PARACHA VAYESHEV 5785 – 20 décembre 2024 – 19 kislev 5785
Horaires de shabbat
Tel- Aviv /Ashdod – 16 h 20 – 17 h 21
Jerusalem – 15 h 59 – 17 h 20
Netanya – 16 h 19 – 17 h 20
Haifa – 16 h 07 – 17 h 18
L’EXPRESSION DE LA HAINE ENTRE FRERES
Dans un acte juridique où l’on requiert l’inculpation d’un quidam, en marge de chaque paragraphe apparaît la mention « étant donné que » ou « vu »….
Dans cette section, qui est souvent lue aux approches de hanouka, tous les versets commencent par la lettre « vav » en dehors de 8 versets. Tout se passe comme si le texte passait en revue tout l’historique des actes de Joseph qui « motive » sa vente par ses frères.
Mais, pas seulement : la vie de Juda qui est intervenu en faveur de son jeune frère, est examinée et le début de la descendance « royale » de Juda est amorcée. Sont rapportées dans ce chapitre les péripéties qui émaillèrent la vie de Joseph en Egypte jusqu’à son incarcération et pendant son incarcération En tout 112 versets dont seulement 8 (1) ne commencent pas par la même lettre.
Certains Sages trouvent dans cette péricope une allusion à Hanouka et d’autres tirent un parallèle entre cette parasha et la Meguila de Ruth car c’est dans cette sidra de VAYESHEV qu’est évoquée la descendance de Juda qui est la branche royale d’Israël et l’histoire de Ruth à la fin de laquelle se trouve l’énoncé de la descendance de Péretz, fils de Juda, aïeul du roi David luimême aïeul du Mashiah. Rappelons, pour revenir à notre exposé de ce jour,
que de toute la meguilat Ruth, tous les versets commencent par la lettre « vav » sauf 8 tout comme dans Vayéshev !!!
Rabbénou Behayé tire un enseignement en rapport avec la sidra et la fête de Hanouka en rappelant que si, dans toute cette portion de Torah seuls 8 versets font exception aux autres 104 versets commençant par la lettre « vav » c’est pour nous donner un « remez » (allusion) à Hanouka dont le miracle fêté est rappelé par l’huile et par le fait que le chiffre 8 symbolise tout ce qui n’est pas naturel comme le miracle du kad hakemah car ce miracle non plus n’était pas une manifestation naturelle.
Le grand tsadik, Rabbi Tsadok de Lubline (2), expose son approche de Hanouka en posant la question de savoir pour quelles raisons est-il précisé dans la halakha que l’on doit disposer la hanoukia à gauche et que le père de famille doit se trouver au milieu, avec son talith entre la mezouza à droite et la hanoukia à gauche comme spécifié plus haut ? Parce que dit-il la mezouza et les tsitsioth sont des signes qui doivent rappeler constamment au Juif qu’il fait partie intégrante du peuple et, la hanoukia à gauche est, un peu comme les tefiline, qui coordonnent la pensée et l’action.
De plus, si les olives risquent de provoquer un affaiblissement de la mémoire, l’huile d’olives renforce la mémoire pour que toujours nous nous rappelions les miracles faits par HaShem pour protéger et sauver Son peuple.
Les lumières de Hanouka sont une allusion aux jours du Mashiah. Car la venue du Rédempteur est un évènement surnaturel ainsi que tout ce qui aura lieu en ce temps : le Temple qui descendra tout prêt des Cieux, la harpe dont les Léviim jouaient au Temple comportait 7 cordes alors, et, le temps venu, aux temps messianiques, cette harpe, comportera 8 cordes !
Lorsqu’HaShem a voulu créer l’Homme, les Anges L’en ont dissuadé et, lorsqu’IL décida de faire don de la Torah, alors que Moïse escaladait le Mont Sinaï, là encore les Anges ont fait remarquer au Créateur : « pourquoi donner cette Torah que Tu as écrite et qui existe depuis des lustres aux hommes »?
Le Tout Puissant leur dit : Moïse va vous répondre ! C’est alors que le plus grand des prophètes s’en prit aux Anges en les questionnant : » que voulez-vous faire de la Torah ? Avez-vous été esclaves en Egypte et en êtes-vous sortis ? Avez-vous des parents pour les honorer ? Avez-vous la possibilité comme des êtres humains de mentir, voler, tuer …???? Alors, pourquoi voulez-vous la Torah ? Vous n’en avez pas besoin au contraire de l’homme
!!! » Les Anges n’avaient rien à rétorquer.
