Accueil L'Actu Culture Du 7 octobre à l’antisémitisme contemporain : quand la gauche radicale abdique...

Du 7 octobre à l’antisémitisme contemporain : quand la gauche radicale abdique l’universel ! Par Rony Akrich

0

Les radicaux de gauche, qui se voulaient universels, ont perdu leur allant. Cette triste réalité a été mise en évidence lorsque le massacre de civils israéliens par le Hamas n’a suscité qu’un simple « rictus » plutôt qu’un véritable scandale moral.
Malheureusement, une grande partie de la gauche radicale a même applaudi ce geste atroce, oubliant complètement son idéal initial. Comment un mouvement politique axé sur la justice, la paix et l’universalité peut-il expliquer certaines des actions les plus abominables ? Il aurait pu donner un sens au chaos créé par l’homme et trouver de la détermination face à l’infamie d’aujourd’hui.

Il y a un siècle, le fascisme montait en Europe, la gauche s’opposa au nationalisme, au racisme et à la pureté identitaire. Le juif était considéré comme l’ennemi intérieur, l’étranger infiltrant et l’élément corrupteur. Il était méprisé, non pour ce qu’il faisait, mais pour ce qu’il était. La même dynamique mentale se répète aujourd’hui sous une nouvelle forme. Les chemises brunes, qui terrorisaient les Juifs, devenus israéliens ou sionistes, ont disparu. À présent, ce sont des universitaires, des militants et des artistes qui leur dénient même leur humanité, au nom de la lutte anticoloniale.

Ils avaient jadis leurs livres brûlés ; maintenant, on les efface des plateformes, des conférences et des conversations. L’expression « complot mondial juif » n’existe plus. Aujourd’hui, nous avons le « lobby sioniste », le « colonialisme juif » et la « suprématie israélienne ». Les mots ont évolué, mais l’idée est restée la même: une gauche qui a perdu son âme alors qu’elle servit de bouclier contre la bête immonde.

Autrefois, une grande partie de la gauche était presque l’unique force en ville pour combattre la haine raciale, les dérives identitaires et la déshumanisation. Ils ont lutté contre les lois de Vichy, l’antisémitisme de l’Église, les pogroms et les camps de concentration. C’est vraiment regrettable que ces tendances radicales de la gauche contemporaine semblent adopter une position opposée à leur rhétorique. Ils étiquettent un groupe comme étant inférieur, le rejettent, l’attaquent et le dévalorisent plutôt que de militer pour l’égalité. Ils se disent universels, mais ils enferment l’humanité dans des catégories rigides, créant des rôles stéréotypés d’oppresseurs et de victimes, sans tenir compte de la complexité des événements. La haine a fait volte-face, grâce au silence.
Nous croyions que l’expression « plus jamais ça » serait ancrée dans la mémoire collective de l’Occident. Ce fatras teinté d’ambre, composé du drapeau palestinien, du keffieh et du badge antifa, soudainement, permet à la haine de devenir acceptable. Les fascistes d’hier ne nous inquiètent pas plus que de mesure. Aujourd’hui, ceux qui condamnent le fascisme utilisent la même rhétorique et les mêmes actions : manichéisme, fixation identitaire, stigmatisation, mais surtout, ils ont un seul bouc émissaire, qui représente l’infaillibilité. Mémoriser ne suffit plus ; il faut du courage. Nous ne pouvons pas seulement nous opposer à la résurgence de la haine, mais nous devons également rejeter l’hypocrisie et perturber la facilité morale de ceux qui veulent être « vertueux » aujourd’hui. Ils réactivent les logiques d’exclusion d’hier. L’histoire ne se répète pas ; c’est la haine criminelle qui resurgit.
Il est important de se rappeler que l’antisémitisme n’a jamais vraiment disparu : il se cache, se transforme et se réinvente avec chaque nouvelle génération. Il était autrefois associé aux idéologies fascistes d’extrême droite. Aujourd’hui, il se camoufle derrière les discours anticoloniaux et les revendications identitaires du progressisme. Ce qui était initialement une cause politique et nationale légitime pour certains est devenu moins pertinent pour ceux qui ne peuvent offrir que de la vanité et du mépris. Cette information n’est qu’une façade, pertinente uniquement pour ceux qui croient qu’ils pourront un jour sauver la cause. Cette méthode permet de collecter du sang et des lamentations, une haine profonde et tenace qui émerge parfois sous le couvert de l’antisionisme, mais rarement dissimulée très longtemps.

Ce que l’extrême gauche considérait autrefois comme une promesse d’universalité et de justice a évolué, chez ses partisans les plus radicaux, vers un tribalisme qui définit Israël, et, par extension, le Juif, comme l’ennemi numéro un. Il est maintenant clair que la stigmatisation, l’exclusion et l’excommunication se produisent. La pensée de gauche traditionnelle, fondée sur l’universalisme, est remplacée par une logique de désignation de boucs émissaires et de diabolisation.

