92 % des smartphones israéliens sont équipés aujourd’hui de whatsapp et le taux d’utilisation de la célèbre application est en Israël nettement plus élevé que dans le monde. La raison? Whatsapp a recréé, d’une manière virtuelle, le foyer juif d’antan.
Après la panne mondiale qui a touché whatsapp le week end dernier, (la messagerie aurait été victime de son succès après une affluence sans précédent due à la vente spectaculaire de l’application à facebook pour 19 milliards de dollars), une émission humoristique de la télévision israélienne a décrit à plaisir le vent de panique dans les foyers israéliens, drogués à whatsapp.
Un peu exagéré? Pas vraiment. D’abord, les Israéliens sont des fanatiques du smartphone. Alors qu’en 2013, la vente des téléphones mobiles de la nouvelle génération a augmenté dans le monde de 37 %, une progression de 193 % a été enregistrée Israël. Avec quelques cinq millions de smartphone en circulation, un taux de pénétration le plus élevé dans le monde, Israël est devenu un terrain idéal pour tester les applications mobiles.
WHAT’S UP ?
Selon une enquête réalisée en novembre dernier et publiée par le journal économique israélien Globes, 92 % des smartphones en Israël sont équipés de l’application whatsapp. Un record mondial par tête d’habitant. Record aussi dans l’utilisation de l’application. Sur les 450 millions d’utilisateurs dans le monde, 70 % sont actifs quotidiennement. En Israël le taux d’actifs dépasse les 86%. Autre exemple du succès, les 450 millions d’utilisateurs génèrent 10 milliards de messages alors que les 4.5 millions d’utilisateurs israéliens en génèrent eux 200 millions, deux fois plus que la moyenne mondiale. Une autre question de l’enquête portait sur la fin de la gratuité de l’application: 60 % des utilisateurs israéliens affirmaient être prêts à payer pour pouvoir continuer à utiliser l’application, un taux là aussi nettement plus élevé que la moyenne mondiale.
Alors pourquoi, whatsapp a tellement séduit les Israéliens? Le commun entre la philosophie de whatsapp et l’Adn juif explique le succès. Whatsapp a recréé, d’une manière virtuelle, le foyer juif d’antan, l’antique communauté, le shtetl. Plus authentique que facebook et twitter, plus convivial que les courriels et textos: la tribu, le clan, la famille, la smala, être ensemble, partager, échanger, tout, sans cesse, intensément, exagérément. Les grands moments, les humeurs de l’instant, les photos et les recettes de cuisine. Et les fêtes. Le nombre de messages doublant les veilles du shabbat et des fêtes juives en est la preuve. Comme si les distances et les générations ne séparaient plus le peuple juif. La famille juive dispersée aux quatre coins du monde retrouve son cadre ancestral à portée de main et en cliquant sur un bouton. C’était d’ailleurs à l’origine, la raison d’être de l’application. Adaptée à tous les types de smartphones et à tous les réseaux dans le monde, sans frontière, ce service de messagerie instantanée est par excellence dédié au cercle familial, ludique, simple, et illimité.
MA KORÉ ?
Les principes de l’application ont aussi plu aux Israéliens. No Ads! No Games! No Gimmicks! Pas de pub! Pas de jeux! Pas de gadgets! Les Israéliens qui n’aiment pas être des frayer – célèbre expression de l’argot empruntée au yiddish et exprimant le fait d’être dupe, d’être un pigeon – ont adoré cette pure expérience de messagerie.
Le tout jeune whatsapp concurrençait sérieusement le géant facebook. Facebook, a connu en effet en Israël une des baisses les plus drastiques de sa popularité sensible dans le monde entier. Les Israéliens reprochent au géant des réseaux sociaux, son aspect intrusif, trop directif et lui préfèrent de plus en plus le whatsapp qualifiée de plus sympathique. Facebook en faisant acquisition de son petit et dangereux concurrent a donc fait un coup de maître.( Un bémol tout de même à l’aspect sympathique de whatsapp: il est clair que les millions de données diffusées par les utilisateurs sont savamment engrangées et représentent un trésor, à preuve la somme astronomique que facebook a accepté de payer pour acquérir l’application, mais c’est un autre débat, certes essentiel.)
Un autre aspect pour conclure. L’origine juive de Jan Koum, un des deux fondateurs de whatsapp explique peut-être aussi le génie de l’application. Né dans une des familles pauvres de la communauté juive d’Ukraine, Koum, aurait-il intuitivement compris, que le désir de sa famille, des communautés juives d’être ensemble était aussi un besoin récurrent, chez les peuples du monde entier?
Katy Bisraor Ayache Pour Tribune juive