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La Saga des juifs de France depuis 1945 (8) Les juifs de France durant les années pompidoliennes

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Dans les années soixante-dix, les relations entre juifs français et le gouvernement sont tumultueuses, on observe deux faits majeurs : les présidents Pompidou et Giscard d’Estaing suivent une politique résolument tournée vers les pays arabes et par réaction la communauté juive renforce ses prises de position sur le terrain de la défense d’Israël en adoptant des formes visibles.

 Après la mort du Général de Gaulle, le miroir s’est brisé autour des mémoires de la Seconde Guerre mondiale : le mythe du résistantialisme vole en éclats. L’historien Henry Rousso parle d’un « retour du refoulé ». Un film d’abord, Le chagrin et la pitié, et une amnistie présidentielle ensuite, celle du milicien Paul Touvier relancent les polémiques autour de la question juive. En fait il faut attendre dix ans pour diffuser ce film à la télévision : Pompidou censure la sortie du film.

Pompidou accentue l’orientation pro-arabe de la politique étrangère : la diplomatie française, menée par Michel  Jobert,  appuie à fond l’interprétation arabe de la résolution 242 de l’ONU dans le sens d’un retrait total des territoires occupés comme préalable à l’ouverture des négociations de paix alors que selon Lord Carendon, l’auteur du texte, les deux mesures doivent être liées et simultanées.

De nombreuses visites officielles de ministres français ont lieu dans les pays en guerre du Proche Orient sauf en Israël. Il y a la vente à la Libye d’une centaine de Mirages dont les livraisons ne cessent pas, même après que celle-ci ne fait plus mystère de sa volonté de détruire Israël.
A Chicago, en février 1970, 10 000 Juifs américains prennent d’assaut l’hôtel Palm House, résidence du président français Pompidou, ils condamnent cette vente d’armes à la Libye de Kadhafi. Pompidou ulcéré déclare :

« Je sais que le cœur des Juifs français bat pour Israël. Mais je sais qu’ils sont avant tout Français». Il ajoute « la tradition de notre révolution n’admet pas la double allégeance».
Si l’antisionisme devient gouvernemental, il se développe aussi dans l’ensemble des partis politiques, à gauche et à l’extrême gauche.

L’émigration des Juifs de France vers Israël est la deuxième plus importante après celle des Etats-Unis : 15 000 départs en 1967 et 5 000 en 1970.

Le Proche-Orient se trouve alors dans une période de «ni guerre, ni paix» avec la montée du terrorisme et l’attentat de Munich en 1972. Quand l’Etat israélien fête son vingt cinquième anniversaire, Mme Golda Meir, Premier Ministre lance de Jérusalem un émouvant appel pour les négociations en vue de mettre fin au conflit. Ce n’est pas la première fois, depuis la guerre des Six jours, qu’Israël demande à ses ennemis d’engager des pourparlers de paix. Elle renouvelle sa demande le 1er octobre 1973 à Strasbourg au Conseil de l’Europe :

« Je suis prête, a-t-elle déclaré solennellement, à rencontrer le Président égyptien Sadate et le Président syrien Assad quand ils voudront». La réponse, cette fois, ne tarde pas. Le samedi 6 Octobre 1973, la Guerre de Kippour est déclenchée par les pays arabes. Sur le plan militaire, l’armée israélienne remporte une victoire indéniable après avoir  essuyé de graves revers durant les trois premiers jours du conflit. Contrairement aux guerres précédentes, le facteur surprise a cette fois-ci pleinement joué contre les Israéliens : les pertes israéliennes sont élevées, une crise morale et politique s’ensuit. L’image de marque d’Israël s’est dégradée à travers le monde, En utilisant  l’arme du pétrole  les pays arabes, les membres de l’OPEP, déclenchent une  crise internationale.
Sur le plan international, la guerre, qui a engendré un choc pétrolier lourd de conséquences, met à l’épreuve la nouvelle logique de détente instaurée progressivement entre les deux blocs et suscite une brèche dans les relations américano-européennes.  La France raidit davantage ses positions à l’encontre de l’ancien allié israélien ce que dénonce alors Menahem Begin (Likoud) : « le fait que le gouvernement (…) est prêt à vendre délibérément le sang juif pour le pétrole arabe (…), est la plus grande trahison depuis que le gouvernement Daladier avait trahi le pacte franco-tchécoslovaque. Mais Israël n’est pas la Tchécoslovaquie et il n’y aura pas de Munich au Proche-Orient ».

(A suivre)  prochain épisode / Les Juifs de France durant les années giscardiennes (9)

Joel Guedj  pour Ashdodcafe
Historien

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