Écrit par Bordeaux7 – jeudi 03 mai 2012
Plus qu’un énième commerce de proximité, celui-ci, donnant cours Victor-Hugo et rue des Faures, vend sur 160 m2 des produits alimentaires surgelés halal (qui répond aux préceptes de l’Islam)… et casher (à ceux du Judaïsme), réunissant pour le coup deux communautés, juive et musulmane, dans un seul et même commerce. Une «nouveauté mondiale» selon le chef d’entreprise. Bien difficile à vérifier mais un concept original qui outrepasse assurément tous les clivages.
«Cette fraternité fait plaisir»
À l’origine de cette aventure, une discussion avec un employé de l’un de ses commerces. «C’était il y a deux-trois ans de cela, on a commencé à parler d’un concept de commerce qui réunirait à la fois des produits casher et halal.» L’idée, séduisante mais délicate, a germé. Il fallut ensuite dénicher le bon local. Au préalable, Mondheur Madhi s’est adressé aux représentants des communautés juive et musulmane de Bordeaux qui lui ont donné quitus pour l’ouverture de ce commerce pas tout à fait comme les autres. «Ils m’ont répondu que l’idée était formidable», se souvient Mondheur Madhi. Alors ce dernier a foncé, investissant près de 300 000 euros pour aménager son nouveau local. Dans le même temps, il dût trouver des fournisseurs pour les produits surgelés casher, ceux pour la nourriture halal étant logiquement familier pour lui, musulman, qui commerce avec eux depuis 10 ans. «Quand je les ai rencontrés, ils ont été tout d’abord surpris par mon projet. Et puis les négociations se sont passées et ils m’ont dit : ‘‘ça va être un pari. On va voir ce que ça va donner’’», raconte Mondheur Madhi. Au final, «ça marche super bien, ce n’était pas écrit». Selon lui, les deux clientèles sont au rendez-vous depuis l’ouverture de Hal’Cash.
Chef d’entreprise «avant tout», il ne reste pourtant pas indifférent à l’idée de créer cette mixité dans son nouveau commerce. «Je ne fais pas de politique mais cette fraternité fait plaisir. Pour moi, tout le monde est pareil.» Et pour que tous ses clients y trouvent leur compte, son équipe de trois salariés et lui-même, en accord avec les fournisseurs, appliquent expressément les exigences de chacun. «On ne mélange pas les produits halal et casher par exemple», explique Mondheur Madhi qui, de son côté, ne transige pas lui non plus avec ses propres principes religieux.
«Je n’ai que des bons retours pour l’instant», se satisfait-il. Déjà, il voit fleurir des propositions pour installer Hal’Cash «à Mérignac et même à Toulouse». Pour l’heure, il ne donne pas suite, histoire de se «remettre d’aplomb». Mais, qui sait, cette aventure n’en est peut-être qu’à ses débuts.
Nicolas Bochereau