Voici que le verset 26 du premier chapitre de la Torah (la Genèse/Bereshit) nous livre l’information suivante : HaShem décide de créer l’homme à Son image :
ויאמר אלקים נעשה אדם בצלמנו כדמותנו…….
Dieu dit: « Faisons l’homme à notre image, à notre ressemblance………………..
Quel est le sens de ces deux mots « image » et « ressemblance » ? Est-ce à dire que nous Lui ressemblons physiquement globalement ? Mais l’homme ne ressemble à aucun autre ??? Il y en a de beaux, de très beaux mais il y en a aussi des moyens et des franchement…. « ratés »… Comment se fait-il ? Si l’homme a été créé à l’image de son Créateur il ne peut être laid !!!
Voyons les explications que nous pouvons tirer de la littérature rabbinique et, je ne peux commencer ce sujet sans citer un midrash que j’apprécie énormément et, dois-je dire, bien que j’aie étudié ce midrash avec mon Maître, zal, il y bien longtemps à présent, je me souviens de chacun des mots qu’il employait pour nous transmettre cet enseignement traditionnel : ils disaient donc (le midrash et lui) que lorsque le Créateur de l’Univers créa le monde et ce qu’il renferme, IL le créa tout en regardant Sa Torah (tout comme un cuisinier consulte sa recette) mais, lorsqu’arriva le sixième jour de la Création, et qu’IL décida de créer l’homme, les Anges « manifestèrent » (pour employer un terme plus actuel) et s’exclamèrent et s’interposèrent en arguant que la création de l’homme serait une déception car il n’aura de cesse que d’exercer son libre arbitre et, qu’en conséquence cet homme serait source d’amertume, de déception et de désolation. A ceci, le Saint, béni soit-IL, rétorqua que c’est justement en dotant l’homme de toutes les facettes spirituelles dont bénéficient les Anges que sera donnée à la créature humaine la possibilité, conférée par le libre arbitre, de choisir sa voie, d’élire le sentier de droiture et de fidélité envers le Tout Puissant.
Et, terminait, mon Maître, avec ces mots : IL revêtit , alors, la Midath HaRahamim (Attribut de Miséricorde) et procéda à la création de l’homme.
Au sujet du pluriel qui est employé « nous ferons…. A notre ressemblance » il s’agit bien entendu du pluriel de majesté. Cependant, il existe aussi un midrash selon lequel le pluriel est employé car HaShem a voulu ainsi associer les Anges à la création de l’être humain.
Je voudrais attirer l’attention sur le fait que, comme nous le savons tous il est possible de s’adresser à HaShem en invoquant l’un de Ses nombreux noms : par exemple, nos mères ou nos grands-mères pour réclamer une protection supplémentaire du Saint, béni soit-IL avaient coutume d’invoquer « SHA—DAY » car, c’est par ce nom que nous avons été protégés de l’Ange de la Mort juste avant la Sortie d’Egypte[1]. De même, lorsque dans nos prières nous réclamons Justice c’est ELOKIM que nous invoquons, pour demander Miséricorde nous adressons nos demandes au Tétragramme !!! Or, tout au long des chapitres 1 et 2 de Bereshith c’est le nom divin de justice qui est cité pour faire comprendre que la Création a été exécutée entièrement basée sur la justice, même pour la création de l’homme et à plus forte raison lors de l’épisode de la faute originelle ! Ce n’est qu’après cela qu’apparaîtra le Tétragramme pour nous délivrer le message suivant HaShem est là pour écouter et entendre les prières, les demandes mais aussi l’étude de l’homme !!
Ce premier verset du chapitre 3 débute ainsi :
וַיְכֻלּוּ הַשָּׁמַיִם וְהָאָרֶץ
Apparaissent ainsi on ne peut plus clairement les lettres du Tétragramme un peu comme un signe débouchant sur plusieurs liens : HaShem nomme l’homme comme « gardien/garant » du monde végétal/animal/minéral et nomme Sa créature comme supérieure aux autres créatures animales (du mot anima = doté d’une âme) cependant que cette créature qu’est l’homme s’assujettit aux lois imposées par le Maître de l’Univers : Repose toi et respecte le jour du shabbat et HaShem est là pour veiller, récompenser, pour se délecter des bonnes actions menées par la créature humaine.