L’homme a besoin chaque jour à chaque seconde de se souvenir de son allégeance à l’Eternel et d’obéir aux lois que la Torah contient car cette Torah a été offerte au peuple juif mais elle se renouvelle chaque jour à chaque instant et elle vibre à chaque fois qu’un Juif étudie ce texte sacré et à chaque fois que celui-ci la commente et la diffuse. A chaque fois qu’un Juif étudie la Torah, il génère des Anges en quantité et, à chaque mot de Torah prononcé et étudié, le Juif acquière des mérites par milliers pourquoi s’en passer ?
Les Sages nous enseignent que depuis la lutte de Jacob avec l’ange – envoyé d’Esaü – qui toucha Jacob à la cuisse, à chaque génération se lève un persécuteur dont la finalité est de nuire au Juif en tentant de détruire ce que ce Juif possède de plus précieux : la Torah bikhtav (torah écrite) en interdisant le shabbat, la circoncision, l’étude et la Torah shébeâl pé (torah orale) en interdisant la transmission de cette loi et des additifs qui y ont été
faits.
Que s’est-il passé lors de la lutte de Jacob et l’envoyé d’Esaü ? Cet « ange » lutta pour essayer de toucher Jacob sur l’une de ses jambes : rappelons que d’après l’arbre séphirotique, la jambe droite et la jambe gauche sont rattachées à la sphère du Hod et à celle du Netsah.
Cet envoyé d’Esaü tenta d’atteindre les deux jambes de Jacob mais il n’atteignit que le « nerf » (sciatique) qui s’appelle en hébreu : le nerf « hanashé » dont le sens est « l’oubli » car son but final était d’obliger Jacob à oublier la Torah, l’étude et la pratique. C’est la raison qui poussa plus tard Joseph à appeler son premier fils Menashé car il voulut ainsi rendre grâce du fait qu’en Egypte il faillit tout oublier mais il n’en fut rien.
Ceci est le moins que l’on puisse dire : en effet, dans la précédente sidra de vayishlah, nous nous sommes attardés sur la rencontre entre les deux frères ennemis, ces deux frères ou peuples devrait-on dire plutôt, et la lutte avec l’ange et le changement de nom du patriarche de Jacob en Israël, celui-ci, assiste impuissant au viol de sa fille Dina et à l’expédition punitive de Simon et Lévy contre la population de Shekhem (Naplouse) et la naissance de Benjamin provoquant la perte de Rahel, désormais ensevelie seule sur la
route de Beith Léhem en Judas.
Le patriarche a vieilli, mais il continue à chérir le fils aîné de son épouse « désignée » : il faut rappeler que dès son arrivée chez Laban, le troisième de nos patriarches avait demandé la main de Rahel à Laban et donc, celle-ci était son épouse désignée (3).
Lorsqu’il fut contraint d’épouser Léa par tromperie, Jacob éprouva une certaine aversion envers cette femme mais il apprécia, néanmoins, ses qualités et sa digne conduite bien qu’il aimât davantage Rahel, la sœur cadette.
On ne peut comprendre pour quelles raisons Rahel qui transmit les secrets (les codes secrets de reconnaissance confiés par Jacob à Rahel) à sa sœur pour lui éviter d’être démasquée cette femme eut un destin si tragique : elle, qui, renonça pour une soirée à l’amour de sa vie, fut stérile et ne put enfanter que deux enfants à cet homme qu’elle aima du premier regard. Pourquoi n’eut-elle que deux enfants tout comme les deux concubines ?
En réalité, cette miséricorde et cette douceur dont elle usa envers sa sœur sont des qualités qui lui ont permis de jouir d’une « voix » auprès d’HaShem lorsqu’elle sait que le peuple juif est en difficulté, ses pleurs atteignent le Trône divin et elle implore ainsi l’Eternel lorsque cela est nécessaire.
