Ville sainte pour les trois religions monothéistes, Jérusalem, regorge d’histoire, de sacré et de légende. Pas besoin d’être croyant pour éprouver l’immense spiritualité qui émane de la ville et s’en laisser pénétrer. Vous ne ressentirez nulle part ailleurs l’aura mystique et la dévotion émouvante qui entourent le mur des Lamentations, le dôme du Rocher et le Saint-Sépulcre. Ville aux multiples facettes, Jérusalem enchante également par l’incroyable effervescence de ses ruelles et par ses contrastes saisissants qui en font l’une des villes les plus fascinantes au monde.
D’après l’Ancien Testament, il y a trois mille ans, un chef israélite nommé David décida de faire de Jérusalem sa résidence et la capitale de son pays. Le nouveau roi y fit alors apporter l’arche d’Alliance depuis Qiryat Ye’crim, à l’ouest de Jérusalem, et l’installa dans un tabernacle neuf. Bien que le récit biblique soit entouré d’une aura mythique, l’existence de Jérusalem dans l’Antiquité est incontestable. Les fouilles menées il y a quelques années dans la cité de David, l’éperon rocheux qui domine le village arabe de Silwan au sud des murailles de la Vieille Ville indiquent l’occupation constante du site depuis trois mille ans. Aujourd’hui, la cité de David, qui, selon les références de la Bible, correspondrait à l’emplacement d’origine de la vieille ville de Jérusalem à l’époque du roi David, peut être visitée à la découverte des lieux où le récit biblique s’est déroulé.
Jérusalem la «céleste»
Ville biblique, rien ne prédestinait pourtant ce petit coin de terre perdu au milieu de collines calcaires, à quelque 800 m d’altitude, en limite du désert de Judée, à jouer un rôle si important dans l’histoire de l’humanité. Elle était considérée autrefois comme le centre du monde connu, géographique et religieux, et la Bible annonce qu’elle le deviendra à nouveau lors du Jugement dernier, quand le Messie descendra du mont des Oliviers pour conduire les âmes ressuscitées dans la Vieille Ville. C’est d’ailleurs sur cette colline que se trouve le plus grand et le plus ancien cimetière juif au monde, 150 000 tombes lui conférant sa caractéristique couleur blanche. Mais, comme pour la plupart des lieux saints à Jérusalem, ici les croyances religieuses se mélangent. Avec le tombeau de la Vierge Marie et le jardin des Gethsémani, le mont des Oliviers est un lieu important pour les chrétiens, alors que l’église de l’Ascension, convertie en mosquée en 1198 suite à la prise de Jérusalem par Saladin, en fait un lieu sacré pour l’islam également. Dans cette église, qui commémore la montée au ciel du Christ, on peut voir une trace de pas conservée sur le sol. Selon la légende, il s’agirait de la dernière empreinte du pied de Jésus sur terre, laissée avant de s’élever vers le ciel.
Incroyable melting-pot, confluence de peuples, de langues et de religions, Jérusalem enchante immanquablement
La coexistence des trois monothéismes repose toutefois sur un équilibre précaire et à peine toléré. Phare spirituel, Jérusalem est aussi la ville symbole de la division entre les Juifs, concentrés à Jérusalem Ouest, et les Palestiniens de Jérusalem Est. Yerushalayim, la «Ville de la paix» en hébreu, et Al Quds, la «Sainte» en arabe, est depuis 1949 acclamée par les Israéliens comme la «capitale éternelle» de l’Etat hébraïque, alors que les Palestiniens en réclament la partie Est pour en faire la capitale de leur futur Etat. Incroyable melting-pot, confluence de peuples, de langues et de religions, Jérusalem enchante cependant immanquablement par l’effervescence qui règne dans ses ruelles. On y croise des juifs orthodoxes aux chapeaux noirs et longs manteaux qui marchent prestement vers le mur des Lamentations, des prêtres grecs ou arméniens qui défilent en procession, des femmes éthiopiennes drapées dans leur long shama blanc, des enfants arabes qui dévalent les rues à vélo devant des soldats de Tsahal à peine plus vieux qu’eux.
