Semaine du 7 au 11 octobre 2013
RÉGIONAL :
Plus de quatre ans après son célèbre discours, en juin 2009, au cours duquel il avait effectué un revirement à 180° dans sa ligne politique, abordant pour la première fois le thème de « la solution à deux états », Netanyahu a prononcé un nouveau discours ce dimanche 6 octobre, à l’Université de Bar Ilan, portant sur « Les défis de l’Etat d’Israël ». Dans cette allocution, attendue comme le «discours de Bar Ilan 2 », le Premier ministre s’est principalement focalisé sur le problème du nucléaire iranien et sur le processus de paix avec les Palestiniens.
Netanyahu a dénoncé « l’offensive de charme » du Président iranien, Hassan Rohani, à l’AGNU et a appelé de nouveau la communauté internationale à intensifier les sanctions contre l’Iran. Il a indiqué qu’une solution diplomatique n’était possible que si l’Iran était prêt à démanteler intégralement son programme nucléaire.
Le Premier ministre israélien a également, lors de son discours, rejeté la responsabilité de la lenteur des négociations sur la partie palestinienne. « L’Autorité palestinienne n’est pas disposée à reconnaître l’Etat juif, les Palestiniens ne sont pas disposés à reconnaître aux Israéliens le droit d’exister au sein d’un Etat juif « , a déclaré Netanyahu. Son ministre des
finances, Yair Lapid pense, quant à lui, qu’Israël n’a pas besoin de la reconnaissance des Palestiniens pour exister en tant que nation juive, la raison d’être de l’Etat d’Israël remontant à 2000 ans lorsque les juifs ont cherché à s’émanciper en tant que peuple. Pour lui, les négociations israélo-palestiniennes ont été un échec jusque-là parce que les deux
parties ont des buts différents. Les Palestiniens veulent la paix et la justice tandis que les Israéliens souhaitent la paix et la sécurité. Dans tous les cas, affirme Lapid, la solution réside dans la création de deux Etats pour deux peuples.
DIALOGUE INSIGNIFIANT / SHIMON SHIFFER – YEDIOTH AHRONOTH
Cette semaine, on nous a informés que les équipes de négociations israéliennes et palestiniennes ont décidé d’accélérer la cadence des pourparlers de paix en vue d’un accord final et pour ce faire, ils se réuniront deux fois par semaine. L’administration américaine a accordé neuf mois aux parties pour atteindre l’objectif d’une solution durable, tout en
obtenant un engagement de la part des parties à garder le contenu des rencontres secret.
Entre vous et moi, ceci est une perte de temps. Personne de récoltera ne serait-ce qu’une miette de ces négociations.
Il suffisait d’écouter le discours du Premier ministre Netanyahu ce dimanche à l’Université de Bar Ilan, dans lequel il a affirmé qu’il ne parviendrait à aucun accord avec les Palestiniens tant qu’ils ne reconnaîtraient pas Israël comme Etat Juif. Il n’y avait également qu’à écouter Abu Mazen, qui a affirmé lors d’une réunion avec des Israéliens à Ramallah qu’il rejetait l’option d’un arrangement provisoire. Pour lui, seul un Etat Palestinien à l’intérieur des frontières de 1967 serait une solution.
Nul besoin d’avoir été présent aux négociations, menées par Tzipi Livni et Saeb Erekat, pour savoir que l’obstacle séparant les deux parties est désormais insurmontable. La question des frontières, le droit au retour des réfugiés, Jérusalem-Est comme capitale de la Palestine, le déploiement de troupes internationales dans la vallée du Jourdain, tous ces problèmes constituent un mur de briques bloquant tout chemin vers un accord.
Par exemple, concernant la question de la reconnaissance d’Israël comme Etat Juif.
Menahem Begin, si nous poussions le débat jusque-là, n’aurait jamais ne serait-ce que considéré que l’on demande à qui que ce soit de nous reconnaître comme étant un Etat Juif.
Avec tout mon respect, Begin aurait affirmé que nous n’avons besoin de la reconnaissance de personne. Nous sommes l’Etat Juif. Begin n’aurait jamais envisagé non plus d’accepter un Etat Palestinien à côté d’Israël. Il parlait toujours « d’auto-détermination pour les Palestiniens » – autonomie en Judée-Samarie et à Gaza.
