Le verbe français migrer qui indique une mouvance ou un déplacement est souvent précéder de « ex » ou de « in » selon que l’on désire indiquer la transposition qui s’effectue vers l’extérieur d’un pays par exemple ou précédé de « in » indiquant « vers » ou à l’intérieur…..
Le mouvement d’émigration de France a mis les médias en éveil en France. Mais les mauvais esprits veillent et guettent l’écueil. Certains de ces émigrants au bout de quelques mois reviennent en France. Pourquoi aussitôt se lèvent des boucliers venus d’horizons différents de France, d’Israël, des bouches s’entrouvrent pour donner des raisons qui, à mon avis n’existent pas ? car on essaye de donner des raisons globales à des problèmes qui ne sont que des questions individuelles, personnelles et privées qu’il s’agisse de la volonté et de la prise de position d’émigrer ou d’immigrer. De partir ou de revenir. Et ceci pour une seule et unique raison : le départ de France n’est pas obligatoire.
Vivre en France est pour la plupart des Juifs une continuité depuis plusieurs générations voire plusieurs siècles de familles ayant choisi la France pour y vivre à l’abri de pogroms et d’autres exactions subies par eux-mêmes ou leurs pères en Europe de l’Est. En fuyant la Pologne, la Russie, la Lituanie, et d’autres pays comme ceux-ci, les Juifs claquèrent la porte derrière eux en sachant qu’il n’y avait pas d’autre solution et qu’un retour en arrière n’était pas envisageable et que partir est leur seule planche de salut.
Lorsque après la crise de Suez les Juifs ont fui l’Egypte, la Tunisie, la Libye ou le Maroc et plus tard lorsqu’en 1962, la porte claqua derrière le dernier français (juif ou pas d’ailleurs), celui qui abandonna son pays natal a su que le dernier regard jeté par-dessus l’épaule serait la dernière image qu’il emporterait de ce pays où il naquit et vécut et il sut encore que coûte que coûte il lui faudrait lutter pour « faire son trou » ou pour y « faire sa place » et coûte que coûte s’habituer à la langue qui était la même mais avec un accent teinté d’aïl et d’anisette, avec des expressions qu’on ne comprenait que « là-bas », chacun a compris qu’il serait incompris et qu’il n’y avait pas lieu de comparer ni l’ardeur du soleil et la présence du brouillard et de la grisaille, ni l’odeur de la mer contre celle du fuel, ni celle du poisson frais contre celle du congelé……….. Mais, tout le monde s’y est mis en n’accordant aux souvenirs de là-bas qu’un pincement au cœur mais en se consacrant désormais à l’avenir quitte à changer de métier, de branche, quitte à faire un cours spécialisé pour acquérir une nouvelle profession.
Je ne dirais pas que là où le bât blesse est qu’aujourd’hui celui qui veut « monter » en Israël c’est quelqu’un qui a la possibilité contrairement à ses géniteurs de revenir en arrière et de revenir en France. Non, je n’aurai pas cette indécence. Car…… En Israël, grâce à D, beaucoup de gens, au fil des années, ont fait leur alya et ont compris comme tous ceux qui ont fait le choix de changer d’horizon qu’en partant, on doit opérer un changement radical dans la langue, la mentalité, les coutumes, les lois, les emplois et les salaires et tout ce qui concerne les lois salariales etc….. Si un Français allait vivre au Qatar il doit savoir que là-bas il ne jouira pas d’un long week-end mais seulement du vendredi. En allant aux Etats Unis, il lui faudra apprendre la langue sur ses propres deniers, il ne jouira pas d’une sécurité sociale avec tous les avantages qu’elle offre aux français (ou aux autres). Alors, pourquoi, dites-moi pourquoi dès qu’un Juif arrive en Israël soudain, RIEN ne va, RIEN ne lui convient ? S’il s’agit du prix de certains produits auxquels ils étaient habitués en France et qui ne sont, somme toute, que des « produits exotiques » pour l’Israélien courant (encore que depuis au moins vingt ans on trouve facilement des baguettes, des croissants, des camemberts et même du roquefort) évidemment, les esprits chauvins et chagrins prétendront qu’ils n’ont pas le même goût !!!
Lorsque la Kouppat Holim (Caisse de Maladie) permet d’aller chaque jour consulter des médecins, spécialistes etc… faire des radios, des examens de laboratoires etc….. gratuitement ou moyennant le « ticket modérateur » qui ici s’intitule « participation aux frais » ou d’avoir des médicaments même parmi les plus chers moyennant une PAF, les Français rouspètent : le médecin est froid : « il ne m’a même pas demandé de me déshabiller » !!!! Mais il a posé des questions ? Pour arriver à un diagnostic ? Et, lorsqu’il y a un doute has veshalom, il n’hésitera pas à envoyer le patient aux urgences ou directement en hospitalisation !!!!
Ce qui ne convient pas aux français non plus c’est qu’on leur donne des classes d’oulpan gratuit pour apprendre la langue de manière à s’intégrer dans la société israélienne seulement voilà, ils restent entre eux et ne font pas d’efforts pour s’intégrer et continuent à se fréquenter entre français et surtout à comparer : je gagnais tant d’argent et ici……. !!!!
Alors, je sais que tout le monde n’est pas prêt à faire des efforts, je sais qu’on peut avoir des angoisses lorsque l’on voit des portes se fermer, lorsque l’on voit que cela va être difficile voire même très difficile, je sais que la tentation est grande de retourner en France, même si l’on n’a pas toujours l’assurance de retrouver le même boulot, le même logement, je sais aussi qu’en France le prix de l’immobilier – surtout dans certaines régions – est en chute libre alors qu’en Israël les prix sont beaucoup plus élevés. Je sais tout cela, mais, faites confiance à D, parlez-Lui et demandez-Lui Son Aide : Il vous aidera car c’est ce qu’Il fait pour tous ceux qui s’adressent à Lui, si vous « montez » en couple : main dans la main réconfortez-vous et entraidez-vous mais surtout SURTOUT, si vous n’y arrivez pas pour x millions de raisons, ne vous mettez pas en cause mais n’incriminez pas Israël qui est votre maison aujourd’hui ou dans dix ans !!!! Car, Israël mettra tout en œuvre pour accueillir les Juifs peu importe d’où ils viennent mais il ne faudra pas attendre de faire des merveilles avec les faibles moyens dont le pays disposera pour le cas où il y aurait un cas d’urgence.
C’est la raison pour laquelle j’ai toujours conseillé de venir en Israël de son plein gré – et d’y rencontrer chacun à son tour les difficultés inévitables d’une migration – plutôt que d’y être acculé tous ensemble comme cela s’est produit en 1962 après l’Indépendance de l’Algérie…..
Caroline Elisheva REBOUH