PARASHAT BAMIDBAR 5781– VENDREDI 14 MAI 2021 / YOM CHICHI 3 sivan 5781- Horaires Ashdod : Entrée 19 h 10 – Sortie : 20 h 12
L’IMITATION DES ANGES.
C’est avec cette sidra que s’ouvre le quatrième tome du Pentateuque qui en hébreu porte le nom donné par le premier mot apparaissant dans cette première phrase alors qu’en hébreu ce quatrième tome nous entretient de ce qui se déroule dans le Sinaï pendant ces quarante années de pérégrinations. Cependant qu’en hébreu ce livre possède une autre appellation : Sefer HaPikoudim ou, pourrait-on dire, des dénombrements en rapport avec l’appellation française du même volume : Les Nombres.
En effet, il est question du dénombrement des Bené Israël dans la Torah. Bien entendu, les Sages de toutes les époques se sont penchés sur ces dénombrements qui ont lieu dans la Torah. Certains, comme Rashi[1] ou comme le Shlah HaKadosh, donnent une raison traduisant l’affection du Créateur pour Ses brebis tout comme un berger comptant et recomptant sans cesse son troupeau pour être sûr que toutes ses bêtes sont là ou comme un parent qui compte ses enfants ou comme un homme extrêmement riche qui contemplerait sans cesse ses joyaux pour les admirer et les « chérir ».
D’autres rabbins s’interrogent sur le fait que, l’inauguration du Mishkan ayant eu lieu au 1er Nissan, quelle est la raison qui motive le dénombrement au 1er Iyar soit un mois après cette inauguration ?
Rabbi Eliahou Mizrahi[2], le Kli Yakar, et le Sifté Hakhamim prennent en compte le fait que, d’après la halakha, n’est considéré comme « toshav » (résident) à part entière d’une cité qu’après que la personne y ait logé plus de 30 jours[3]. Auquel cas, le Saint béni soit-IL ayant commencé « à résider au milieu du peuple Juif » au 1er Nissan, il est logique que le dénombrement n’intervienne qu’un mois après que la Présence Divine (la Shekhina) soit « entrée » dans la Tente d’Assignation (Ohel Moêd).
D’autre part il y a un autre objectif à vérifier par le dénombrement : qu’il y ait plus de 22,000 hommes… dans quelques instants nous vérifierons pour quelle raison, après que nous aurons pu procéder à un éclaircissement.
Il y a quelques mois, lorsque le Patriarche Jacob a voulu faire ses adieux à ses fils, il a assigné à chacun de ses douze fils qui se tiendrait de quel côté de son lit[4]. De manière donc logique et automatique, lors du campement des Bené Israël autour du Mishkan, les tribus se placèrent dans l’ordre dans lequel ils étaient placés atour de Jacob.
Sur ses vêtements sacerdotaux, le Cohen Gadol, arborait le Hoshen Mishpat sur lequel étaient enchâssées 12 pierres précieuses. Sur chacune était gravé le nom de chaque tribu et, la couleur de chacune d’elle devint la couleur de l’étendard de chaque tribu.
La bénédiction que le Patriarche donna à chacun des futurs chefs de tribus s’illustra d’emblèmes tels que : Ruben s’illustra par la cueillette de mandragores, ou Zabulon par les vaisseaux etc…
Lorsque les descendants de Jacob parvinrent aux pieds du Mont Sinaï et qu’HaShem leur proposa la Torah et qu’ils déclarèrent en chœur : « Naâssé venishmâ » soit nous appliquerons (la loi) et nous l’entendrons (c’est-à-dire nous l’étudierons après), le zèle dont ils firent preuve les plaça au même niveau spirituel que les Anges.
Lorsque la Shekhina prit place dans la Tente d’Assignation, Elle était entourée d’un aréopage de 22,000 anges et chars célestes lorsque chaque ange brandit un étendard à son propre insigne.
