Le Conseil israélien pour l’Education supérieure a lancé un appel à projets pour inciter les étudiants juifs ultra-orthodoxes à étudier les sciences et les technologies. En effet, le bénéfice de l’intégration des religieux dans l’enseignement supérieur est important pour Israël. Elle permet notamment d’augmenter le niveau d’éducation de personnes traditionnellement confinées à des études religieuses – qui sont parfois méfiantes vis-à-vis de l’évolution des sciences – pour postuler ensuite à des métiers leur assurant de meilleurs salaires. Le Technion – Israel Institute of Technology fait partie des établissements à avoir lancé un programme permettant à cette population d’intégrer des filières universitaires, y compris très prestigieuses.
Les haredim et les études supérieures
Le Conseil israélien pour l’Education supérieure a décidé de faire des efforts afin d’augmenter la participation des populations ultra-orthodoxes (haredim) dans les études universitaires. Cette frange religieuse représente approximativement 10% de la population générale en Israël et compte de plus en plus de personnes. Toutefois, peu de haredim suivent des études profanes, en raison des normes communautaires, des mariages précoces et de l’accent mis sur la constitution de familles nombreuses. Selon des statistiques récentes (septembre 2013), la fréquentation du lycée approche difficilement les 10% dans des villes estampillées « haredim » comme Bnei Brak ou Modi’in Illit. Ils sont en revanche très impliqués dans les études religieuses, mais celles-ci ne prévoient souvent ni sciences ni technologies. De fait, ils ne disposent pas du bagage de connaissances nécessaire pour être admis en université. Une situation alarmante : faute de diplômes, les haredim ne peuvent accéder à des emplois qualifiés. Conséquence ? Un grand nombre d’entre eux vit sous le seuil de pauvreté.
Offrir des études en sciences aux étudiants religieux qui en sont capables
Donner la possibilité de réaliser des études en sciences pourrait offrir l’opportunité à ces personnes de postuler pour des emplois mieux rémunérés et de progresser sur l’échelle socio-économique, ce qui in fine apportera un bénéfice a la société en améliorant la santé économique de l’état d’Israël. Comme le souligne le professeur Arnon Bentur, vice-président du Technion-Israel Institute of Technology (Haïfa): « il existe un véritable potentiel au sein de la population haredi pouvant bénéficier au Technion et a l’économie d’Israël ». Le Technion a ainsi créé un modèle similaire à celui employé pour les cours pré-universitaires (mechina) destinés à préparer les étudiants aux exigences des études supérieures. Des classes séparées dédiées aux haredim leur permettent ainsi de faire des sciences tout en maintenant leurs coutumes religieuses.
Mooly Dotan, le directeur du centre d’éducation pré-universitaire, confie que le programme initial Halamish pour haredim a été lancé il y a 6 ans. Halamish, qui signifie silex en hébreu, est aussi un acronyme des mots hébreux signifiant « études professionnalisantes pour lesharedim« . Les étudiants ont depuis démontré toute leur motivation. Certains d’entre eux ne connaissaient même pas ce qu’était un triangle au lancement du programme. Parmi ces « pionniers », 16 ont été acceptés au Technion et y suivent actuellement des études en ingénieries civile, industrielle, environnementale ou encore en management. Ce programme est soutenu par le businessman philanthrope Eitan Wertheimer, dans l’initiative d’augmenter la productivité des haredim dans le milieu académique pour transformer cette communauté en véritable force motrice pour le pays. Cette aide est financière, pédagogique (adaptation de nouvelles stratégies d’apprentissage, « classes enrichies ») et psychologique (soutien).
Qu’en pensent les étudiants ?
De l’aveu des étudiants, l’étape la plus difficile du programme se situe au début, lors de lamechina, lorsqu’ils ont à appréhender l’alphabet anglais, l’algèbre ainsi que les opérations mathématiques de base pour la première fois de leur vie. Une des forces du programme réside dans son intransigeance vis-à-vis des standards à atteindre pour se conformer au niveau requis pour l’admission en université. Une fois que les étudiants ont choisis leur domaine d’étude, l’unité d’éducation pré-universitaire continue de fournir une aide hebdomadaire sous forme de conseil individualisé. Cette étape est aussi importante car elle permet de suivre et accompagner les étudiants une fois disséminés dans les universités et de conserver la dynamique de groupe instaurée au cours de la mechina. En effet, ces étudiants doivent souvent composer avec le choc culturel entre la vie au sein d’institutions laïques et la vie à la maison.
D’autres initiatives à l’horizon…
Une nouvelle initiative vient d’être lancée au Haredi College of Bnei Brak, situé dans une ville réputée pour son caractère ultra-orthodoxe. Les diplômés de ce programme préparatoire effectuent entre autre une licence en géo-information à la faculté d’ingénierie civile et environnementale du Technion. L’obtention du « Graal » leur offrira la possibilité de postuler au centre de cartographie israélien qui connaît actuellement une pénurie de personnel qualifié et un nombre croissant de départ à la retraite.
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