La mosaïque de la Vieille Ville
Après le coucher du soleil, le jardin de Gethsémani, sur le mont des Oliviers, offre un spectacle inoubliable. La voix suave des muezzins appelant à la prière du sommet des minarets qui s’érigent nombreux dans cette partie de la ville accompagne l’étonnement du voyageur étranger qui, entouré par les oliviers et les pierres blanches du jardin biblique, découvre les murailles épaisses et crénelées de la forteresse du Moyen Age, bâtie par Soliman le Magnifique entre 1532 et 1536.
Quand
Jérusalem peut être visitée toute l’année. Eviter les périodes d’affluence exceptionnelle de mi-septembre au 20 octobre et du 1er avril à début mai, car elles coïncident avec le calendrier des fêtes juives. La haute saison s’étend du 1er juillet au 30 août, ainsi que de mi-décembre au 1er janvier.
Durée
Prévoir au moins 5 jours.
Budget
Comptez environ 400 € l’aller-retour, puis, sur place, par semaine et par personne tout compris, 250 € pour les aventuriers, 600 € pour le confort, et plus de 800 € pour le grand luxe.
Public
Jérusalem est pour tout le monde, mais surtout pour les voyageurs passionnés d’histoire et de religions.
Les plus
- Ville sacrée pour juifs, chrétiens et musulmans, à Jérusalem la ferveur religieuse est perceptible un peu partout dans les rues. La ville est riche en sites magnifiques, chers aux trois monothéismes.
- La Vieille Ville: un patrimoine historique et culturel unique. Le visiteur, quelles que soient son origine ou ses convictions, ne peut être que fasciné par tant de vestiges historiques, de lieux saints et de symboles mystiques, empreints d’éternité et de rêve.
- Jérusalem est un carrefour de cultures et de langues. Les juifs du monde entier se retrouvent ici en faisant de Jérusalem le plus grand melting-pot d’Israël et une étonnante Babel de langues.
- Jérusalem se trouve au centre d’Israël. On peut donc envisager des escapades: Bethléem aux portes de la ville, Nazareth, la mer Morte et Masada à une heure de voiture.
Les moins
- Jérusalem est une ville assez chère, notamment pour le logement.
- Les touristes y sont très nombreux à tout moment de l’année.
- La ville est parfois théâtre de tensions et affrontements entre la communauté juive et la communauté musulmane.
Derrière ces murailles se cache une autre ville, la vieille ville de Jérusalem, à laquelle on accède en passant par ses sept portes (porte de Jaffa, de Sion, des Détritus, des Lions, d’Hérode, de Damas et la porte Neuve), la huitième, la porte Dorée, réservée au Messie, est fermée depuis des siècles par les musulmans, pour lesquels son ouverture indiquerait la «fin des temps».
Dans cette ville dans la ville, lacis de ruelles anciennes plongées dans une atmosphère hors du temps, on trouve quatre communautés religieuses vivant et priant côte à côte sans se mélanger. Quatre quartiers, arménien, juif, musulman et chrétien, sans divisions apparentes, mais chacun avec une âme, une atmosphère, des traditions et des croyances différentes des autres. Certains indices permettent au voyageur avisé de se repérer : les maisons en pierre blanche et les pavés propres au quartier juif, les croix gravées sur les murs dans le quartier chrétien, la paix et le silence du quartier arménien, les maisons délabrées et le souk coloré du quartier musulman. Pour un panorama exceptionnel sur la Vieille Ville, rien de tel que de grimper sur les remparts, à côté de la porte de Jaffa. Loin de l’animation et de la frénésie de ses ruelles, cette promenade «sur les toits» surplombe la Vieille Ville permettant d’en saisir les différentes atmosphères et d’apercevoir les trois symboles de Jérusalem, le mur des Lamentations, le dôme du Rocher et le Saint-Sépulcre.
