de Jean-François Strouf et Gad Ibgui
Avenir du Judaïsme
Cela fait plusieurs mois qu’un vent mauvais souffle son haleine fétide sur la France. Une nébuleuse animée par Alain Soral et Dieudonné Mbala Mbala multiplie les provocations. Faut-il en parler au risque de montrer que le « crime paie » médiatiquement, se poser la question de la signification de la quenelle antisémite ou « antisystème », trier ce qui serait censé séparer l’antisémitisme de l’antisionisme comme dans le tri des ordures ménagères, ou au contraire assembler les pièces d’un puzzle qui une fois bien ajustées clarifient en une seule image ce qu’est cette mouvance nauséabonde ? Et à partir de là, il faudra aller au-delà des constats et exiger de manière offensive que l’on ne se contente pas de condamnations ou de prises de position formelles non suivies d’effets. Le combat contre ces menaces contraindra la classe politique à aller jusqu’au bout d’une logique moins politicienne et plus citoyenne, donc à consentir des sacrifices au nom de l’éthique…
Quant à nous, les réactions très positives, les nombreux écrits et prises de position de démocrates, de défenseurs de la République, de militants contre le racisme et l’antisémitisme ont de quoi nous rassurer sur les réflexes saints d’une partie du corps social : des hommes politiques, des journalistes, des avocats, des responsables religieux, des artistes. Il nous a néanmoins semblé utile que chacun dispose du maximum d’éléments pour être plus efficace dans le combat contre cette mouvance. C’est pourquoi nous n’avons pas fait l’économie de nombreux documents écrits ou sonores essentiels pour ce dossier.
Les « idiots utiles » de la cause de l’antisionisme tentent depuis des lustres de convaincre l’opinion que cette idéologie « n’aurait rien à voir avec l’antisémitisme ».
Des démonstrations qui sont désormais battues en brèche par les « propres » propos d’Alain Soral qui dans une suite d’échanges avec Noémie Montagne, compagne de Dieudonné, n’hésite pas à déclarer: « J’espère que demain il ne faudra pas aussi vous payer des droits pour être antisémite ? ».
Et là la messe est dite, sans entrer dans de grandes digressions : que le clan Dieudoral est antisémite, que leur haine des Juifs est compatible avec un business juteux dont ils ont du mal à accepter de partager les bénéfices, qu’avant d’être des groupies, ceux qui paient pour voir les vidéos de leur gourou sectaire sont avant tout des tiroirs caisses, des pigeons, pour alimenter plus la dieudopoche que la dieudosphère.
Donc l’antisionisme de Dieudonné est un faux-nez gros comme une maison pour (mal) dissimuler un antisémitisme assorti de négation de la Shoah et l’exploitation de ce qu’il faut bien appeler les plus bas instincts de la haine la plus primaire.
Et pour tous les oligo-céphales qui continueraient à croire que la quenelle est un geste « antisystème », Nicolas Anelka vient à la rescousse pour démontrer la profonde bêtise d’une telle assertion. Anelka ne se contente pas d’appartenir au système, il incarne le système. Et non content d’en toucher les dividendes sur le dos de ses obscurs fans, il crache dans la soupe et vomit sur les valeurs du sport.
Toutes les causes pourries ont leurs « idiots utiles », selon la formule attribuée à Lénine. L’antisionisme a maintenant de braves gens qui ont des cas de conscience parce que les Mbala Mbala et autres Soral auraient détourné leur idéologie.
Nous réfutons quant à nous qu’il y ait de bons antisionistes, qu’ils seraient seulement « hostiles à la politique actuelle du gouvernement israélien ». Non, on ne peut feindre d’ignorer que l’antisionisme existait avant la guerre de 1967 et qu’en l’occurrence, cette idéologie ne s’attaquait pas à la « colonisation des territoires occupés » -il n’y en avait pas alors-, elle niait purement et simplement le droit du peuple juif à avoir son Etat.
