Le drame se poursuit, donc, mais il y a du nouveau. Un effort est fait sur la scène diplomatique pour rechercher une solution politique. Sous l’impulsion de la Russie et des États-Unis – la France a un second rôle –, et par l’entremise d’un médiateur des Nations unies, Lakhdar Brahimi, une conférence est en train de s’ébaucher, qui pourrait se tenir avant la fin de l’année. L’espoir est ténu, le processus fragile, mais la pression des grandes puissances monte. Hier, le président russe Vladimir Poutine a appelé son homologue syrien Bachar Al Assad. Lundi, la principale coalition de l’opposition syrienne s’est dite prête, pour la première fois, à participer à la conférence – en y mettant, certes, des conditions. L’objectif est de s’accorder sur un processus de transition durant lequel tous les pouvoirs exécutifs seraient assumés par un gouvernement d’union nationale intérimaire.
Les résistances à cette ébauche de négociation sont de deux sortes. D’une part, le régime et les forces d’opposition regimbent, car ils sentent que le temps des concessions approche. D’autre part, les forces djihadistes, les plus puissantes sur le terrain, refusent de discuter, car leur projet est d’instaurer un État islamique radical. Ils ont le soutien de l’Arabie saoudite et de la plupart des émirats de la péninsule arabique, qui restent obnubilés par l’idée de contrer l’Iran, principal soutien de Damas. Il y a ainsi trois pôles de pouvoir en Syrie : le régime, les différentes forces d’opposition historiques et les djihadistes, chacun étant adossé à de puissants relais internationaux. Un accord n’en sera que plus difficile à trouver. Ce n’est pas une raison pour ne pas essayer.
Jean-Christophe Ploquin pour http://www.la-croix.com