Pourquoi des constructeurs automobiles se lancent-ils sur le marché de l’épargne ?
Actuellement, RCI Banque (filiale de Renault) et PSA Finance ont surtout recours au crédit bancaire ou à des émissions d’obligations pour financer leur activité (crédits auto, financement des stocks des concessionnaires…). Ces livrets permettent donc de diversifier leurs sources de financement. Les constructeurs automobiles français s’inspirent de leur concurrent allemand Volkswagen, qui a collecté une vingtaine de milliards d’euros depuis le lancement de son livret en 1995.
Investir dans ces livrets comporte-t-il des risques ?
RCI Banque et PSA Finance sont des organismes bancaires, au même titre de la Société générale ou BNP Paribas. Les garanties sont donc les mêmes que pour n’importe quel autre livret fiscalisé. « En cas de faillite, les dépôts sont garantis par l’Etat, à hauteur de 100.000 euros par déposant et par établissement », confirme Maxime Chipoy, responsable du secteur Banque à l’UFC Que Choisir.
De plus, en dépit des difficultés du marché automobile européen, les filiales bancaires de Renault et de PSA restent très rentables. RCI Banque a ainsi dégagé un résultat net de 526 millions d’euros en 2012, pour un produit net bancaire de 1,23 milliard. Chez PSA Finance, le bénéfice net a atteint 293 millions, pour un PNB de 1,08 milliard. « En outre, les dépôts ne sont pas investis sur les marchés, mais uniquement pour financer les crédits des clients, donc l’économie réelle », ajoute-t-on chez PSA Banque.
La rémunération est-elle intéressante ?
RCI Banque et PSA Banque proposent actuellement les deux offres les plus compétitives parmi les livrets fiscalisés. Le livret Distingo rémunère les liquidités à 5,5% pendant 4 mois et jusqu’à 100.000 euros, puis à 2,3%. Pour Zesto, le taux promo est aussi de 5,5% pendant 4 mois, mais jusqu’à 75.000 euros de versements. Et le taux retombe à 2,2% ensuite.
Bien entendu, pour obtenir la rémunération nette il faut aussi prendre en compte les impôts. Pour rappel, les intérêts supportent les prélèvements sociaux (15,5%), puis sont soumis au barème de l’impôt sur le revenu, selon la tranche marginale dans laquelle se situe le ménage (5,5%, 14%, 30%, 41% ou 45%). Le tout, sachant qu’il est toujours possible d’opter pour une taxation forfaitaire à 24% si vous avez touché moins de 2.000 euros d’intérêts dans l’année.
Au final, pour un contribuable imposé à 30%, plaçant 100.000 euros pendant un an sur un livret Distingo, le taux net sera de 1,88%. A peine plus que le livret A (1,75%). Si cette même personne opte pour un livret Zesto, elle obtiendra un rendement net de 1,69%.
Autre avertissement : ces taux peuvent être revus à tout moment. Et vu que ces offres sont meilleures que celles de la concurrence, la rémunération a plus de chance d’être révisée à la baisse qu’à la hausse. D’ailleurs, le taux hors promo de RCI Banque, fixé à 2,8% il y a un an, est désormais de 2,2%.
Est-il possible de « jongler » avec d’autres livrets ?
Certes, RCI Banque et PSA Banque conditionnent l’obtention du taux promotionnel de 5,5% à la conservation du livret au 31 décembre 2013. Mais, en pratique, il suffit simplement de laisser ce dernier ouvert, avec au moins 10 euros dessus (le montant minimal exigé), pour bénéficier de cette promo. Rien n’empêche donc les petits malins de retirer la quasi-totalité des sommes placées après les 3 premiers mois, pour les verser sur un autre produit à taux canon.
Ces offres ont-elles déjà rencontré leur public ?
Depuis le lancement de son offre en février 2012Renault a déjà séduit un nombre considérable d’épargnants. Au 31 décembre, 22.250 livrets Zesto avaient été ouverts, pour un encours total de 893 millions d’euros. Soit 40.135 euros déposés en moyenne sur chaque livret. Au départ, RCI Banque visait une collecte de 500 millions la première année. Le groupe compte bien continuer sur sa lancée : il devrait commercialiser un compte à terme cet été, et projette aussi de développer ses activités d’épargne en Allemagne. L’objectif est d’atteindre 2 milliards d’euros d’encours d’ici fin 2013.
PSA Finance, qui a dégainé son livret le mois dernier, espère surfer sur cette même vague et vise prudemment 400 millions d’euros de collecte cette année.
Thomas Le Bars