Le premier ministre israélien Benyamin Netanyahou a renoncé mardi 12 novembre à un projet de construction de 20 000 logements. Cette initiative record avait suscité une série de condamnations au sein de la communauté internationale.
QUEL ÉTAIT LE PROJET INITIAL ?
C’est une ONG israélienne opposée à la colonisation, La Paix Maintenant, qui avait dévoilé ce vaste projet en annonçant, mardi 12 novembre, que le ministère du Logement avait lancé un appel d’offres record de 20 000 logements dans les colonies juives de Cisjordanie occupée. Une information confirmée peu après par le ministre de l’Énergie, Sylvan Shalom, à la radio militaire : « Il n’y a pas de quoi en faire toute une histoire, nous construisons en Judée-Samarie (Cisjordanie) et nous continuerons à le faire, c’est la politique déclarée du gouvernement et du Likoud », parti de droite du premier ministre, Benyamin Netanyahou.
Ce projet a immédiatement soulevé un tollé au sein de la communauté internationale. Il concerne le secteur très controversé d’E1, qui couperait en deux la Cisjordanie, compromettant la viabilité d’un État palestinien. Selon le quotidien de gauche Haaretz, des crédits publics de 45 millions de shekels (près de 10 millions d’euros) avaient déjà été débloqués pour assurer les dépenses liées à ces appels d’offres.
POURQUOI CETTE VOLTE-FACE D’ISRAËL ?
Quelques heures plus tard, Benyamin Netanyahou désavouait publiquement son ministre du Logement Uri Ariel, membre du Foyer juif, un parti nationaliste religieux fervent partisan de la colonisation des Territoires palestiniens. « Le premier ministre a donné ordre au ministre du Logement Uri Ariel de reconsidérer toutes les mesures concernant la planification de ces logements prises sans coordination préalable, a indiqué un communiqué du bureau du premier ministre publié tard le 12 novembre au soir. Cette action provoque une confrontation non nécessaire avec la communauté internationale au moment où nous nous efforçons de persuader des membres de la même communauté de parvenir à un meilleur accord avec l’Iran »
C’est en effet sous la pression internationale qu’Israël a renoncé. Sitôt connu ce nouveau coup d’accélérateur à la colonisation, l’administration Obama avait fait part de sa « surprise » et exigé des « explications » du gouvernement israélien. Lors de sa récente tournée au Proche-Orient, pour tenter de relancer, apparemment en vain, des négociations israélo-palestiniennes dans l’impasse, le secrétaire d’État américain John Kerry avait rappelé que son pays considérait la colonisation juive comme « illégitime ». Le président palestinien Mahmoud Abbas avait prévenu de son côté que « le processus de paix était fini » si Israël ne revenait pas sur sa décision, selon le négociateur Saëb Erakat.
OÙ EN SONT LES RELATIONS ENTRE ISRAËL ET LES ÉTATS-UNIS ?
Cette annonce intervient alors que les relations entre ses deux pays, alliés de longue date, sont particulièrement tendues. Si Barack Obama et Benyamin Netanyahou ne se sont jamais bien entendus, la crispation est encore plus forte ces jours-ci en raison des négociations sur le dossier iranien. Alors que les discussions avec Téhéran semblent avancer à Genève sur la question nucléaire, le premier ministre israélien accuse la communauté internationale, et en particulier les États-Unis, de vouloir conclure à tout prix un « mauvais accord » avec Téhéran.
GILLES BIASSETTE (avec AFP)