Or nous sommes sionistes, parce que nous revendiquons que le peuple juif, comme tout autre peuple, a droit à son Etat sur sa terre. Les antisionistes ne sont donc pas, comme ils le prétendent les partisans de la libération d’un peuple, les Palestiniens, mais les négateurs des droits et les oppresseurs d’un autre peuple, le peuple juif. Il est totalement légitime de se revendiquer comme pro-palestinien (ou pro-israélien), on peut même être sioniste et pro-palestinien, mais l’antisionisme est une idéologie qui appelle à la destruction d’un Etat et au massacre ou à la déportation de sa population.
Maintenant, pourquoi le fait d’être en désaccord avec la politique d’un certain gouvernement dans un certain Etat aurait besoin d’être idéologiquement nommé ? Et ce, uniquement dans le cas des ennemis d’Israël ? Pourquoi détiendraient-ils ce monopole, sinon parce que ce monopole est ontologique, lié directement à la haine du peuple juif jusqu’à lui nier ses droits à un Etat ? Pourquoi n’y a t-il pas « d’antichinisme » alors que la Chine occupe le Tibet, opprime les Tibétains et leur refuse le droit à l’autodétermination ? Tout simplement parce que nous qui sommes pour le droit à l’autodétermination du peuple tibétain ne nions pas le droit des Chinois à exister en tant que peuple, à avoir leur Etat et n’appelons pas à l’extermination du peuple chinois ! En soutenant le droit à l’autodétermination du peuple kurde opprimé par tous les impérialismes régionaux, nous ne demandons pas la disparition de l’Iran, de l’Irak, de la Syrie, de la Turquie ou de la Russie. Etc.
Dieudonné, Soral, (l’un ou l’autre ou l’un et l’autre), les antisionistes, eux, veulent purement et simplement la destruction d’Israël, nient la Shoah, professent l’antisémitisme.
Nous en avons sélectionné une image à rapprocher de la présence d’un drapeau du Hezbollah (presque hors champ) à une manifestation de soutien à Dieudonné devant la Main d’or.
Nous avons tenu aussi à vous montrer en quoi aucun des aspects les plus sordides de la haine antisémite n’est épargné :
- La vidéo d’appel à libérer Fofana, l’assassin d’Ilan Halimi
- Une interview à la télévision iranienne de soutien au régime et d’appel à la conversion à l’Islam
- Le show tourné en caméra caché avec propos racistes contre Christiane Taubira et antisémites contre Patrick Cohen
Certes, la Résistance à la menace antisémite et la défense des valeurs de la République s’organisent au plus haut niveau de la République, du Président François Hollande au Ministre de l’Intérieur, Manuel Valls, en passant par la Garde des Sceaux, Christiane Taubira qui a lancé un vibrant appel « Ebranler les hommes » sur le Huffington Post;
Sans hésiter, Dalil Boubakeur, Recteur de la Mosquée de Paris a condamné le geste obscène d’Anelka et Monseigneur Vingt-Trois a stigmatisé l’antisémitisme de Dieudonné;
Nous espérons qu’aboutiront l’enquête diligentée par le Parquet de Chartes pour organisation d’insolvabilité et l’appel lancé par Me Avi Bitton pour que des procureurs se saisissent de l’illégalité à faire des appels aux dons pour payer des amendes pénales.
Nous ne pouvons qu’approuver la circulaire aux Préfets de Manuel Valls.
Et saluer la diligence d’Alain Juppé pour réagir promptement à la circulaire de Manuel Valls en interdisant ce spectacle.
Rassurés, certes… Mais vigilants ! Quels enseignements tirer de tout cela et dans quel sens agir?
La leçon essentielle est que c’est un faisceau d’actions et de prises de paroles consistant à diaboliser Israël et le sionisme qui ont conduit à cette « libération » (le terme est paradoxal, s’agissant d’une infecte logorrhée) de la parole antisémite, notamment sur les réseaux sociaux. Ils sont nombreux à porter cette écrasante responsabilité et leur dénégation tardive et gênée ne les exonérera pas d’avoir joué avec le feu et mis le feu aux poudres.
