entretien excellent de Laly Derai avec le Dr GUY BEHOR considéré comme un des experts les plus avertis sur le moyen orient depuis de très nombreuses années :
Dr Guy Béhor : « L’Europe est en train de se suicider »
Guy Béhor est l’un des géopoliticiens les plus brillants d’Israël et ses analyses, publiées sur son site GPlanet, très lucides et parfois douloureuses, se vérifient souvent. Il y a quelques années, il avait déjà prévu, dans les colonnes d’Hamodia, la crise migratoire qui se déroule en Europe. A l’aube de l’année 5776, nous avons voulu savoir ce qu’il envisageait pour les années à venir. Une analyse pessimiste pour l’Europe et optimiste pour Israël.
Hamodia : Voici déjà plusieurs années que vous parlez des changements démographiques qui touchent l’Europe et que vous soulignez leur impact sur les sociétés européennes. Comment analysez-vous ce qui se déroule depuis quelques semaines, avec l’arrivée massive de migrants venus d’Afrique et du Moyen-Orient ?
Dr Guy Béhor : L’Europe est en train de redevenir ce qu’elle a toujours été : un continent désagréable, limité par des frontières, avec des policiers et des chiens chargés de les protéger. L’Europe, qui avait pour étendard la libre circulation entre les différents pays qui la composent, a été contrainte d’abroger, de facto, le traité de Schengen.
La xénophobie fait son come-back, l’antisémitisme également. L’Islande, avec ses 300 000 habitants, et sa capitale, Reykjavík, avec ses 100 000 habitants, ne veulent plus acheter de produits israéliens. Voilà l’Europe d’aujourd’hui.
Concernant les migrants, on pouvait parler jusqu’à récemment d’évolution démographique et sociale en Europe mais désormais, il ne s’agit plus d’évolution mais bien de révolution ! Ces exodes massifs en direction du Vieux continent le placent dans un dilemme existentiel : si les Européens arrêtent par la force les millions qui tapent à sa porte, certains violemment, cela prouvera que la tradition libérale européenne n’était qu’un fantasme, un leurre (soit dit en passant, même si elle tente de les arrêter, elle n’y parviendra pas, le point de non-retour est dépassé). Et si elle choisit de ne pas les arrêter, l’Europe disparaîtra. Elle devra faire face à une guerre civile, extrême-droite contre extrême-gauche, mais aussi à une vague de terrorisme islamique. Je ne vois pas d’issue. Comment combattre des dizaines de millions de civils haineux ?
-N’êtes-vous pas trop alarmiste ? Une bonne partie de ces migrants n’aspirent qu’à s’intégrer dans leurs pays d’accueil…
-Bien entendu, une partie d’entre eux veut s’intégrer. Mais les consciences sont forgés par la collectivité. Or, 30 à 40% de ces migrants sont musulmans et n’ont aucunement l’intention d’embrasser la laïcité française par exemple.
Bien entendu que chaque individu qui quitte la Syrie, le Liban, la Libye, le Yémen, les territoires palestiniens, l’Afrique, ne veut pas conquérir l’Europe. Mais ces individus arrivent en Europe avec le sentiment que le continent leur doit quelque chose, et que si ils ne le reçoivent pas, il leur sera alors permis de ruer dans les brancards, voire de se soulever. L’ironie du sort est que l’Occident, qui a voulu « éduquer » l’Orient et s’exporter au Moyen Orient, fait face au phénomène inverse : c’est désormais le Moyen Orient qui s’exporte en Europe, avec toutes les conséquences que cela peut avoir…
-Comment l’Europe devrait-elle réagir, à votre sens ?
-Il est trop tard. Si vous m’aviez posé la question il y a six ou sept ans, j’aurais pu vous répondre. Mais là, les dés sont jetés. Regardez ce qui est en train de se passer : l’Europe est, de facto, en train de fermer ses frontières. Le traité de Schengen est caduc. Ce continent qui a voulu imposer à Israël le narratif des droits de l’Homme est en train de mourir à cause de ce même narratif. Les droits de l’homme se sont transformés de moyen de défense en arme. Et entre temps, on retrouve l’Europe de la moitié du 20e siècle, une Europe bardée de frontières, de barbelés, de murs, de suspicion…
-Quelles erreurs ont été commises, selon vous ?
L’Europe a commis deux erreurs massives, à mon sens. La première, en 2011, lorsqu’elle a fait tomber le régime de Khadafi, en Libye, y entraînant l’anarchie. Or, Kadhafi était le gardien de la frontière sud de l’Europe et désormais, le passage vers l’Italie, et de là vers toute l’Europe, se fait quasiment en toute liberté. La seconde erreur fut commise en 2015, avec la signature de l’accord sur le nucléaire avec Téhéran.
-Il existe donc un lien direct entre l’accord avec Téhéran et l’exode migratoire issu du Moyen Orient ?