Le texte de notre parasha insiste sur le fait que Yossef colportait des informations sur ses frères. Du lashon hara ou de la médisance. Il rapportait à son père le fait que ses frères prélevaient sur des bêtes vivantes des morceaux qu’ils mangeaient contrevenant de la sorte aux 7 commandements noahides. Il confia aussi à son père le fait que ses frères (les fils de Léa), méprisaient les fils des concubines (fils de Zilpa servante de Léa et de Bilha
servante de Rahel) et qu’ils pratiquaient aussi des relations intimes interdites. Aussi, dans ce chapitre 37 verset 14, Yaakov charge-t-il Yossef de trois missions : לך-נא, ראה שלום אחיך ואת שלום הצאן והשיבני דבר : vas : לך-נא, ראה שלום אחיך ואת שלום הצאן והשיבני דבר : missions trois de plaît voir tes frères et voir le bétail et renseigne moi. Dans ces trois verbes
sont inclus les trois fautes dont Yossef avait incriminé ses frères : les relations interdites, le mépris des fils de Léa concernant les fils des concubines, et le prélèvement d’organes sur des bêtes vivantes. Ce que Joseph ignorait c’est que ses frères, plus âgés que lui, avaient accès à des pratiques que nous qualifierons de cabalistiques dans notre lexicographie
actuelle, au moyen desquelles ils créaient des animaux avec le sefer hayetsira….
En quoi consistait cette faute concernant les fils des servantes ? Les fils de Léa pensèrent que les deux seules épouses de leur père étaient donc Léa et Rahel, méprisant ainsi le statut des deux autres femmes. Or, au décès de Rahel, lorsque Yaakov transposa sa couche de la tente de Rahel à celle de Bilhah Réouven, fils aîné de Léa pensa qu’il était indécent de laisser la couche du Patriarche dans la tente de Bilha et il voulut faire respecter sa mère épouse de Yaakov ! Il fallut donc que le Patriarche mît les choses au point auprès de Réouven et lui signifia que les deux servantes étaient des épouses au même titre que Rahel et Léa. En réalité, les dix autres frères de Yossef pensèrent qu’il s’agissait de médisance tandis que Yossef était sincèrement persuadé qu’en fait il était possible de réparer les fautes commises au moyen de légères remontrances ou d’un complément d’information tel que le fit Yaakov en précisant aux fils de Léa qu’il avait bel et bien épousé les quatre femmes de manière tout-à-fait légale.
Au lendemain de la faute commise par Réouven, Yaakov transposa le droit d’aînesse sur Yossef, or, à présent, que va-t-il se produire après que la vente de Yossef fût évidente ???
L’aînesse devait-elle donc retourner chez Réouven ? Dans cet acte que fut la vente de Yossef étaient réellement impliqués seulement 9 frères de Yossef étant donné que Benjamin était très jeune et que Réouven, en cet instant, s’était éloigné de ses frères car c’était, pour lui, le moment de se rendre auprès du patriarche pour le servir : lui préparer son repas et le lui présenter, entre autres. Or, dans cette affaire : les dix frères jalousaient Yossef et le haïssaient, en général parce qu’il était perçu comme le préféré du père et à
cause des songes qu’il leur avait racontés. Cependant, Réouven avait déjà préconisé de ne pas le tuer mais de l’éloigner pour éviter qu’il ne fût de nouveau l’objet d’un amour paternel démesuré. Judas (Yéhouda) aussi partageait la même opinion : en conséquence le jeter dans un puits leur sembla être une excellente opportunité : il n’y avait dans ce puits-là pas d’eau. Ainsi, s’il n’y pas d’eau, il ne risquerait pas de se noyer pourtant l’eau
est-elle le seul danger à craindre dans une région chaude ? Ne doit-on pas craindre d’autres dangers ? Des serpents ? Des scorpions ? Si Réouven affirme qu’il n’y a pas d’eau cela signifie-t-il qu’il a vérifié qu’il n’y avait point d’autres dangers tapis ?
Pour ceci nous devrons citer deux opinions dont tiennent compte nos Sages : le puits était d’une profondeur de 20 coudées cette profondeur ne permettait pas de distinguer les choses avec précision d’autant que les serpents et les scorpions se protègent de la chaleur en se réfugiant dans les moindres fissures d’un revêtement en glaise s’il n’y a pas d’eau. La seconde opinion est qu’il existe autant d’opinions qu’il y a de personnages présents
c’est la raison pour laquelle pendant la lecture de la sidra Nasso tout comme lors des 8 jours de Hanoucca seront lus les versets des sacrifices offerts par les présidents de chaque tribu bien qu’il s’agisse du même texte répété 12 fois car nous disent nos sages chacun présentait son sacrifice avec des pensées totalement différentes tant dans leur cœur que dans leur mental.
