«וַיֵּדַע אָדָם עוֹד אֶת אִשְׁתּוֹ וַתֵּלֶד בֵּן וַתִּקְרָא אֶת-שְׁמוֹ שֵׁת» (בראשית ד’, כ”ד);
«Adam connut de nouveau sa femme; elle enfanta un fils, et lui donna pour nom Sheth» (Gen. 4, 24).
La signification du nom Shet – שֵׁת formé par les deux dernières lettres de l’alphabet hébraïque est expliquée par le texte lui-même:
«כִּי שָׁת לִי אֱלֹהִים זֶרַע אַחֵר תַּחַת הֶבֶל כִּי הֲרָגוֹ קָיִן» (בראשית ד’, כ”ה);
«Parce que Dieu m’a accordé [littéralement: a mis, a pose, a fixe] une nouvelle postérité au lieu d’Abel, Caïn l’ayant tué» (Gen. 4. 25).
La racine ש. י. ת. / Sh. I. T. signifie «mettre, poser, fonder».
«וְיוֹסֵף יָשִׁית יָדוֹ עַל-עֵינֶיךָ» (בראשית מ”ו, ד’);
Dieu rassure Jacob: «…et Joseph fermera [Littéralement: «mettra sa main sur»] tes yeux.» (Gen. 46, 4).
Shet est considéré comme le père de l’Humanité. Deux raisons principales peuvent être avancées, l’une biologique (a), l’autre spirituelle et éthique (b).
a- la dimension biologique:
Revenons aux sources:
1-
«וַיֵּדַע אָדָם עוֹד אֶת אִשְׁתּוֹ וַתֵּלֶד בֵּן וַתִּקְרָא אֶת-שְׁמוֹ שֵׁת כִּי שָׁת לִי אֱלֹהִים זֶרַע אַחֵר תַּחַת הֶבֶל כִּי הֲרָגוֹ קָיִן » (בראשית ד’, כ”ד-כ”ה);
«Adam connut de nouveau sa femme; elle enfanta un fils, et lui donna pour nom Sheth: Parce que Dieu m’a accordé une nouvelle postérité au lieu d’Abel, Caïn l’ayant tué.» (Gen. 4, 25).
Nous apprenons la naissance de Sheth après qu’Abel eût été assassiné par son frère Caïn, le premier ne laissant aucune postérité. Caïn par la suite verra toute sa postérité disparaître lors du déluge, ne laissant lui aussi aucune postérité.
2-
שֵׁת…וַיּוֹלֶד אֶת אֱנוֹשׁ« (בראשית ה’, ו’)
«Sheth… engendra Énosh» (Gen, 5, 6).
La source biblique délivre un message d’espoir en ce sens où l’origine de l’humanité- (אֱנוֹשׁוּת Enoshout)- trouve son fondement non point sur un fratricide (Caïn tua son frère Hevel) mais sur un homme, Enosh, qui ouvre une nouvelle ère, celle du retour au divin. En effet, nous apprenons, immédiatement à l’annonce de la naissance d’Enosh, que les hommes accèdent à la connaissance de Dieu:
«אָז הוּחַל לִקְרֹא בְּשֵׁם יְהוָה «(בראשית כ”ד, כ”ו);
«Alors on commença d’invoquer le nom de l’Éternel» (Gen. 24, 26)
3-
«…לֶמֶךְ … וַיּוֹלֶד בֵּן » (בראשית ה’, כ”ח);
« Lemekh (descendant d’Enosh), [ayant vécu cent quatre-vingt-deux ans], engendra un fils» (Gen 5, 28).
Ce fils engendré par Lemekh est Noé, le seul survivant après le Déluge (sans oublier l’épouse de Noé, ses 3 enfants et leurs 3 épouses respectives).
Selon le commentateur du Moyen Age, Rashi, le terme hébraïque בֵּן («bén, fils ») «appartient à la même famille que le verbe «construire» (racine du verbe B.N.H/.ב.נ.ה. = «construire»). C’est à partir de Shet que sera reconstruit le monde»[1]. Nous pouvons, de plus, noter que le substantif בֵּן («Ben»), s’il est bien mentionné à l’occasion de la naissance de Shet, n’apparaît ni pour Caïn, ni pour Hevel (Gen. 4, 1-2) car ni l’un ni l’autre ne laisseront de descendance à partir de laquelle aurait pu se maintenir le monde.
b- La dimension spirituelle et éthique:
«…אָדָם … וַיּוֹלֶד בִּדְמוּתוֹ כְּצַלְמוֹ וַיִּקְרָא אֶת-שְׁמוֹ שֵׁת» (בראשית ה’, ג’)
«Adam… engendra un être à sa ressemblance et selon son image et lui donna pour nom Sheth». (Gen. 5, 3)
Ce verset relatant l’origine de Shet n’est point sans rappeler la création d’Adam par Dieu:
«וַיֹּאמֶר אֱלֹהִים, נַעֲשֶׂה אָדָם בְּצַלְמֵנוּ כִּדְמוּתֵנוּ» (בראשית א’, כ”ו);
«Dieu dit: “Faisons l’homme à notre image, à notre ressemblance» (Gen. 1, 26).
Lorsque Dieu créa l’être humain, il le fit à sa propre ressemblance (d’après la racine hébraïque: . ד. מ. ה. / D. M. H., l’homme a été créé à l’égal de Dieu) (Gen. 5, 1)
Sheth est le seul homme avec Adam, tous deux pères de l’humanité, à porter en son être l’image et la ressemblance de Dieu. Hevel et Caïn, ne bénéficiant point de ces deux privilèges (image et ressemblance), absents de la source scripturaire biblique (Gen. 4, 1-2), disparaissent de la scène de l’Histoire. Cette image et cette ressemblance [cf. article«Adam, image de Dieu»] font référence au degré élevé, spirituel et éthique de Sheth. Celui-ci, d’une certaine manière, devient l’égal du premier homme, Adam, dont il poursuit la mission. Caïn, lié à la matière et Hevel, rattaché à l’esprit, ne furent qu’une parenthèse dans l’histoire de l’humanité. A l’opposé de Caïn et Hevel, Shet unifiant la matière à l’esprit permet l’édification du monde (la dimension biologique) grâce au développement des dimensions spirituelle et éthique inscrites en son nom pour le bien de l’Humanité.
Chaque homme, femme et enfant sans distinction aucune d’origine ou de statut social, est, selon la vision biblique, un Ben Adam (בֵּן אָדָם Enfant d’Adam) ou un Ben Enosh (בֵּן אֱנוֹשׁ Enfant d’Enosh) et mérite, à ce titre donc, le droit au respect et à l’amour qui en découle. Le TaNa’Kh précise très clairement que tous les hommes, quels qu’ils soient, tirent leur existence commune d’une même racine, Adam et Shet.
Haïm Ouizemann
Haimo@eteachergroup.com
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