Nouveaux retraités, ils sont plus de 3800 à ne pas encore toucher leur pension tout en ne percevant plus ni salaire, ni allocation chômage le cas échéant. Et depuis longtemps… Pour protester contre cette situation qui dure depuis fin 2013, la CFDT Retraités organise ce vendredi une manifestation devant le siège de la Caisse nationale de l’assurance retraite (CNAV), à Paris.
Le syndicat réclame des mesures d’urgence. Le problème concerne plus précisément les caisses de retraite de Lille et de Montpellier. A la fin mars, plus de 2300 personnes sont concernées dans le Nord et plus de 1500 dans le Languedoc-Roussillon, selon la CFDT. C’est moins que lors du pic de retards, fin janvier, lorsque plus de 8000 retraités étaient touchés. «Nous ne savons pas à quoi sont dus ces retards qui durent depuis plusieurs mois, explique au Figaro Ombretta Frache, secrétaire nationale de la CFDT Retraités. Nous considérons toutefois qu’il y a dû avoir des défauts d’anticipation de la part des directions des caisses de retraite concernées.» Le nombre de départs en retraite a en effet fortement augmenté du fait du dispositif «carrières longues», débordant certaines caisses.
Aide de 800 euros
Une aide ponctuelle d’urgence allant jusqu’à 800 euros pour les retraités mis en difficulté a déjà été débloquée par la ministre des Affaires sociales, Marisol Touraine, à la mi-décembre. Mais les versements doivent s’interrompre fin avril. La CFDT réclame donc que cette aide soit prolongée tant que les retards subsisteront. «Nous voulons aussi des compensations pour les retraités qui doivent payer des agios, par exemple, faute d’avoir perçu leur pension dans les temps», ajoute Ombretta Frache.
Si les retards ne sont pas résorbés avant l’été, ils perdureront. En effet, au mois de septembre, les caisses de retraite font face tous les ans à une augmentation du nombre de nouveaux dossiers à traiter et elles pourraient, le cas échéant, se retrouver une nouvelle fois submergées.
Et pour ceux qui la perçoivent, les pensions de retraite ne seront pas revalorisées cette année.
Alors qu’elles n’ont plus été revalorisées depuis avril 2013, les pensions de retraite de base ne devraient pas l’être au 1er octobre prochain et donc rester figées jusqu’en octobre 2016.
C’est ce sur quoi compte le gouvernement pour réaliser quelques économies supplémentaires, à en croire le programme de stabilité 2015-2018 présenté ce mercredi. «Les prestations familiales ont été stabilisées au 1er avril 2015 et les pensions de base le seraient au 1er octobre 2015 en raison de l’absence d’inflation en 2015», est-il écrit dans le document, qui sera remis à la Commission européenne à la fin du mois. Bercy minimise la nouvelle. «C’est la simple application des règles de revalorisation qui prévoient que les pensions sont revalorisées au 1er octobre de chaque année en cours», précise le secrétariat d’État au Budget. Idem à l’Élysée: «Avec une inflation zéro, la règle donne zéro revalorisation.» Cela exclut donc tout coup de pouce éventuel. Et Bercy de préciser que la stabilité des pensions durant un an de plus «ne constitue pas une perte de pouvoir d’achat puisque l’inflation est nulle».
Ces explications auront toutes les chances de mal passer auprès des retraités concernés, dont les pensions n’ont pas bougé depuis avril 2013. L’année dernière, ils avaient en effet dû accepter le report de six mois de la date de revalorisation d’avril à octobre, dans le cadre de la réforme des retraites. Las, les pensions n’ont pas bougé à l’automne dernier, parce qu’elles avaient trop progressé en 2013 au regard de la hausse des prix finalement observée cette année-là. Là encore, du fait de l’application de la règle en vigueur.
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