Tous les vendredis, les moines franciscains organisent une procession le long de LA VIA DOLOROSA, chemin du Christ portant La croix
Le quartier chrétien
Si on entre dans la Vieille Ville en passant par la porte de Jaffa, l’entrée principale en provenant de Jérusalem Ouest, on trouve le quartier chrétien sur la gauche. Habité principalement par des Palestiniens de foi chrétienne, on aperçoit dans ses ruelles des foules de moines et de pèlerins se pressant autour de l’église du Saint-Sépulcre, centre spirituel du quartier. Construite en 326 sur l’ordre de l’empereur Constantin, sur le site présumé où Jésus aurait été crucifié et enterré, le Saint-Sépulcre est un lieu de pèlerinage depuis le IVesiècle. Il contient le tombeau du Christ, ainsi que la pierre de l’Onction où, selon les orthodoxes, le corps du Christ serait descendu de la croix. Six communautés chrétiennes y sont représentées: catholiques romains, grecs orthodoxes, arméniens, coptes, éthiopiens, syriens. Les différends entre les diverses communautés datant de plusieurs siècles, ce sont deux familles musulmanes qui, depuis plus de mille ans, ont eu pour tâche de garder la porte. Le Saint-Sépulcre comprend aussi les cinq dernières stations de la Via Dolorosa qui, de la porte des Lions, traverse le quartier musulman et poursuit dans le quartier chrétien. Tous les vendredis, les moines franciscains organisent une procession le long de cette voie qui fut le chemin du Christ portant sa croix. Il ne faut pas se surprendre de se trouver face à face avec quelqu’un qui se prend pour le Christ ou qui prédit l’Apocalypse. Certains voyageurs succombent à la ferveur religieuse qui règne dans les rues de Jérusalem et au choc émotionnel de se trouver à proximité des lieux saints affichant des troubles psychiques, typiques du syndrome de Jérusalem. Dans le quartier chrétien, une halte s’impose chez Lina pour goûter l’un des meilleurs homous de la Vieille Ville.
Le quartier musulman
Une fois passé la porte de Damas, on plonge directement dans le Moyen-Orient le plus typique. Des enfants qui jouent au foot, des messieurs en train de jouer à sheshbesh dans les pittoresques kahwas d’où l’arôme du café turc envahit les rues, des immeubles délabrés, des chariots pleins de marchandises poussés à toute vitesse par des garçons encore trop jeunes, les voix perçantes des vendeurs résonnant de tous les coins et une foule bariolée et désordonnée qui s’empresse autour des bancs étalant les marchandises les plus diverses dans un vacarme fascinant. Fruits et légumes, vêtements orientaux, bijoux, essences, gâteaux aux saveurs de miel, pistache et noix, épices aux couleurs chaudes du désert disposées en forme de montagne: le souk du quartier musulman est un kaléidoscope de formes, bruits, couleurs et parfums. Dans les rues grouillantes et débordantes de vie de ce quartier se concentrent les deux-tiers des habitants de la Vieille Ville. C’est ici que le télescopage entre judaïsme et islam est le plus impressionnant. Sur le mont du Temple, ou esplanade des Mosquées pour les musulmans, un vaste espace dallé et planté de cyprès aujourd’hui aménagé en zone de détente, se trouvent la mosquée Al-Aqsa et le dôme du Rocher. Ce dernier abrite le «rocher» sur lequel, selon le Coran, le prophète Mahomet laissa son empreinte lors de son ascension vers le ciel. Troisième lieu saint de l’islam, ce lieu recélerait pour les juifs les fondations du temple de Jérusalem détruit en 135 et dont le mur des Lamentations est le seul vestige. Interdit aux juifs, l’accès à l’esplanade obéit à des règles strictes, à la fois religieuses et sécuritaires. Lieu de contact entre les deux principales communautés de Jérusalem, il marque la frontière entre deux quartiers, musulman et juif, qui se tolèrent dans un équilibre des plus précaires.