Il suffit d’observer le vocabulaire qui caractérise certaines manifestations, les slogans qu’on y entend, la violence qui règne sur les réseaux sociaux, les agressions verbales et physiques qui se multiplient dans de nombreuses villes européennes. Ils ont réutilisé les stéréotypes antisémites qu’ils avaient déjà utilisés, les ont adaptés et les ont répandus à nouveau : lobbys et conspirations, crimes d’apartheid, le concept de mal, « pouvoir juif », flou des distinctions entre Juif et Israélien. Cette redirection, dénuée de tout mérite, mais manifestement intentionnelle, qui se fait passer pour une question concernant la cause palestinienne, rétablit les formes séculaires de haine envers les Juifs.

Les parallèles historiques sont frappants. Il n’est pas fortuit que la crise politique, l’angoisse économique et la perte de repères dans les années 1930 aient ouvert la voie au fascisme. Avec lui, la possibilité d’accuser les Juifs de tous les maux a surgi. Aujourd’hui, l’échec des promesses sociales, l’impuissance des institutions, l’absence de sens et l’angoisse identitaire jouent tous le même rôle de catalyseur. Le Juif, qui n’avait jamais été associé à l’État d’Israël, redevient soudainement l’incarnation du mal absolu, et les sentiments négatifs et la frustration sont projetés sur lui.

Ce glissement n’est pas fortuit. C’est un signe de défaite intellectuelle. Une gauche qui a abandonné l’universalisme et ne cherche plus qu’à changer d’ennemi. Autrefois, le capitalisme ou l’impérialisme étaient les cibles d’un combat ; aujourd’hui, c’est Israël qui est maudit et vilipendé, voire ostracisé, retour d’un antisémitisme, souvent dissimulé sous d’autres étiquettes.

Nous sommes a la veille de la Journée du souvenir de la Shoah. Les cérémonies commémoratives sont inutiles si elles ne sont pas accompagnées d’une prise de conscience.
En effet, les ingrédients du génocide, tels que l’exclusion, la stigmatisation et la déshumanisation, sont toujours présents de nos jours. Ne pas le reconnaître serait vain, voire répréhensible. La menace ne réside plus uniquement dans la dynamique d’un passé qui se répète, mais plutôt dans l’évolution constante, la persistance et l’adaptation de l’antisémitisme aux langages et aux images actuels.

Il est crucial de recouvrer cette clarté d’esprit et ce courage pour dénoncer sans équivoque l’instrumentalisation de la cause palestinienne comme un nouveau vecteur d’antisémitisme, qu’il soit flagrant ou dissimulé derrière le discours progressiste. Car toute haine qui se pare du costume de la justice ne fait que produire davantage d’injustice.
Nous ne pouvons pas nous fier uniquement à notre mémoire ; nous devons être déterminés. Nous devons combattre non seulement la résurgence de la haine, mais aussi l’hypocrisie de deuxième main et l’équilibre moral de ceux qui crient à la justice aujourd’hui, mais qui réhabilitent les logiques d’exclusion d’hier. Ce n’est pas l’histoire qui se répète, mais plutôt une haine abominable qui refait surface, prenant cette fois-ci l’apparence du progressisme.

Les évènements récents nous rappellent une triste vérité : l’antisémitisme ne disparaît jamais, il se cache, se transforme et s’adapte à son époque. Notre devoir est de le combattre sans relâche, d’en dénoncer chaque manifestation, même lorsqu’il se drape dans des intentions nobles. Les larmes ne servent à rien si elles ne nous incitent pas à assouvir notre soif de savoir, de connaissance, de compréhension et d’analyse, afin de nous prémunir contre les événements malheureux qui ne manqueront pas de se produire !

Rony Akrich pour Ashdodcafe.com

A 69 ans, il enseigne l’historiosophie biblique. Il est l’auteur de 7 ouvrages en français et 2 à venir sur la pensée et l’actualité hébraïque. « Les présents de l’imparfait » tome 3 et 4 seront ses 2 prochains ouvrages. Un premier livre en hébreu pensait et analysait l’actualité hebdomadaire: «מבט יהודי, עם עולם», il sera suivi par 2 autres ouvrages tres bientot. Il écrit nombre de chroniques et aphorismes en hébreu et français publiés sur les medias. Fondateur et directeur de l’Université Populaire Gratuite de Jérusalem et d’Ashdod. Il participe à plusieurs forums israéliens de réflexions et d’enseignements de droite comme de gauche. Réside depuis aout 2023 à Ashdod après 37 ans à Kiriat Arba – Hevron

Ashdodcafe.com
Vous pouvez nous retrouver tous les jours sur notre groupe whatsapp et recevoir notre  newsletter hebdomadaire en vous y inscrivant.

Quitter la version mobile