquent que l’amandier est l’arbre le plus hâtif à fleurir et, c’est en effet un peu avant Tou Bishvat que cet arbre fleurit. Mais, en considérant les lettres qui forment le mot amande ou shaked en hébreu, on distingue les lettres du mot saint : kouf-daleth-shine ! La floraison de la branche gravée au nom d’Aharon signifiait bien que le Grand Prêtre détenait la sainteté !
Korah insinua que Moshé et Aharon avaient usurpé et outrepassé leurs droits, n’ont-ils pas pensé que si Aharon n’avait pas convenu au Saint béni soit-IL, HaShem se serait débarrassé de ce grand prêtre comme IL le fit pour les deux fils du Grand Prêtre mais, il y a autre chose de plus grave : lorsque tous ces dissidents s’équipèrent d’encensoirs et d’encens, eux, qui se sont tellement crus supérieurs à tous n’ont-ils pas craint de finir brûlés du souffle divin ?
N’ont-ils pas eu un doute d’être touchés par la lèpre à cause des propos désobligeants tenus envers ce prophète qui n’a jamais eu d’égal ?
Npous avons vu dans Tazria Metsora que la lèpre s’attaque à trois « chefs » selon la gravité de la faute : tout d’abord sur les murs de la maison, puis les vêtements et puis sur la peau de l’homme.
Pour combattre ces trois fléaux et nous mettre en garde constamment, les Sages nous enseignent que la Mezouza fixée sur la maison, nous protège contre nous-mêmes, le Talith avec ses tsitsioth et le fil bleuqui est inclus nous met en garde aussi et, les tefiline que nous fixons sur le bras (symbole de l’action) et sur le crâne siège de nos pensées, nous protègent de nos penchants.
Reste une question étonnante : Korah et deux cent quarante-neuf autres personnes ont été englouties, comment se fait-il que dans le livre de Psaumes apparaissent des cantiques apparemment composés par les « Fils de Korah » qui, d’après le texte de la Torah ne sont pas morts avec leur père. Certains, « prêtent » à Korah une descendance glorieuse en assimilant Samuel le prophète, à la lignée des descendants de Kéhat en se basant sur le texte du livre des Chroniques.
Dans la vie, il faut avoir de l’assurance mais point trop n’en faut et surtout ne pas se croire invincible ! L’erreur de Korah a été de se croire intouchable parce qu’il s’était entouré de gens intelligents et qui savaient utiliser le Shem HaMeforash (le Nom Ineffable) les Pirké Avoth conseillent avec sagesse : תאמין לעצמך עד יום מותך…. « ne crois point en toi jusqu’au jour de ta mort » et c’est ainsi qu’avec un trop plein de « bitahon âtsmi » (confiance en lui-même), Korah est devenu l’illustration même d’un impie et d’un non-croyant. Rahmana nitslan. Que D nous en préserve!
Caroline Elishéva REBOUH.
MA Hebrew and Judaic Studies
Administrative Director of Eden Ohaley Yaacov
[1] Ces trois éléments sont personnifiés : la Terre, le Puits et l’ânesse, la terre qui s’entrouvrit pour engloutir Korah et ses adeptes, le puits de Myriam grâce auquel tout le peuple put s’abreuver pendant la traversée du désert puis, dans la parashat Balak, l’ânesse de Bil’âm, put exprimer sa détresse et ses récriminations contre son maître qui se conduisit avec elle de manière abjecte.
[2]Porteurs de l’Arche,
[3]Les shabbatot reviennent régulièrement alors que les néoménies (rosh hodesh) dépendent du cycle lunaire et, HaShem a donné aux hommes la faculté de fixer ces dates-là ainsi qu’il est dit ראשי חודשים לכם> de même que nous disons « mekadesh eth hashabbat » mais nous disons « mekadesh etyh Israël VEHAZEMANIM » pour les fêtes ou « mekadesh eth Israël verashé hodashim »