Nous accusons les BDS, qui vont très largement au-delà des appels des Palestiniens eux-mêmes. Recevant le Président de la République française, François Hollande, en visite officielle en Israël et à l’Autorité palestinienne, le Président de l’A.P, Mahmoud Abbas. ne déclarait-il pas le 18 novembre 2013: « Lorsque nous demandons de boycotter les produits des colonies, nous ne demandons pas de boycotter Israël. Nos relations avec Israël sont bonnes et nous demandons au monde entier d’avoir de bonnes relations avec Israël. »
Donc souvent « Sanctionnés » par la Justice et maintenant « Désinvestis » de toute légitimité par l’Autorité Palestinienne, ces miliciens du Boycott roulent bien pour quelque chose d’autre que la cause palestinienne ! En quoi tenter (en vain) d’empêcher Julien Clerc d’aller chanter à Tel Aviv aurait un rapport avec les colonies ou favoriserait le processus de paix ? Si ce n’est cette haine maladive, viscérale d’Israël et des Juifs ?
Les partisans de la flottille pour Gaza ont eux aussi tenté de donner une image ignoble d’Israël « Gaza est un camp de concentration » proclamaient-ils, alors que de Gaza, les terroristes lançaient et lancent toujours des missiles sur la population du Sud d’Israël et leurs tirs visent plus des écoles que des bases militaires ! Oubliant les atteintes aux libertés dont sont victimes les opposants aux dictateurs successifs du Venezuela, les partisans d’Hugo Chavez, dont certains occupent des fonctions dans les appareils politiques d’extrême gauche, (et pas seulement d’extrême-gauche!) n’ont jamais condamné ses relations fusionnelles avec Ahmadinejad, antisémite et négateur de la Shoah.
Il appartient désormais à chacun de nettoyer ses écuries, sans se contenter de rejeter ses propres fautes politiques sur la poignée d’ultra-fanatiques qu’ils ont eux-mêmes générés par leur ignoble complaisance.
Avenir du Judaïsme est une organisation pluraliste et républicaine. Nous saluons sans considération politicienne, la détermination d’Alain Juppé, maire UMP de Bordeaux, de Jean-Marc Pujol, maire UMP de Perpignan, de Jean Germain, sénateur-maire PS de Tours, de Christian Estrosi, maire UMP de Nice, de Jean-Claude Gaudin, maire UMP de Marseille, d’Alain Rodet, maire PS de Limoges, de Serge Grouard, maire UMP d’Orléans, les appels à faire fermer la Main d’Or par Bertrand Delanoë et Anne Hidalgo, respectivement maire et adjointe au maire PS de Paris, etc.
Notre engagement va bien au-delà de la lutte contre l’antisémitisme. Ecœurés par l’ignoble campagne raciste contre Christiane Taubira, nous avons tenu à manifester notre refus de cautionner une telle campagne par le silence. Certains d’entre nous étaient à ses côtés au meeting pour « la défense de la République contre les extrémismes » à la Mutualité, le 27 novembre 2013, où elle a, ce jour là, lié avec force le combat antiraciste et la lutte contre l’antisémitisme. Oui nous avons vibré à l’évocation en ces mêmes lieux des meetings antifascistes de la LICA contre le péril nazi, à la parole de Léon Blum mobilisant les démocrates de tous bords contre l’antisémitisme.
Nous voyons se manifester derrière l’énergique ministre de l’Intérieur, Manuel Valls, en une alliance républicaine salutaire, des leaders de l’opposition, des maires UMP de villes où l’ex humoriste devenu tribun obsessionnel condamné à de multiples reprises pour antisémitisme tente de se produire. Nous ne comprendrions pas que des militants antisionistes déclarés ou des partisans du boycott illégal d’Israël se retrouvent à des postes clés dans des municipalités tenues par le Parti Socialiste, au moment même où le gouvernement de notre pays s’efforce de combattre de telles dérives, de poursuivre de tels délits. De la même manière, nous ne pourrions pas admettre qu’à l’autre bord de l’échiquier certains hommes politiques se laissent aller à la complaisance envers la mouvance d’extrême droite qui, bouclant la boucle infernale, se rapproche des thèses de Soral.
Avenir du Judaïsme s’engage à utiliser ses moyens d’expression à lutter contre ces dangereuses dérives qui vont de la haine antisémite ou raciste à la négation de la Shoah, en passant par le boycott d’Israël.