«וְהָיָה חֶבֶל, לִשְׁאֵרִית בֵּית יְהוּדָה–עֲלֵיהֶם יִרְעוּן: בְּבָתֵּי אַשְׁקְלוֹן, בָּעֶרֶב יִרְבָּצוּן–כִּי יִפְקְדֵם יְהוָה אֱלֹהֵיהֶם, וְשָׁב שבותם (שְׁבִיתָם)».
«Ce district va échoir aux survivants de la maison de Juda, pour y faire paître (leur bétail) et, le soir venu, gîter dans les demeures d’Ashkelon, car l’Eternel, leur Dieu, se souviendra d’eux, et les ramènera de captivité» (Sophonie 2, 7).
La ville où j’habite en Israël, Ashkelon, avec toute la région du Sud, fait à l’heure actuelle l’objet de tirs de roquettes depuis Gaza. C’est donc tout naturellement que je vais commencer la découverte des villes et villages d’Israël par cette ville, ma ville, considérée comme l’une des plus antiques cités au monde mais aujourd’hui, dynamique, pleine de promesse et ouverte sur l’avenir.
Le sycomore d’Ashkelon, symbole d’une résurrection
Les Juifs à Ashkelon
Dès le début de l’ère courante, la communauté juive d’Ashqelon établie depuis déjà quelques générations, forte de 2500 Juifs, est totalement exterminée par l’armée conquérante de Titus, ainsi que l’atteste Flavius Josèphe (+37 à +100), historien juif rallié à la cause romaine, et ce, avant même que n’explose la première guerre judéo-romaine (66-73). Cependant, il semble que cette communauté juive ait pu se reconstituer dès le début de l’époque byzantine, (4e siècle). Puis au septième siècle, les Musulmans conquièrent la cité et font de cette dernière la première ville fortifiée d’Israël à partir de l’Égypte, en la ceinturant de fortifications. Au cours de la Première Croisade (1099), Godefroy de Bouillon, chevalier franc appelé à devenir le premier souverain chrétien de Jérusalem, entreprend le premier siège d’Ashkelon (12 août 1099) qui tombe aux mains des Croisés après la cuisante défaite de l’armée d’Al-Afdhal, vizir fatimide d’Egypte. Cependant, en l’an 1187, consécutivement à l’intégration d’Ashkelon au royaume de Jérusalem par Baudouin III, les Croisés se soumettent à Saladin dont l’ambition de faire capituler les Francs l’amène à unir le monde musulman (Egypte et Syrie) en appelant au «Djihad» (guerre sainte). En 1191, les troupes de Richard Cœur de Lion s’emparent d’Ashkelon qui, une nouvelle fois frappée par Saladin, retourne à ses ruines, jusqu’au jour où Richard McCornwell, frère du roi d’Angleterre, décide de s’en emparer et de la reconstruire (1241). En 1270, le sultan mamelouk Baybars dévaste définitivement Ashkelon qui retourne aux sables.
Le 15 mai 1948, lors de la guerre d’Indépendance, les troupes égyptiennes envahissent le jeune Etat d’Israël et reçoivent l’ordre de marcher sur Tel-Aviv. Elles atteignent Majdal (24 mai 1948), village datant de l’époque ottomane (1516-1918). De durs combats opposent, alors, les forces de l’armée israélienne, Tsahal, à celles d’Égypte à l’issue desquels Majdal est libérée lors de l’opération Yoav. La population arabe, dans sa grande majorité, décide de prendre la fuite. En 1951, Majdal, devenue Migdal-Ashkelon, passe de l’état de village agricole à celui de ville et élit son premier maire Eliezer Milrod, qui, en collaboration avec la Histadrout d’Afrique du Sud, construit le premier quartier Afridar (Africa-darom-Afrique du sud). En 1953, la ville est finalement nommée Ashkelon.