Un autre problème dont Netanyahu aime parler est celui d’un Etat Palestinien démilitarisé. Malheureusement, les Palestiniens ont déjà découvert l’arme ultime dont ils ont fait l’usage maintes fois à notre encontre. Il ne s’agit non pas de missiles mais des attentats kamikazes. L’attentat kamikaze est une ressource illimitée qui a forcé Israël à prendre le contrôle de certaines parties de la Cisjordanie afin d’assurer la sécurité de ses citoyens et ce qui a d’ailleurs endommagé notre moral national plus que toutes les roquettes lancées depuis Gaza ces dernières années.
Si Netanyahu était un véritable leader et non pas simplement un bel orateur qui fait la morale à la partie adverse, il aurait dû proposer quelque chose de différent, de nouveau, et d’audacieux. Il est très clair à présent – et pas seulement dans la vision de Netanyahu – que la solution des deux Etats n’est désormais plus envisageable. Afin de permettre à ces deux
entités, Israéliens et Palestiniens, d’exister l’une à côté de l’autre, il faut trouver une solution qui d’une part préservera Israël en tant qu’Etat démocratique et d’autre part assurera les droits de base pour les Palestiniens.
Si Netanyahu ne parvient pas à proposer une solution nouvelle et différente de sa rhétorique habituelle, tout ce qu’il restera de ses trois mandats en tant que Premier ministre sera ses discours, qui ne resteront pas comme ayant marqué l’histoire. Pendant que nous continuerons face à cette réalité barbare indéfiniment.
LE DISCOURS QUI N’A PAS ETE PRONONCE/GILI HARPAZ- MAARIV
Le discours « Bar-Ilan 2 » est resté figé dans le passé et n’a proposé aucune perspective pour la résolution du conflit avec les palestiniens. Netanyahu, qui devrait être tout d’abord un leader, un dirigeant, a préféré s’adresser à son peuple à la façon d’un historien.
Ce dimanche, le Premier Ministre Benyamin Netanyahu a tenu le discours qui aurait pu devenir « Bar-Ilan 2 », cependant, il était loin d’éveiller l’intérêt international comme l’avait fait le premier discours de Bar Ilan en 2009.
Comme attendu, le discours s’est ouvert sur le dossier iranien. Le Premier Ministre a dénoncé, à nouveau, la dangereuse « offensive de charme » du président iranien Rohani, il s’est exprimé avec érudition sur les centrales nucléaires, l’uranium et le plutonium et a offert, à la communauté internationale, des conseils politiques. L’agenda du Premier
Ministre continue de se focaliser sur le dossier iranien, en laissant quelque peu de côté le dossier palestinien. L’attention apportée à ce dernier s’est concentrée sur des problématiques secondaires telles que l’origine du conflit, que Netanyahu fait remonter à 1921, ses responsables, qu’il accuse être les Palestiniens, et les facteurs, qui sont, d’après Netanyahu, la colonisation, les territoires et les colonies.
C’est justement la rhétorique de Netanyahu qui illustre le mieux la problématique : l’obsession du passé et l’absence de vision politique pour l’avenir. Le Premier Ministre s’est exprimé plus comme le fils d’un historien et moins comme un dirigeant qui a la responsabilité de consolider une option politique et d’appeler le peuple à le suivre.
Netanyahu assure que pour trouver une solution au problème, il est nécessaire d’en identifier les racines. Il est vrai que le passé est important et qu’on ne peut l’ignorer.
Cependant, où est la nécessité de s’accorder sur la date exacte de début du conflit ou de déterminer qui des israéliens ou palestiniens, sont les plus coupables. Il est, par contre indispensable de savoir quelles sont les véritables exigences de chacune des partie et de travailler à partir d’outils déjà existants.
Le Premier Ministre a rappelé ses propres exigences dans son discours : la démilitarisation du futur Etat palestinien, la reconnaissance d’Israël en tant qu’Etat juif par les Palestiniens, et le renoncement au droit de retour des réfugiés palestiniens. Les exigences d’Abou Mazen sont elles aussi claires: la création d’un Etat palestinien autonome sur la base des frontières de 67 avec Jérusalem-est comme capitale. Les exigences israéliennes et palestiniennes ne sont pas en totale opposition et des solutions existantes (la proposition de Clinton, l’initiative de Genève et les propositions d’Annapolis) ont la possibilité de répondre aux intérêts vitaux des deux camps.
Nos dirigeants excellent dans l’art de faire des discours pour expliquer comment nous en sommes arrivés là. Il est grand temps d’exiger qu’ils nous montrent comment nous pourrons, à présent, continuer à avancer.
