La racine du terme hébraïque ‘Hanouccah (חֲנֻכָּה-ח.נ.כ ) ‘H.N.’Kh., fait référence à l’inauguration ou dédicace (חֲנֻכָּה) du Tabernacle de l’autel des sacrifices (Nombres 7, 1; 10-11; 84-88). Le Livre des Maccabées rapporte l’inauguration (dédicace) de l’autel pendant la restauration du Temple (I Maccabées 4, 44-47; 4, 42-56) par les Maccabées, famille de prêtres (Cohanim) qui ont chassé les Grecs du Pays. Pourtant, les Juifs, qui célèbrent chaque année cette fête, considèrent les Livres des Maccabées comme apocryphes car rédigés en grec, alors que les Chrétiens, qui ne la fêtent pas, ont gardé les Livres des Maccabées dans leur canon biblique. Or, Jésus se trouvait à Jérusalem au Temple, pour marquer cette fête: «On célébrait à Jérusalem la fête de la Dédicace, et c’était l’hiver. Et Jésus se promenait dans le Temple, au portique de Salomon». (Jn. 10, 22-23). C’est là un véritable paradoxe.
Le terme de Hanouccah possède un autre sens: sa racine (ח.נ.כ.) signifie également «éduquer». La fete de Hanouccah vise essentiellement à l’éducation des enfants d’Israël:
«חֲנֹךְ לַנַּעַר, עַל-פִּי דַרְכּוֹ– גַּם כִּי-יַזְקִין, לֹא-יָסוּר מִמֶּנָּה»
«Eduque (‘HaNo’Kh) le jeune homme suivant sa voie; même avancé en âge, il ne s’en écartera point» (Proverbes 22, 6). L’acte quotidien de l’allumage des Lumières de Hanouccah durant huit jours au moyen de la Hanoukiah, du chandelier de la fête, a pour dessein d’enseigner toute la symbolique dont la Menorah (Nombres 8, 1) est porteuse.
L’autel des sacrifices s’avère être l’instrument cultuel primordial lors l’inauguration du Tabernacle (Nombres 7, 1) et du Temple du temps des Maccabées (I Maccabées 4, 44-47). Alors, pourquoi la Menorah, symbolisée par la ‘Hanoukiah, constitue-t-elle finalement l’instrument central autour duquel le peuple d’Israël fête Hanouccah? Pourquoi insiste-t-on davantage sur l’autre nom de la fête: «fête des Lumières (‘HaG HaOuRiM, חַג הָאוּרִים)», alors que le nom de Hanouccah (חֲנֻכָּה) est rendu fidèlement par «fête de la Dédicace (חֲנֻכָּה)»? Quel message cette fête des Lumières révèle-t-il? Tout d’abord, ces lumières font référence au commentaire (midrash) de la petite fiole d’huile, trouvée dans le Temple encore dévasté et souillé par les idoles grecques. Cette petite fiole d’huile, faite pour brûler pendant vingt-quatre heures, a brûlé nuit et jour pendant huit jours entiers, jusqu’à ce que l’on ait pu reconstituer de l’huile pure pour allumer la Menorah (chandelier du Temple). La Hanoukia est composée de huit branches portant huit lampes, rappelant les huit jours consécutifs pendant lesquels la petite fiole d’huile pure a brûlé, jusqu’à ce que l’on obtienne de l’huile pure pour allumer la Menorah. Pourquoi huit lampes alors que la Menorah du Temple n’en compte que sept? Alors que le chiffre sept (שֶׁבַע, Shéva) marque la perfection du cycle hebdomadaire,שָּׁבוּעַ) ShaVOu’A) et de la nature, le chiffre huit brise le cadre déterministe et causal du monde de la Création. Il trace la voie du miracle et de l’éternité. La racine hébraïque du substantif «huile» (שֶׁמֶן, SheMeN) est identique à celle du chiffre «huit» (שְׁמוֹנֶה, SheMoNéH).
La ‘Hanoukiah, chandelier à huit branches plus une (le «Shamash» שַׁמָֹּש, lampe avec laquelle nous allumons quotidiennement les huit branches), s’allume d’ordinaire sur le rebord d’une fenêtre ou à côté de la porte, à l’extérieur, afin que les passants dans la rue la voient de loin. Ainsi, la lumière de la ‘Hanoukiah émane de l’intérieur du foyer puis, orientée vers l’extérieur, éclaire le visage de l’autre. Elle symbolise la lumière spirituelle du premier jour de la Création (Gen. 1, 3: אוֹר, Or) (*1) qu’Israël diffusera de Jérusalem vers l’ensemble des Nations:
«וַיֹּאמֶר, נָקֵל מִהְיוֹתְךָ לִי עֶבֶד, לְהָקִים אֶת-שִׁבְטֵי יַעֲקֹב, ונצירי (וּנְצוּרֵי) יִשְׂרָאֵל לְהָשִׁיב; וּנְתַתִּיךָ לְאוֹר גּוֹיִם, לִהְיוֹת יְשׁוּעָתִי עַד-קְצֵה הָאָרֶץ».
«L’Eternel me dit: “C’est trop peu que tu sois mon serviteur, pour relever les tribus de Jacob et rétablir les ruines d’Israël; je veux faire de toi la lumière des nations, mon instrument de salut jusqu’aux confins de la terre» (Isaïe 49, 6).