(Panoramique d’Ashkelon: Wikipédia)
La difficulté de vivre sous une «pluie» de missiles Grad et Fager, et de roquettes Kassam, alors qu’Israël entreprend une opération militaire de grande envergure, («Plomb Durci» (déc. 2008-janvier 2009) et «Pilier de Défense» (Novembre 2012) n’entame en rien le courage et l’optimisme des habitants, confiants, plus que jamais, en la promesse divine sans appel:
«כִּי אֶת־כָּל־הָאָרֶץ אֲשֶׁר־אַתָּה רֹאֶה לְךָ אֶתְּנֶנָּה וּלְזַרְעֲךָ עַד־עֹולָם׃ … קוּם הִתְהַלֵּךְ בָּאָרֶץ לְאָרְכָּהּ וּלְרָחְבָּהּ כִּי לְךָ אֶתְּנֶנָּה׃» (בראשית י”ג, ט”ו-י”ז).
«Car je te donnerai, et à ta postérité pour jamais, tout le pays que tu vois… Lève-toi donc, [et] te promène dans le pays, en sa longueur et en sa largeur; car je te le donnerai.» (Gen. 13, 15-17)
(הָאָרֶץ, אֲשֶׁר עָבַרְנוּ בָהּ לָתוּר אֹתָהּ–טוֹבָה הָאָרֶץ, מְאֹד מְאֹד» (במדבר יד, ז-ח »
«Le pays que nous avons parcouru pour l’explorer, ce pays est excellent» (Nombres 14, 7-8).
(*1) Des fouilles archéologiques témoignent qu’à l’époque néolithique (- 10 000 ans) un centre urbain y avait été érigé. La plus vieille porte de ville du monde, en forme d’arc (-2000) vient d’être rénovée et est accessible aux visiteurs du parc national.
Les lettres de Tell-Amarna, correspondance diplomatique rédigée en akkadien cunéiforme (-1369 -1353) font mention du premier maire d’Ashkelon, dénommé Yidia.
Merenptah, successeur de Ramsès II (-1250) fit graver à sa gloire la Stèle de la Victoire (ou Stèle d’Israël) et celle de Karnak où est mentionné le nom d’Ashkelon: «Ashqelon est emmenée… Israël est détruite».
Ashkelon est une des cinq cités philistines (- 12e siècle) apparaissant dans la source biblique: «…Les cinq principautés philistines de Gaza, d’Ashdod, d’Ashkelon, de Gath et d’Eqron» (Jos. 13, 3). Toutes ces villes, y compris Ashkelon, sont dénommées dans l’élégie de David pleurant la mort de Saül et de Jonathan « les filles de impurs» (Samuel II 1, 20).
Le directeur du Musée sémitique de Harvard, le professeur Lawrence Stager qui, à partir de 1985, mena l’expédition Léon Levy, mit à jour sur une profondeur de 15 mètres les stratifications successives des différentes civilisations qui occupèrent Ashkelon: cananéenne, philistine, phénicienne, iranienne, hellénistique, romaine, byzantine, islamique et traces de l’occupation des Croisades.
(*2) «En ce temps, je vous ramènerai, en ce temps je vous rassemblerai, car je veux faire éclater votre renommée et votre gloire parmi toutes les nations de la terre, en ramenant vos captifs, sous vos propres yeux, dit l’Eternel» (Soph. 3, 20).
(*3) Le prophète Amos de Tekoa (Monts de Judée) a pour métier d’être inciseur de figues produites par les Sycomores:
» וַיַּעַן עָמוֹס, וַיֹּאמֶר אֶל-אֲמַצְיָה, לֹא-נָבִיא אָנֹכִי, וְלֹא בֶן-נָבִיא אָנֹכִי: כִּי-בוֹקֵר אָנֹכִי, וּבוֹלֵס שִׁקְמִים «
«Je (Amos) ne suis, dit-il, ni prophète ni fils de prophète, je suis un simple pâtre et un pinceur de sycomores» (Amos 7, 14).
(*4) Extrait du discours prononcé à la Knesset le 17 décembre 1962 au sujet de la proposition de la loi sur la protection des parcs et réserves naturelles.
Haim Ouizemann