Le quartier juif
A Jérusalem Ouest, le vendredi après-midi, on respire une atmosphère particulière. Les ménagères s’affairent au marché de Mahane Yehuda, les magasins ferment plus tôt, tout le monde est pressé de rentrer avant que le signal du shofar retentisse à travers la ville annonçant le début du shabbat. Au coucher du soleil, Jaffa Road, d’habitude bouillonnante de vie, est déserte. Des ruelles perpendiculaires, les juifs pieux quittent le quartier ultra-orthodoxe de Méa Shéarim et se dirigent à pas rapides vers le mur des Lamentations, le lieu le plus sacré pour les juifs du monde entier. Le spectacle est des plus émouvants. Erigé il y a environ deux mille ans, ce pan de 80 m de longueur n’est qu’une partie de la muraille occidentale du Temple construit par Hérode. Le Mur, que les juifs appellent «Kotel» se prolonge sous des arcades, sous le quartier musulman, et on peut le longer en suivant un tunnel ouvert au public il y a une dizaine d’années. A toute heure du jour et de la nuit, les fidèles viennent se recueillir ici et déposer dans les interstices des petits papiers sur lesquels ils ont écrits des vœux. Entièrement rénové dans le style d’antan et habité par environ trois mille juifs, pour la plupart des orthodoxes venus des Etats-Unis, le quartier juif avec ses maisons blanches et ses rues silencieuses, ses synagogues, ses yeshivas (écoles religieuses masculines), ses musées et ses galeries d’art contraste violemment avec le quartier musulman, populaire et fourmillant de vie. Au centre du quartier, la synagogue Hourva, détruite en 1948 par les Jordaniens, a été reconstruite en 2010 sur le modèle exact de l’ancienne synagogue. Un peu plus loin se trouve l’ensemble des quatre synagogues séfarades dont la plus ancienne date du XVIe siècle. Parallèle à Habad Street, le Cardo est le «centre commercial» du quartier. Les nombreuses fouilles archéologiques dont il a été l’objet ont permis de reporter à la surface environ 180 m de cette ancienne rue datant de l’époque byzantine qui traversait Jérusalem de nord au sud, de la porte de Damas à celle de Sion. Elle abrite aujourd’hui d’élégants magasins d’artisanat, d’objet sacrés et de livres historiques. Non loin du bazar du Cardo, en poursuivant sur Habad Street, en direction de David Street, une petite échelle en fer sur la droite mène aux toits de la Vieille Ville. Ici, on croise souvent des étudiants des yeshivas qui, avec pour seuls compagnons les chats, empruntent le «sentier» des toits afin de regagner leurs maisons évitant ainsi de traverser le souk juste en bas.
Le quartier arménien
Habité par la communauté arménienne depuis deux mille ans, ce quartier, discret et paisible, connaît aujourd’hui une phase de déclin, dû à l’exiguïté de sa communauté. On y trouve pourtant, outre la cathédrale de Saint-Jacques, la plus belle église de Jérusalem, de nombreux ateliers de céramique traditionnelle arménienne. C’est ici, dans le calme de ses ruelles, que le visiteur accablé par le lourd fardeau des émotions éprouvées, trouvera un moment de répit, à l’ombre des sites religieux les plus impressionnants au monde.
Infos Futées :
Y aller
En avion jusqu’à Tel-Aviv, ensuite prendre le taxi collectif sherout.
EL AL
www.elal.co.il
Quatre vols quotidiens au départ de Paris. Environs 4 heures 30 de vol.
Utile
Office du tourisme de Jérusalem
Porte de Jaffa
+972 2 628 0403 +972 2 627 1422
tour.jerusalem.muni.il/eng
info@goisrael.com
Ouvert du dimanche au jeudi de 8h30 à 17h et le vendredi de 8h30 à 13h30.
Nombreuses brochures et cartes de la ville gratuites. Possibilité d’obtenir les services d’un guide parlant français ou de s’inscrire à une des visites gratuites, organisées le samedi matin, en anglais.
Argent
La monnaie d’Israël est le nouveau shekel. 1 NIS = 0, 20 €.
Formalités
Passeport valable au minimum 6 mois après la date d’entrée dans le pays. Un visa valable 3 mois est délivré gratuitement à l’arrivée.
Reportage : Federica Visani pour « Petit Futé »