-Oui, et je vais vous expliquer pourquoi ce qui semblait positif est en fait mauvais et vice-versa. Cette masse de réfugiés – deux millions en Turquie, un million et demi au Liban, deux millions en Jordanie – avaient le sentiment qu’un jour, ils pourraient retourner dans leurs pays respectifs : Assad tombera, l’Etat islamique disparaîtra (comme les Américains avaient promis)…
Mais avec cet accord de Genève, l’Iran se sent désormais en position de force. Elle va recevoir quelques 150 milliards de dollars grâce à la levée des sanctions, ce qui va lui permettre de continuer à s’impliquer en Syrie, en Irak, au Liban… Téhéran va renforcer Assad en Syrie, le Hezbollah au Liban, elle verse des sommes folles à la Russie, qui souhaite établir un modèle »à l’Ukraine » au Moyen Orient. Ces réfugiés comprennent désormais que leur sort est déterminé et que le Moyen Orient ne sera plus jamais celui qu’ils ont connu. Il n’est donc pas étonnant qu’ils le fuient vers les cieux européens. Qu’ils ne sont pas prêts de quitter, croyez moi…
-Et les communautés juives, dans tout cela ?
–J’avoue ne pas les comprendre. Contrairement aux autres habitants du Vieux continent, les Juifs sont les seuls à avoir où se réfugier. Je ne comprends vraiment pas ce qu’ils attendent. Sont-ils aveugles et sourds ? Ne voient-ils pas ce qui est en train de se passer ? Attendent-ils vraiment que tout explose ? Voyez ce qui s’est passé en Angleterre, où un candidat d’extrême-gauche a pris la tête du Parti travailliste ! Ce phénomène – ou son opposé, la montée de l’extrémisme de droite – va se répéter partout en Europe, en parallèle avec l’arrivée de millions de migrants issus du Moyen Orient. C’est la suite logique de ce qui est en train de se passer !
Les Juifs européens peuvent encore vendre leurs biens et partir. Bientôt, ces biens ne vaudront plus grand chose… C’est ce qui s’est passé en Ukraine, et cela se répétera en France et ailleurs.
De notre côté, nous devons absolument investir bien davantage dans l’incitation à l’alya et dans l’intégration des Juifs européens qui, je n’en doute pas un seul instant, vont arriver en masse durant les prochaines années. Nous ne devons pas attendre qu’ils viennent s’inscrire à l’Agence juive mais aller physiquement les chercher, quitte à faire du porte à porte. Israël a besoin d’eux, ils ont besoin d’Israël.
-Pourquoi quitter l’Europe pour Israël et pas, disons, les Etats-Unis ou le Canada ?
-Sans entrer dans l’aspect sioniste et religieux, je dirais parce que quoi qu’on en dise, notre pays se porte à merveille, malgré les difficultés. Je sais que les médias en Israël préfèrent parler de ce qui ne va pas dans ce pays mais je préfère me concentrer sur nos réussites, et elles sont phénoménales. Nous avons dépassé cette année le plafond des 40 000 dollars de PIB par habitant. Seuls seize pays peuvent se vanter d’avoir un PIB plus important que le notre et nous pouvons être fiers de cela. Pour rappel, il y a seulement douze ans, en 2003, notre PIB per capita était de 15 600 dollars.
L’avenir aussi s’annonce prometteur puisque selon le prestigieux journal The Economist, le taux de croissance israélien en 2015 sera de 3,6%, avec un taux d’inflation de 1,5%.
Tout cela sans parler des gisements de gaz qui fournissent déjà la majorité de nos besoins en électricité et devrait, dès 2017, commencer à faire entrer de l’argent dans les caisses de l’Etat, grâce à l’exportation.
Tout laisse croire que nous allons rejoindre assez vite le club des pays les plus riches du monde et ce, grâce à notre industrie high-tech, grâce à notre gaz, grâce à nos infrastructures qui vont en s’améliorant.
-Quid des relations entre Israël et l’Europe ?
-Israël, paradoxalement, pourrait devenir le pire cauchemar de l’Europe si celle-ci s’entête encore et toujours à imposer la solution à deux Etats. Car il ne faut pas oublier qu’Israël gère quelque 1,5 millions de Palestiniens en Judée et en Samarie, et que près de 8 millions de réfugiés palestiniens vivent en Jordanie. La création d’un Etat palestinien aujourd’hui signifiera la fin de l’équilibre qui règne aujourd’hui dans notre pays et, par là même, chez sa voisine orientale. On assistera alors à une nouvelle vague migratoire massive vers l’Europe, cette fois-ci de Palestiniens.
A nouveau, l’Europe se tire une balle dans le pied : signaler les produits issus des implantations et entraîner, de facto, le licenciement des 2000 Palestiniens qui travaillent dans ces usines ? Eux, et leurs familles, n’hésiteront pas à prendre le prochain avion ou le prochain bateau pour l’eldorado européen… L’Europe finance les ONG qui veulent contraindre Israël à accueillir les travailleurs érythréens et soudanais clandestins ? Voyons voir comment elle va réussir à résoudre la contradiction intrinsèque qui se profile avec la fermeture de ses propres frontières aux clandestins…
L’Europe devrait nous dire merci de préserver la structure jordano-palestinienne. Sans nous, Ramallah et Aman s’exporteraient à Paris et Berlin.
http://www.hamodia.fr/
OK il a raison , aller en ISRAEL c’est notre rêve a tous , mais les prix de l’immobilier sont très chère croyez vous que tout-le-monde peut se permettre d’acheter un appartement a 250.000 ou 350.000 €
que fait le gouvernement sur ce sujet !