C’est donc la raison pour laquelle le dénombrement devait assurer le fait que l’assistance était d’au moins 22,000 personnes pour garantir en quelque sorte que l’aréopage terrestre était de même importance que l’aréopage céleste.
Les humains ébahis par cette splendeur et cette magnificence céleste voulurent en être une pâle imitation c’est pourquoi ils réclamèrent des drapeaux lesquels furent, pour le fond coloré : la teinte de la pierre du Hoshen Mishpat, l’emblème étant celui de chaque tribu :
Reouven : les mandragores ;
Shimôn : la tour[5] ;
Yéhouda : lion ;
Issachar : le soleil et les étoiles[6] ;
Zabulon : les navires ;
Dan : un serpent ;
Naftali : la biche ;
Gad : un campement ;
Asher : un olivier ;
Ephraïm et Menashé[7] : pour la tribu d’Ephraïm un jeune taureau regarde une pyramide (l’Egypte) et pour Menashé un palmier dattier ;
Binyamin : un loup.
Ainsi, le peuple ressentit l’envie de se surpasser et d’atteindre à un statut supérieur au statut d’hommes ou de simples créatures terrestres. Cependant, ils ignorèrent que le fait d’atteindre un « monde » auquel ils ne peuvent appartenir exige des forces morales et spirituelles d’un niveau si « haut » que cela peut ne pas se maintenir.
Pour combien de temps un tel changement peut-il rester, demeurer et résister aux atteintes du monde matériel des hommes ?
Le Zohar décrit les choses en les comparant à un lieu, à un moment et à une sorte de personnes en s’exprimant ainsi : Le Mont Sinaï est entièrement fumée ou « Har Sinaï âshan koulo » הר סיני עשן כולו. Le mot fumée âshan est formé de trois lettres : âyine-shine-noune. Ces trois lettres formant les initiales des mots ôlam, shana et nefesh.
Ôlam (monde) se rapporte à un lieu qui est dans ce contexte le Beith HaMikdash
Shana (année) se rapporte à un moment de l’année et dans ce contexte il s’agit de Yom Kippour.
Nefesh (âme) se rapporte à l’âme d’un homme et dans ce contexte à celle du Cohen Gadol.
Car, lorsque les Juifs acceptèrent la Torah, et qu’ils prononcèrent le fameux « naâssé venishmâ » ce fut un moment ultime de l’existence de ce peuple qui atteignit un lieu d’une sainteté extrême à un moment d’une gravité extrême avec le plus grand des prophètes que la Terre ait porté et, cela ressemblait au moment où le Cohen Gadol vêtu de ses vêtements sacerdotaux et dans toute la magnificence et la gravité du moment pénétrait dans le Saint des Saints pour intercéder et demander le pardon pour tout ce peuple. C’est ce qu’exprime le Zohar en écrivant ceci : il s’est agi là du summum de la vie spirituelle du peuple juif.
Caroline Elishéva REBOUH.
[1] Rashi ou Rabbi Shlomo Itshaki de Troyes 1040-1105 ; Shlah hakadosh ou Rabbi Yeshaya Horwitz 1555-1630 Prague-Tibériade ;
[2] Eliahou Mizrahi ou Re’em Constantinople 1455-1525 ; Kli Yakar ou R’ Shlomo Luntshish 1550-1619, Pologne-Prague ; Sifté Hakhamim ou R’ Shabtaï Bass Pologne 1641-1718 .
[3] C’est d’ailleurs d’après cette disposition qu’un Juif peut résider sans mezouza un mois plein.
[4] Il demanda à ses fils de se placer selon l’ordre qu’il imposerait pour porter sa dépouille le temps venu et dans l’ordre qu’il fixa à raison de 3 fils de chaque côté de la couche mortuaire.
[5] Représentant la ville de Sichem.
[6] Représentant l’étude spirituelle.
[7] A la place des tribus de Lévy et de Yossef ont été nommées les tribus des fils de Joseph.