Passionné par le TaNa’kh, il dirige, aujourd’hui, le blog d’eTeacher d’hébreu biblique et vous propose chaque semaine de participer à l’aventure spirituelle et historique du peuple d’Israël et de sa terre.
Cette méditation hebdomadaire s’inscrit dans le cadre du programme mondial d’enseignement d’Hébreu biblique proposé par Eteacher– Programme accrédité par l’Université hébraïque de Jérusalem et a pour dessein de mieux faire connaître les trésors de la langue hébraïque, le monde juif et Israël (le peuple et la terre).
Haïm s’efforce de diffuser le message abrahamique universel de justice et d’amour aux Nations du monde en mettant l’accent sur la dimension éthique inscrite au cœur même de la tradition hébraïque écrite et orale. Ses articles empreints de la vision de Sionisme prophétique invitent chacun et chacune d’entre vous, à partir des sources vivantes du Tana’kh (Bible) et de l’histoire d’Israël, à méditer sur l’énigme d’Israël, d’un peuple singulier inquiet à défendre les droits de l’Homme.
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Essai sur le végétarisme – La compassion à l’égard de l’animal, un devoir !
Dernièrement, nous avons commémoré la Journée mondiale de la Terre. Ce jour visant à sensibiliser la conscience de l’homme face à l’incommensurable merveille de la Création nous invite non seulement à méditer sur sa richesse mais aussi sur le devoir de respect à l’égard de la biodiversité naturelle et de toutes les créatures vivantes. De fait, quel doit être notre rapport à l’égard de l’animal? Dominer sur l’ensemble de la Création signifie-t-il pour l’être humain user de l’animal comme bon lui semble? Le Judaïsme reconnaît-il des droits à l’animal?
Toute attitude de cruauté envers l’animal ne constitue point seulement une profonde transgression religieuse mais de surcroît une grave aberration morale. En effet, en vertu de l’Alliance universelle conclue entre le Créateur et la Création, l’homme a le devoir de se conduire avec la plus grande compassion à l’égard de l’animal:
«וְזָכַרְתִּי אֶת-בְּרִיתִי אֲשֶׁר בֵּינִי וּבֵינֵיכֶם וּבֵין כָּל נֶפֶשׁ חַיָּה, בְּכָל-בָּשָׂר… וּרְאִיתִיהָ, לִזְכֹּר בְּרִית עוֹלָם, בֵּין אֱלֹהִים וּבֵין כָּל-נֶפֶשׁ חַיָּה בְּכָל בָּשָׂר אֲשֶׁר עַל-הָאָרֶץ» (בראשית ט’, ט”ו-ט”ז).
«Je me souviendrai de mon alliance avec vous et tous les êtres animés … L’arc étant dans les nuages, je le regarderai et me rappellerai le pacte perpétuel de Dieu avec toutes les créatures vivantes qui sont sur la terre» (Gen. 9, 15-16).
Nombreuses sont les injonctions de la Thora enseignant à l’homme la voie de compassion et d’amour. L’homme doit tout d’abord prendre conscience des besoins naturels de l’animal et lui reconnaître le droit au repos:
«שֵׁשֶׁת יָמִים תַּעֲשֶׂה מַעֲשֶׂיךָ וּבַיּוֹם הַשְּׁבִיעִי תִּשְׁבֹּת לְמַעַן יָנוּחַ שׁוֹרְךָ וַחֲמֹרֶךָ«
«Six jours durant tu t’occuperas de tes travaux, mais au septième jour tu chômeras afin que ton bœuf et ton âne se reposent… » (Ex. 23, 12).
Le repos de l’animal, selon ce verset, n’est point la conséquence directe du repos shabbatique octroyé à l’homme mais le contraire. La finalité du repos chez l’homme vise avant tout à permettre à l’animal de se reposer.
L’animal devient l’égal de l’homme sur le plan du repos physique. Celui-ci ne constitue donc point une machine selon la thèse éthologique du philosophe René Descartes mais un être à part entière doué d’une âme vivante (נֶפֶשׁ חַיָּה, Nefesh Haya), possédant un niveau de conscience, capable de souffrir et d’être sensible aux réactions du monde extérieur. La conception cartésienne de l’animal-machine aura sur toute la société occidentale de nombreuses implications négatives qui ouvriront la voie à l’exploitation abusive de l’animal (expériences scientifiques abusives, usage industriel de l’animal transformé en objet de consommation, élevages soumis à la rentabilité…)
Au droit du repos shabbatique, s’ajoutent trois autres droits fondamentaux visant à éviter toute souffrance à l’animal.
Tout d’abord, le précepte de libérer l’animal d’une lourde charge:
«כִּי-תִרְאֶה חֲמוֹר שֹׂנַאֲךָ, רֹבֵץ תַּחַת מַשָּׂאוֹ וְחָדַלְתָּ, מֵעֲזֹב לו עָזֹב תַּעֲזֹב עִמּוֹ» (שמות כ”ג, ה’);
«Si tu vois l’âne de ton ennemi succomber sous sa charge, garde toi de l’abandonner; aide-lui au contraire à le décharger» (Ex. 23, 5)
Selon les Sages d’Israël, ce précepte enseigne la compassion «par excellence» (חֶמְלָה, ‘Hemlah)[1] à l’égard de l’animal. Il constitue le fondement de tous les interdits visant à amoindrir ou éliminer la souffrance chez l’animal.
Puis, la tradition hébraïque considère que si, pour ce qui concerne la boisson, l’homme se sert avant l’animal, suivant l’exemple de Rebecca, qui, en voyant Eliezer, le serviteur d’Abraham, lui a donné d’abord à boire, puis seulement après à ses chameaux (Gen. 24, 18-19), pour la nourriture, c’est l’animal qui doit être servi avant l’homme. En effet, quand Eliezer arrive chez Laban, le frère de Rebecca, on donne d’abord à manger à ses chameaux…
«וַיִּתֵּן תֶּבֶן וּמִסְפּוֹא, לַגְּמַלִּים …» (בראשית כ”ד, ל”ב);
«On apporta de la paille et du fourrage pour les chameaux» (Gen. 24, 32).
… avant de le servir:
«ויישם (וַיּוּשַׂם) לְפָנָיו, לֶאֱכֹל» (בראשית כ”ד, ל”ג);
«On lui servit à manger» (Gen. 24, 32).
Selon ce verset, l’animal a la préséance sur l’homme. Cet impératif moral s’exprime par l’ordre des termes: «la paille et le fourrage pour les chameaux» précède la nourriture pour l’homme («On lui servit à manger»).
Enfin, la tradition hébraïque enseigne le précepte libérant l’animal de toute entrave physique afin qu’il soit capable de se nourrir:
«לֹא תַחְסֹם שׁוֹר בְּדִישׁוֹ » (דברים כ”ה, ד’);
«Ne muselle point le bœuf pendant qu’il foule le grain» (Deut. 25, 4).
Les Sages d’Israël, procédant par raisonnement «a fortiori» enseignent que ce dernier précepte de compassion s’applique également à l’ouvrier auquel est reconnu le droit de se servir des fruits lors de son labeur au champ:
«כִּי תָבֹא בְּכֶרֶם רֵעֶךָ וְאָכַלְתָּ עֲנָבִים כְּנַפְשְׁךָ שָׂבְעֶךָ וְאֶל-כֶּלְיְךָ, לֹא תִתֵּן» (דברים כ”ג, כ”ה);
«Quand tu entreras dans la vigne de ton prochain, tu pourras manger des raisins à ton appétit, jusqu’à t’en rassasier; mais tu n’en mettras point dans ton panier») Deut. 23, 25).
L’homme, à l’image du Créateur empli de compassion envers toutes Ses créatures, doit agir avec amour à l’égard de l’animal dénué de défense:
«טוֹב יְהוָה לַכֹּל וְרַחֲמָיו, עַל כָּל מַעֲשָׂיו» (תהילים קמ”ה, ט’);
«L’Eternel est bon pour tous, sa pitié s’étend à toutes ses créatures» (Ps. 145, 9);
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