Nous avons émis plus haut le fait qu’il suffit, parfois, de se repentir pour rattraper ou racheter une faute commise. Le Rama de Pano rapporte l’histoire d’une femme vertueuse dont le sort fut de revenir sur terre sous une identité différente : elle s’appelait Miriam et avait 7 fils tout aussi vertueux que leur mère et, il arriva que l’empereur romain qui persécuta cette famille, exigea que ces 7 hommes juifs se convertissent au christianisme et
devant leur refus d’obtempérer, ils furent exécutés un par un. Avant que ne fût tué le dernier et plus jeune fils, Miriam demanda à l’empereur d’embrasser son fils et de lui parler une dernière fois. Elle demanda à son fils que lorsqu’il arriverait « en haut », qu’il se présente à Abraham Avinou en lui disant que sa mère avait largement expié la faute qu’elle fit un jour….. De quoi s’agissait-il ? Le grand sage italien explique que cette Miriam était la réincarnation d’Amtelay bat Karnévo, mère d’Abraham. Que s’était-il donc passé ?
Lorsqu’Abraham fut jeté dans la fournaise à Our Kasdim (4) , Amtelay s’était vivement opposée car elle craignait bien évidemment de perdre son fils.
Cette réincarnation fut son « tikoun » c’est-à-dire la réparation de ce « refus ». Réouven et ses frères bien qu’ils aient respecté leurs parents n’ont pas pensé outre mesure au fait de la souffrance qu’ils infligeraient à leur père.
Le Ari zal explique que lorsque Rabbi Shim’on bar Yoyaï s’enferma dans une grotte près de Lod, Eliahou HaNavi venait chaque jour enseigner les secrets de la Torah au « Rashbi »5 et à son fils Eléazar. Ces derniers vivaient enterrés dans le sable jusqu’au cou et ne se nourrissaient que de caroubes et d’eau qu’HaShem avait suscités dans cette grotte pour qu’ils pussent se dédier entièrement à l’étude de la Torah.
C’est pourquoi il est écrit dans cet « hymne » à Shim’on bar Yohay qu’il a possédé le Hod et le Netsah ; la magnificence et la victoire car il a su se consacrer totalement à la Torah en brisant tous les obstacles.
Il est écrit ainsi qu’en fournissant des efforts immenses, l’homme devient aussi pur et précieux que l’huile d’olives car l’olive, le fruit, tel qu’il est, lorsqu’on le cueille, n’est pas agréable pourtant, en le pressant, ce fruit donne un liquide précieux sur tous les plans spirituels, matériels et même sur le plan nutritif. Et, non seulement ceci, mais l’arbre en lui-même : l’olivier est qualifié de « zayith ra’ânane » c’est-à-dire l’olive/l’olivier frais car il est toujours vert, ses feuilles n’étant pas caduques !!!
Dans peu de temps Hanouka arrivera et chaque soir la hanoukia recevra une lumière6 de plus, huit jours durant. Ces veilleuses feront régner dans tous les foyers juifs une lumière spirituelle pour repousser l’obscurité spirituelle dans laquelle voulurent nous enfermer les Grecs, et tous ceux qui veulent nous éloigner de notre foi et de notre Créateur.
Caroline Elishéva REBOUH
ד »ר קרולין אלישבע רבוה בן אבו
1 – Selon les éditions l’un des versets doit être coupé en deux ce qui modifie le nombre de 8 à 9 versets et en
fait tout de même un « lien » avec Hanouka comme il sera exposé plus bas.
2 – Rabbi Tsadok HaCohen Rabinovitch de Lubline (1826-1900) était un grand penseur et il possédait également un très grand savoir en astronomie, algèbre et géométrie. Il était un adepte de la hassidout et a été un auteur prolifique.
3 – Nous reviendrons sur ce point lorsque nous arriverons au chapitre 46
4 – Ou Ur en Chaldée en français mais en réalité la traduction est la fournaise dans laquelle étaient jetés tous les condamnés
5 – Rashbi est l’anagramme de Rabbi Shim’on Bar Yohay
6 – De préférence une veilleuse à l’huile d’olives.