INTÉRIEUR :
DECES DU RAV OVADIA YOSSEF
Le Rabbin Ovadia Yossef, chef spirituel du parti ultra-orthodoxe sépharade Shass, est décédé à Jérusalem, ce lundi 7 octobre, à l’âge de 93 ans. Des centaines de milliers de personnes ont assisté à ce qui a été décrit par les médias israéliens comme les plus grandes funérailles publiques de l’histoire d’Israël, paralysant les rues de Jérusalem pendant de nombreuses heures. Benjamin Netanyahu et son épouse Sara, Shimon Peres, de nombreux ministres ainsi que le candidat à la mairie de Jérusalem Moché Léon, et d’autres figures de la vie politique et publique israélienne ont rendu visite à la famille du Rabbin Yossef.
Les médias sont longuement revenus sur la perte que représentait le décès de cette autorité spirituelle et religieuse pour le public israélien mais également de ses conséquences pour le parti politique Shass dont les tensions internes se sont fait sentir dès le début de la période de deuil. En effet, bien que toujours sous le choc de la mort de son chef spirituel, le Shass est le théâtre d’une bataille politique houleuse entre Aryé Deri et Eli Yishai pour le leadership politique du parti, et entre la famille Yossef et le rabbin Shlomo Amar, pour sa direction spirituelle. L’avenir du Shass serait ainsi, d’après une majorité des commentateurs, compromis du fait de la disparition du charismatique leader Rabbin Yossef qui avait dicté
tout au long des années la ligne politique et religieuse à adopter et dont l’autorité indiscutée maintenait la paix au sein des membres du parti.
SHASS : POTENTIEL SCHISME APRES LE DECES DU RABBIN YOSSEF / HAVIV RETTIG GUR -TIMES OF ISRAEL
Pour des millions d’Israéliens – environ 800.000 d’entre eux ont assisté à ses funérailles à Jérusalem lundi soir – le rabbin Ovadia Yossef était l’incarnation de la piété religieuse, de l’étude et la fierté des Séfarades. Son influence qui s’étendait bien au-delà de la religion, avait investi la vie politique et publique d’Israël.
Son décès marque cependant le début d’une crise politique au sein du mouvement qu’il a fondé. Les factions politiques et religieuses du parti ultraorthodoxe séfarade Shass, sont toutes deux divisées. D’un côté, il y a les partisans de l’ancien dirigeant du parti, le député Eli Yishai et de l’autre, ceux de l’actuel leader, le député Aryé Deri.
La fracture est également au niveau du leadership religieux: Eli Yishai soutient l’ancien Grand Rabbin Shlomo Amar pour succéder au Rabbin Yossef comme chef spirituel et politique du Shass, tandis qu’Aryé Deri souhaiterait que l’héritier soit le fils du Rabbin Yossef, l’actuel Grand Rabbin Sépharade d’Israël, Yitzhak Yossef, ou bien le Rabbin Shalom Cohen, le
dirigeant de la Yeshiva Porat Yossef, l’un des quatre membres du Conseil des Sages de la Torah du parti Shass.
Avec la disparition du vieux maître qui a veillé à garder l’unité entre les différentes figures du parti qui partageaient leur volonté de faire allégeance au sage, le Shass fait, à présent, face à un réel danger et menace de se diviser le long de cette fracture.
Maintenant, tous les yeux sont rivés sur les hauts dirigeants du Shass pour voir si la nouvelle direction du parti parviendra à survivre à la mort de l’ancien maître. Le pouvoir de Deri en tant que leader du parti pourrait rapidement être défié. En effet, même si Deri est peu susceptible d’être détrôné en tant que président du parti par le Conseil des Sages de la Torah du Shass si tôt après que le Rav Ovadia Yossef ait lui-même approuvé sa nomination, sa déchéance pourrait venir de son ennemi politique Eli Yishai qui pourrait inverser la vapeur grâce à ses nombreux soutiens au sein des députés du Shass à la Knesset.
Des centaines de milliers d’Israéliens ont perdu un guide spirituel, ce lundi, mais le parti qu’il a fondé a perdu sa véritable raison d’être. Les dirigeants du Shass vont maintenant se retrouver face à deux choix relativement délicats: s’unir d’après les agencements politiques que le Rav Ovadia avait déterminés ou se diviser et faire voler le parti en éclats ce qui le ferait tout droit plongé dans l’oubli politique.