Nous sommes revenus à la maison parce que cela était notre aspiration pendant des générations. Nous n’avons jamais renoncé au rêve du retour à Sion. Partout dans le monde, les Juifs ont prié le corps tourné vers Sion. Trois fois par jour ils ont imploré de voir de leurs propres yeux le retour à Sion. À chaque repas, ils rendaient grâces à leur Dieu mais se souvenaient de demander : « Aie pitié de Sion » [RAHEM AL TSION KI HI BEIT HAYENOU] , et aussi « Et Reconstruis Jérusalem, vite et de nos jours » [OU BENE YEROUSHALAYIM BIM`HERA BEYAMEINOU] . Au moment le plus joyeux de leur vie les nouveaux mariés faisaient leur, le serment des exilés de Sion : « Si je t’oublie jamais Jérusalem, que ma droite me refuse son service » [IM ESHKAH’EKH YEROUSHALAYIM TISHKAH’ YEMINI] .
Le cycle calendaire des Juifs en diaspora était réglé sur les saisons agricoles de la Terre d’Israël. Notre peuple a débuté son retour sur sa terre par groupes allant et grandissant plus de cent ans avant la fondation de l’Organisation Sioniste.
En parallèle, la terre maintenait sa confiance dans ses enfants. Elle n’a jamais accepté un autre peuple. Depuis notre exil, aucun État n’a vu le jour ici. La terre dans sa presque totalité est restée en désolation des centaines d’années. Des nomades l’ont traversée.
Après la destruction du 2ème Temple, de nombreux Juifs y sont restés. Ils ont survécu à l’occupation romaine jusqu’au VIIe siècle, remplacée alors par l’occupation musulmane, qui leur a donné le choix entre deux possibilités : conversion à l’Islam ou exil. Ceux qui ont gardé fidélité au Dieu d’Israël se sont exilés. Ceux qui ont gardé fidélité à la Terre d’Israël se sont convertis. Ils étaient comme les Marranes d’Espagne pendant une ou deux générations puis se sont laissé absorber.
Ironie de l’Histoire donc : les vétérans vrais parmi les arabes de cette terre ont en partie des racines juives. Les autres sont venus en grande majorité après que nous ayons commencé notre retour à la maison. À l’instar des immigrés musulmans chez vous, des musulmans des contrées voisines sont venus chercher du travail en Eretz Israël. Beaucoup sont arrivés avec l’occupation britannique.
Les Anglais se sont comportés avec ruse envers les Juifs en les empêchant de revenir à la maison, tandis qu’ils ne contrôlaient pas le flot important des arabes du Moyen-Orient qui y entraient sans encombre. Au fait, en 1948 nombre d’entre eux ont fui sur les conseils de leurs dirigeants, en attendant d’en finir avec les Juifs. L’ONU a modifié pour eux la définition de « réfugié » : toute personne qui résidait en Eretz Israël deux années avant 1948.
Vous comprenez, dans la première moitié du XXe siècle des centaines de milliers d’arabes sont arrivés ici, et jusqu’à présent ils réclament le « droit au retour ». Vous aussi, chers Européens, êtes complices de cette farce.
2. La Palestine est ce que les Romains avaient nommé « Palestina », qui avait pour but au IIe siècle de gommer le terme « Judée » et de rompre l’attachement des Juifs à leur terre. Les Arabes de la région ont adopté avec joie le nom romain qui leur rappelait les Philistins, cette peuplade maritime qui avait envahi Canaan mille ans auparavant. Ils avaient aussi épousé l’objectif des Romains de couper les Juifs de leur terre. La plupart du temps ils aspiraient aussi à couper la tête aux Juifs. Ils étaient jaloux de votre Histoire.
Vous prétendez résoudre le conflit entre nous et le monde musulman, alors que vous ne savez pas comment proceder face à la conquête musulmane dans vos propres villes. Il n’est plus loin le jour où des milliers de musulmans exigeront leur part de vos terres : autonomie islamique, partage de la terre ou – si vous continuez à ne pas faire d’enfants – domination islamique et normalisation politique. Que ferez-vous alors ? Vos propres instincts de survie se sont depuis longtemps envolés. Vous pensez qu’en collaborant avec le mensonge arabe vous obtiendrez le calme ; qu’en nous sacrifiant à l’autel de vos intérêts à court terme ils vont laisseront tranquilles. À ce point votre mémoire vous fait-elle défaut ? Êtes-vous sourds aux rugissements de la foule dans vos rues ?
