Le caractère sacré de Yom Haatsmaout
Traduit de l’anglais du livre « Silver from the Land of israel » de Rabbi Chanan Morrison
Cours adapté de LeNetivot Yisrael vol. I, pp. 181-184, 192-200, et de Sichot HaRav Tzvi Yehudah 19.
Le Jour de l’Indépendance de l’Etat d’Israel se limite-t-il juste aux feux d’artifices ? La fête de Yom Haatsmaout est-elle juste une commémoration profane de notre indépendance politique ou possède-t-elle pour nous un sens plus profond ?
LA KEDOUCHA DES MITSVOT
Rav Kook est décédé en 1935, 13 ans avant la déclaration d’Indépendance de l’Etat d’Israel, et son fils le Rav Tsvi Yehouda Kook a interprété les évènements historiques de 1948 à la lumière des enseignements de son père. Dans un article intitule « Affirmer le Caractère Sacre du Jour de Notre Indépendance », le Rav Tsvi Yehouda a analysé la signification religieuse de Yom Haatsmaout.
D’une manière générale, notre connexion à la kedoucha passe par les mitsvot de la Torah. Avant de réaliser une mitsvah, nous disons « Qui nous a sanctifié par Ses mitsvot ». Rav Tsvi Yehouda explique que la kedoucha de Yom Haatsmaout est ancrée dans la kedoucha des mitsvot. Mais quelle mitsvah particulière est–elle connectée à cet événement historique ?
Le Ramban a défini la mitsvah de Yichouv Haaraets , s’installer sur la Terre d’Israel, comme « nous ne l’abandonnerons pas à une autre nation ni ne la laisserons désolée ». Cette définition établit clairement que cette mitsvah est avant tout une obligation inhérente à la nation ; il incombe au Peuple Juif de prendre possession de la Terre d’Israël et d’y régner. Sur la base de cette mitsvah nationale, il est du devoir de chaque juif de réaliser la mitsvah de vivre en Erets Israel.
Le Ramban a souligné que cette mitsvah est effective pour toutes les générations. Cette analyse est d’ailleurs confirmée par le Choulkhan Haroukh (Even Ha’ezer 75:6, Pithé Techouva).
Ceci est donc est le sens de Yom Haatsmaout : que nous avons finalement mérité, après des siècles d’exil, de réaliser cette grande mitsvah, décrite par les Sages comme « équivalente a toutes les mitsvot » (Sifre Re’eih), de « Revenir et Posséder la Terre que D. a promis à nos pères » (Ramban).
Nous devons être rempli de gratitude du fait de vivre ici, en Erets Israël, « l’endroit que Moche et Aaron n’ont pas mérité » (Ketoubot 112a). Nous devons être reconnaissant de vivre ce temps historique, d’être témoins du temps de Rédemption que beaucoup de Justes de notre peuple n’ont pas mérité de voir.
UN ESPRIT COURAGEUX
Et on peut encore demander : pourquoi le 5eme jour du mois de Iyar a-t-il été choisi pour célébrer cet événement ? Une date différente, comme la date du cessez-le-feu de la Guerre d’Indépendance, n’aurait-elle pas été un choix plus approprie ?
Bien que la victoire militaire d’un état naissant sur les armées de 5 pays ennemis était certainement miraculeuse, ce n’était pas le miracle grandiose de la Création de l’Etat d’Israël.
Le vrai miracle était le courage remarquable et affiché du 5 Iyar de prendre la décision fatidique d’annoncer la création de l’état d’Israël. Cette décision, face à la lourde pression du Département d’Etat Américain de ne pas déclarer un Etat, et les menaces de guerre des pays Arabes voisins d’attaquer et détruire la communauté juive en Erets Israël, n’était pas chose facile et n’a d’ailleurs été votée que par une faible majorité au sein du Cabinet de Ben Gourion. Cette courageuse décision était le vrai miracle de Yom Haatsmaout. Il est écrit dans le Talmud Baba Metsia 106a que le fait qu’un berger ait réussi à survivre a l’attaque d’un lion ou d’un ours relève du miracle. Ou se situe réellement le miracle dans cet événement? Les Tossefot ont expliqué que le miracle se situe dans « le courage et la volonté de combattre ». L’esprit de bravoure est un miracle venant d’en-haut, c’est-a-dire une grandeur intérieure inspirée et stimulée par D. en proportion des besoins du moment. C’est exactement la signification de la description prophétique de Ye’hezkel (37:14) de la Rédemption finale (la Gueoula) :
« Je mettrai mon esprit en vous et vous serez vivifiés, et je vous assoirai sur votre sol, et vous reconnaitrez que je suis Hachem, qui ai parlé et qui exécute, déclaration de Hachem ».
ATHALTA DEGUEOULA
Néanmoins, beaucoup de personnes éprouvent encore des difficultés à concilier moralement et spirituellement l’existence de l’Etat d’Israël avec la vision de Gueoula telle qu’elle est décrite par nos Sages et Prophètes. L’Etat d’Israël représente-t-il l’Ere Messianique pour laquelle nous prions depuis 2000 ans?
Les Sages ont affirme que « la seule différence qu’il y a entre l’Ere Messianique et les autres époques la précédant est [notre indépendance de] la domination des puissances étrangères (Berakhot 34b; Michne Torah, Loi des Rois 12:2).
Bien que nous n’ayons certainement pas encore mérité la phase finale de la Gueoula, nous avons tout de même achevé cette étape de la Gueoula : notre Indépendance et notre Souveraineté sur notre Terre.
Beaucoup de Talmidei-Hakhamim ont combattu le mouvement Sioniste parce qu’ils prévoyaient la Gueoula comme une ère future qui sera achevée des son commencement et non comme un processus en cours. Mais la déclaration du Talmud de Jérusalem Berakhot 1:1 établit clairement que la Gueoula arrivera « petit a petit », comme la diffusion de lumière de l’aurore dans le ciel matinal et c’est exactement ce à quoi nous sommes témoins: la Gueoula est un processus qui avance étapes par étapes.
Nous devons examiner l’histoire avec un point de vue de Emounah. Nous devons reconnaitre que le Maitre de l’Univers contrôle et dirige tous les événements.
Nos Sages ont dit : Quel est le sens du verset, « car qui mépriserait le jour de ces humbles commencements » (Zekharya 4:10)? Quelle est la cause du mépris de la table des Justes a l’ère future? C’est la faiblesse de leur Emounah, car ils n’ont pas su croire en Hachem (Sotah 48b).
Pourquoi la part future (la ‘table ») de ces tsadikim est-elle entachée? Parce qu’ils sont des Tsadikim qui n’ont pas la foi en D.. Ils voient le monde d’un regard étroit et n’arrivent pas a voir la Main de D. dans les événements de l’histoire. La Gueoula n’a pas à venir par de grands miracles; D. peut aussi l’amener par des événements et forces naturelles.
LA PROPHETIE DE LA GUEOULA DE YE’HEZKEL
Les différentes étapes de la Gueoula sont clairement décrits de manière ordonnée dans la prophétie de Ye’hezkel. La prophétie parle tout d’abord de l’étape initiale de la Gueoula, c’est-a-dire le rassemblement des exiles:
Et je vous retirerai d’entre les nations, je vous rassemblerai de tous les pays et vous ramènerai sur votre sol. (36:24)
Seulement après cette étape initiale, le prophète décrit la Techouva et le Retour Spirituel du Peuple :
Et j’épancherai sur vous des eaux pures afin que vous deveniez purs; de toutes vos souillures et de toutes vos abominations, je vous purifierai. Je vous donnerai un cœur nouveau et je vous inspirerai un esprit nouveau; j’enlèverai le cœur de pierre de votre sein et je vous donnerai un cœur de chair. Je mettrai en vous mon esprit et je ferai en sorte que vous suiviez mes statuts et que vous observiez et pratiquiez mes lois. Vous demeurerez dans le pays que j’ai donne à vos pères, vous serez pour moi un peuple, et moi, je serai pour vous un Dieu.
Le récit de la Gueoula est en accord avec l’opinion de Rabbi Yehochoua dans Sanhedrin 97b, à savoir que la Gueoula arrivera indépendamment des mérites du Peuple Juif – « même s’ils ne font pas Techouva ».