Aux sources de la joie
Ces jours que la tradition dénomme “redoutables” se sont achevés dans la joie. C’est, en effet, une pure allégresse qui a salué la fin de Yom Kippour et qui ne fait que grandir jusqu’à ce qu’arrivent les célébrations de Souccot et leur point culminant, Sim’hat Torah. Le bonheur qui s’exprime ainsi pose parfois question en ces temps troublés: d’où le peuple juif tire la force de la réjouissance? Voici que les moments les plus solennels, les plus austères aussi, de l’année se sont à peine conclus que la joie surgit avec une puissance indépassable!
La réponse à cette interrogation qui traverse le tumulte des siècles tient peut-être dans la Soucca, cette humble cabane couverte de branchage qui est notre demeure pendant la semaine de fête. Chaque année, lorsqu’elle s’élève, elle interpelle le monde des hommes avec la même tranquille assurance. Elle se dresse comme un témoignage. Cette simple cabane, si fragile, qu’un souffle de vent pourrait abattre, a traversé le temps, suivi le peuple juif sur tous les continents, survécu à toutes les épreuves. Fidèle, elle se tient là sans que, semble-t-il, rien ne puisse jamais l’en empêcher. D’autres civilisations, orgueilleuses et puissantes ont, elles aussi, construit des édifices. Ceux-là étaient grands et solides, faits pour durer aussi longtemps que l’éternité. Mais les années sont passées et ont eu raison de leurs ambitions. Leur splendeur s’est éteinte et, avec elle, jusqu’au souvenir de leurs bâtisseurs, réduits à quelques lignes des livres d’histoire.
La Soucca est toujours parmi nous, abri qui ne devrait résister à rien et pourtant survit à tout. Elle est le signe d’un secret et c’est lui qui lui donne cette force : la confiance en D.ieu. De fait, un tel abri ne vaut que pour ce qu’il représente. Et c’est justement une telle confiance, absolue, sans limite, qui est la source de la joie du temps. Après la “solennité” de Roch Hachana et de Yom Kippour, voici venu le temps du pardon divin. Notre confiance en Lui nous l’assure et notre cœur sait en ressentir cette joie unique. Il nous revient de la vivre intensément, nos Sages ne disent-ils pas qu’elle brise les barrières ?
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