La Miséricorde est à portée de ….shabbat ? de respect des Parents ? des mitsvoth ?
Pour sa part, le Zohar amène de très nombreux messages éclairant cette étonnante ressemblance qui nous relie à notre Père qui est au cieux. La ressemblance n’est pas physique car l’Etre Suprême, nous le savons et en sommes persuadés, ne possède point de corps lorsque nous parlons de « doigt de D » ce ne sont qu’expressions anthropomorphiques ou figuratives permettant au cerveau humain de saisir ce qui appartient au divin.
Cette création humaine n’est complète et viable que lorsque se mêle le spirituel (l’âme) au matériel (physique : tout ce qui définit le corps : les os, muscles, nerfs, tendons, humeurs, fluides, liquides…..) Dans cette création interviennent dorénavant (depuis la conception d’Abel et Caïn) 3 agents : les parents et HaShem. Ce triangle se retrouve dans la figuration des relations humaines tant sur le plan de la bénédiction qui couronne toutes les relations humaines (cf. le Maharal[2]) tout comme dans l’illustration du Maguen David où chacun des deux triangles figure le masculin et le féminin dans une union sacrée.
Le discours anthropomorphique continue dans notre rituel quotidien lorsque trois fois par jour on récite le psaume 145 de David où à la lettre « pé » le psalmiste a écrit : « ouvre Tes mains » ou bien même dans ce poème liturgique Ana bekoah qui reprend grâce à ses vers le nom divin en 42 lettres l’anagramme des mêmes mots : « poteah eth yadekha » sous la forme du sigle : pé-alef-youd à ce stade, le Zohar précise qu’il n’est point question des « mains » du Tout Puissant mais bien d’autre chose : on demande au Créateur d’ouvrir pour nous Ses (lettres) youd symbole de pureté, de perfection, symbole également de la Présence divine.
Ainsi, de même que le Juif s’adresse à son Créateur pour diverses raisons, dans des buts différents, en des périodes différentes et que chacune de ces facettes possède un nom, c’est sur ce même schéma qu’HaShem, dans Son immense Sagesse, a procuré à la créature humaine un potentiel physique, matériel et spirituel pour comprendre (autant que faire se peut) dans chaque discipline ce qu’il a intérêt à faire, et comment le faire.
Dès Bereshit HaShem a mis à la disposition de Ses enfants absolument TOUT et IL a procuré tous les supports tous les moyens pour vivre et mener sa mission à bien car, les sciences basiques (calcul/algèbre/géométrie/astrologie/science du calendrier etc… TOUT CECI a été transmis à Adam au 6ème jour de la Création et ce fut transmis de génération en génération[3] de manière à permettre aux humains de se repérer dans le temps et l’espace et de permettre d’utiliser tout ce dont ils disposaient.
C’est donc dans cette approche que l’homme fut créé « betsalmo » (à sac ressemblance) c’est qu’il fut le seul être créé pourvu d’intelligence, du pouvoir de réflexion et de déduction au point de pouvoir exprimer un choix et de s’y tenir.
A sa ressemblance ne signifie pas : « trait pour trait » mais spirituellement il a des capacités à exploiter….
Caroline Elishéva REBOUH.
[1] Ce nom de SHINE- DALETH – YOUD anagramme de deux phrases différentes : SHEamar DAY (qui a dit c’est assez) ou bien et c’est beaucoup plus adapté car, en demandant aux Bené Israël de badigeonner les linteaux des portes du sang de l’agneau pascal, IL a protégé Son peuple (et c’est en souvenir que l’on retrouve souvent ce nom SHA-DAY sur les étuis et les parchemins de mezouzoth).
[2] Maharal : lorsque les hommes se tendent la main D étend « les Siennes » pour bénir Ses créatures (triangle)
[3] R’ David Ganz (XVIIème siècle) à Prague, historien et philosophe.