Réfléchissons aux thèmes profonds de la justice, de l’unité et de la présence divine. Cette partie de la Torah, importante pour ses instructions sur la construction du Mishkan, sert également de métaphore pour les contributions spirituelles et nationales que chaque personne peut apporter. Elle met l’accent sur la transformation du quotidien en sacré (pour moi : l’élan vital d’Henri Bergson) à travers des actes de don, qui incarnent les valeurs du don et de la bienfaisance.
À mesure que nous approfondissons ces enseignements intemporels, nous reconnaissons également l’incarnation moderne de ces valeurs. Les Sages ont éclairé la sagesse de la Paracha Terouma au fil des générations dans leurs commentaires. Rashi souligne l’importance de la sincérité dans le don, en affirmant que la véritable valeur d’un don ne réside pas dans son montant, mais dans la sincérité qui le sous-tend. De même, Maïmonide, éminent philosophe et érudit, parle du pouvoir transformateur de la bienfaisance, suggérant que celle-ci n’est pas seulement une obligation, mais un pas en avant vers la création d’une société juste et compatissante.
Comment le don et la bienfaisance ne se limitent-ils pas à la construction de structures physiques ou à la fourniture d’une aide immédiate, mais visent-ils à construire un cadre de responsabilité mutuelle et une nation sainte ? Alors que nous explorons la profondeur de l’histoire de Teruma, réfléchissons à la manière dont chaque acte de don, aussi petit soit-il, peut élever non seulement notre esprit, mais aussi le tissu même de notre société. Que signifie le mot hébreu « teruma »? Ce concept provient de la racine hébraïque « rom », qui signifie l’élévation. Il illustre la transformation du banal en sacré. Ce concept est au cœur de la section Teruma et invite chaque personne, avec un cœur plein de désir, à contribuer à la construction du Mishkan. Ces contributions vont au-delà des ressources physiques ; elles représentent une opportunité profonde pour chaque membre de la nation de s’élever et d’améliorer ses biens en les consacrant au projet divin. L’importance du don va bien au-delà de la construction physique du Tabernacle; il symbolise l’effort collectif d’une nation s’unissant pour un but sacré. Cet effort collectif est essentiel pour créer un espace où la présence divine (Shekhinah) peut demeurer parmi les gens. Le don et la bienfaisance ont été des thèmes centraux de la pensée philosophique, ayant reçu l’attention de divers philosophes à travers l’histoire. Platon considérait la générosité non seulement comme un comportement moral, mais comme un moyen d’atteindre la moralité et l’équilibre social. Il a souligné l’importance de la justice et de la bonté dans la construction d’une société juste, où l’individu contribue au bien commun.
Dans l’Éthique à Nicomaque, Aristote fait référence à la bienfaisance comme une forme de générosité. Il fait une distinction entre le don qui découle d’un désir sincère d’aider et celui motivé par des intérêts personnels. Pour lui, la véritable générosité est une qualité qui favorise la bonté d’une personne. Mais que signifie réellement donner ? S’agit-il simplement d’un transfert de ressources, ou quelque chose de plus profond et de plus significatif se cache-t-il lorsque nous faisons preuve de générosité ? Cette double nature du don met l’accent sur la relation avec le divin, qui transcende la simple conformité et favorise une connexion personnelle profonde basée sur l’amour, la générosité et la volonté. L’acte de donner ne représente pas seulement l’esprit qui le sous-tend, mais aussi l’élévation du donateur et l’effort uni de la nation pour créer un espace sacré. Ce concept est incarné dans la construction du Tabernacle, qui sert de symbole de la présence de Dieu parmi le peuple et de preuve de la puissance de l’effort collectif. La création du Mishkan à partir de dons volontaires reflète non seulement la dévotion nationale, mais aussi la transformation du banal en sacré, illustrant comment des actes partagés de foi et d’amour peuvent exprimer la présence divine. L’idée de donner s’étend au développement du caractère, en mettant l’accent sur la culture de la gentillesse et de la générosité. La construction du Tabernacle sert de métaphore pour la construction intérieure que chaque individu subit, le caractère se formant à travers des actes de bonté et de générosité, reflétant les diverses contributions au Tabernacle.
Cette croissance personnelle élève nos actions ordinaires au rang de véhicules de sainteté, nous rappelant que le but ultime de notre générosité est de favoriser un environnement dans lequel la présence divine peut s’épanouir. La charité, aux yeux de Thomas d’Aquin, est une des vertus théologales et se fonde sur l’amour de Dieu. Il soutient que donner aux autres est un reflet de l’amour divin et une obligation morale pour ceux qui sont capables d’aider. Celle-ci va au-delà de simples actes de bonté ; elle est enracinée dans une connexion spirituelle avec Dieu. Le don nous enseigne donc que notre contribution, qu’elle soit matérielle ou spirituelle, n’est pas seulement un acte de don. