Les prévisions de croissance du gouvernement, révisées à plusieurs reprises ces derniers mois, sont-elles encore trop optimistes ? C’est la crainte du Haut conseil des finances publiques, qui n’exclut pas une retombée en récession de l’économie française en 2013.
Il s’agit du premier avis de cette institution, chargée d’évaluer les scénarios économiques retenus pour l’élaboration des lois de finances. Créé suite à la ratification, l’an dernier, du traité européen sur la stabilité budgétaire au sein de l’Union, cet organisme indépendant est présidé par Didier Migaud, qui chapeaute aussi les travaux de la Cour des comptes.
Pour le moment, Bercy table sur une progression de 0,1% du Produit intérieur brut cette année, de 1,2% en 2014 et de 2% ensuite. Mais plusieurs facteurs sont susceptibles d’affecter cette prévision.
Par exemple, le gouvernement table sur une baisse du taux d’épargne, ce qui permettrait de stimuler la consommation. Mais les craintes des ménages, liées à la hausse du taux de chômage, pourraient ruiner ce scénario. Et c’est sans compter une possible aggravation de la crise en zone euro. Conséquence : « Un léger recul du PIB en 2013 et une croissance sensiblement inférieure à 1,2% en 2014 ne peuvent pas être exclus », prévient le Haut conseil.
Ce dernier émet aussi des réserves sur les prévisions à plus long terme. « Le salaire par tête (…) progresserait fortement à compter de 2015, selon le gouvernement. Cette accélération (…) est toutefois incertaine dans un contexte où le taux de chômage se maintient à un niveau élevé. Une progression salariale plus modérée pèserait alors sur le revenu disponible et la consommation des ménages », expliquent les « Sages ».
De quoi faire réfléchir le ministre de l’Economie, Pierre Moscovici, qui verrait ses plans pour réduire le déficit public à moins de 3% du PIB en 2014 remis en cause.