Vous avez confondu votre Histoire et la nôtre. Il est vrai que vous étiez des colonisateurs, que vous avez pillé des terres qui n’étaient pas les vôtres, que vous avez tracé des frontières irréalistes qui partageaient des tribus, qui unifiaient des contraires (voir la Syrie et le Liban et l’Irak) et plongeaient des contrées dans des guerres sans fin, et vous pensiez exploiter les malheureux autant que vous le pourriez.
Mais nous, nous sommes rentrés à la maison. Nous ne sommes pas des colonisateurs étrangers, mais l’unique progéniture légale de cette terre. Nous ne sommes pas revenus à Tel Aviv, mais principalement dans les endroits où est né et s’est cristallisé notre peuple. La Judée, la Samarie et Jérusalem. Vous connaissez la Bible, n’est-ce-pas ? Une personne ne peut pas être un conquérant dans sa propre maison.
3. Et cependant, durant ces cent dernières années nous avons cherché à de nombreuses reprises un compromis avec nos voisins au sujet de notre terre, la nôtre. Nous sommes, de fait,rationnels. Notre droit ancestral enseigne que deux personnes se disputant un vêtement – le premier disant : « il est tout entier à moi », et le second : « il est tout entier à moi », se le partageront. [SHNAYIM OH`AZIM]
Nous n’avons toutefois pas cru à la revendication arabe : « elle est tout entière à moi ». Cette terre ne leur a jamais appartenu ;
l’immensité d’espaces qui nous entourent ne leur suffisait pas, et ils convoitaient la part du pauvre des Juifs. Mais nous étions prêts à un compromis sur une pièce ou deux de la maison entière.
Cela ne changea rien. L’objectif affiché de nos voisins n’était pas un État indépendant, mais la disparition totale des Juifs dans leurs pays. Ils n’ont jamais eu l’intention de mettre un terme à leurs chimères de destruction d’un minuscule État, même dans les frontières irrationnelles qu’Ehud Olmert leur a proposé en 2008. À plus forte raison dans les frontières qui leur ont été dessinées à Oslo par l’équipe de rêveurs du gouvernement Rabin.
Lorsque la manière violente ne leur réussissait pas, ils choisissaient la voie de la négociation ; lorsqu’ils s’en sont lassés, ils sont venus se faire exploser dans nos villes, et de nouveau sont retournés à la négociation puis sont passés dans la pièce d’à côté pour lancer des roquettes sur nos jardins d’enfants. Quel hobby. Des combattants de la liberté, vous savez ?
Cette simple et terrifiante vérité, vous ne la comprenez pas, vous Occidentaux ; et à notre grand regret la gauche en Israël non plus. Cela semple primitif et idiot. Essayez de vous rappeler combien de fois dans votre Histoire vous avez ignoré des évidences parce qu’elles vous semblaient simples et pas suffisamment sophistiquées. Au contraire des modes philosophiques qui ont conquis le continent, la réalité est quelquefois simple et limpide.
4. Mais votre jugement de la réalité a été depuis longtemps perturbé par la pensée, qui vous semble idéale, de rechercher la paix à tout prix. Même au prix de votre suicide. Au prix de notre suicide. Même si nos voisins ne sont pas intéressés par la quantité de propositions qui leur ont été faites, et ils le clament – bien que pas dans un anglais de salon chez vous, mais auprès de leur peuple, dans un arabe clair et une mélodie limpide. Ils l’ont fait récemment en anglais, à la tribune de l’ONU.
Le mensonge n’a jamais été aussi clair et explicite, et pourtant on persiste chez vous à se voiler la face et crier au scandale. Vous nous reprochez aujourd’hui de construire des maisons dans notre pays. Que serait cette terre sans les Juifs ? Que serait Jérusalem sans notre peuple ? Que serait la civilisation occidentale sans les Juifs ? L’État d’Israël est le bastion avancé de l’Occident. L’Islam l’a bien compris. C’est pourquoi il nous combat et vous utilise contre nous. Le retour à Sion n’est pas du seul intérêt du peuple juif ; il est de votre intérêt, honorables européens. Sans le retour à Sion – vous aussi disparaîtrez.
Dror Eidar « Israël Hayom » 07/12/2012