François Hollande, le candidat socialiste, est élu président de la République selon l’institut CSA pour BFMTV. Il recueillerait 51,8% des voix.
François Hollande devient le deuxième président socialiste de la Ve République après François Mitterrand. Nicolas Sarkozy est le deuxième président battu à l’issue de son mandat, après Valéry Giscard d’Estaing en 1981.
La participation est estimée à 80,4% légèrement plus qu’au premier tour, il y a deux semaines mais moins qu’au second tour de la présidentielle de 2007.
Une fête est prévue place de la Bastille à Paris pour célébrer la victoire du candidat socialiste François Hollande. Cette place est devenue depuis le 10 mai 1981 le symbole de la victoire du « peuple de gauche » qui avait porté au pouvoir François Mitterrand, première alternance de la Ve République.
François Hollande se présentait pour la première fois à la présidentielle française. Au départ, personne n’attendait cet ancien chef du Parti socialiste pendant 11 ans et député de Corrèze, un département rural du centre de la France.
Il n’avait ni le charisme de l’ancien patron du FMI Dominique Strauss-Kahn, ni le lien charnel aux Français de son ex-compagne, Ségolène Royal, candidate en 2007. Natif de Normandie, il semblait très loin du charisme qu’exige en France l’élection présidentielle, cette onction républicaine.
Fils d’un médecin rugueux d’extrême droite et d’une assistante sociale de gauche, il a bâti sa campagne sur une intuition : la France est fatiguée de l’énergie débordante de Nicolas Sarkozy, de son « exhibition permanente » et rêve d’une présidence « normale ».
François Hollande a été avant tout l' »anti-Sarkozy », la meilleure promesse de « dégager » le président sortant selon ses opposants qui reprennent les slogans du Printemps arabe.
La gauche avait un candidat crédible. Pas encore un vainqueur possible. Mais les mois de campagne électorale ont transformé la perception des Français de cet homme de 57 ans.
Sous le besogneux capable de parler fiscalité pendant des heures, ils ont découvert un homme plein d’humour, constant dans son programme, combatif en meeting et pugnace en débat face à Nicolas Sarkozy.
« Il a changé. C’est comme s’il était rentré dans ce costume (de président) au fil des jours », estime sa compagne Valérie Trierweiler. « Il est tout à fait prêt à exercer cette fonction ».
Jusqu’au 14 mai 2011, le patron du FMI, Dominique Strauss-Kahn, est le favori des socialistes, des sondeurs et de la presse. Mais les déboires judiciaires de DSK ouvrent la voie à François François.
Les premiers sondages le placent en tête des candidats de gauche préférés des Français. Mieux, il est en position de battre Nicolas Sarkozy.
Durant toute la campagne, ce dernier lui a reproché de se dérober, d’éviter les questions, la confrontation.
« L’homme n’est ni rusé ni cynique, il est simplement dans une posture d’évitement », résume son biographe Serge Raffy.
Evitement ? Le mot lui colle à la peau depuis sa plus tendre enfance quand, élève dans une école religieuse, il évite les punitions de ses rigoristes professeurs à coups de sourires et de bonne notes.
Après un déménagement à Neuilly, la très chic banlieue parisienne, il découvre Paris, la politique et les filles. « En amour et avec les filles, c’est comme en anglais, je suis plutôt dans la catégorie des médiocres », dit-il.
Ni gauchiste ni anarchiste, il étudie à l’Ecole nationale d’administration (ENA), creuset des élites françaises, puis entre à la Cour des comptes. Il commence à écrire des « notes » pour le président Mitterrand, élu en 1981 et seul président socialiste jusque- là de la Ve République (née en 1958).
A 26 ans, il tente le pari de se présenter aux législatives sur les terres du futur président Jacques Chirac, qu’il interpelle en réunion publique.
« Qui êtes-vous, monsieur ? », lui lance Jacques Chirac, qui dira bien plus tard l’apprécier. « Je suis celui que vous comparez au labrador de Mitterrand », lui répond le jeune socialiste.
Social-démocrate assumé, Européen convaincu, François Hollande grandit dans l’appareil du PS. Il espère entrer dans le gouvernement du président Mitterrand. En vain. Bis repetita en 1997 quand un socialiste, Lionel Jospin, devient Premier ministre à la faveur d’une victoire de la gauche aux législatives.
Les échecs de la gauche en 1995, 2002 et 2007 l’amènent à se décider. Le candidat perd plus de dix kilos, se fait tailler des costumes sur mesure, change de lunettes.
L’homme affable, qui fuit le conflit, veut s’afficher solide, « tenace », sa principale qualité pour son ami, l’ex-ministre Michel Sapin. Il surprendra mercredi dernier, lors de son face à face télévisé avec Nicolas Sarkozy, en se montrant plus offensif qu’attendu.
François Hollande est « insaisissable », résume son fils aîné Thomas, qui y voit la marque d’un « homme libre », un « stratège » qui veut comprendre les gens mais aussi avoir un coup d’avance.
Source BFM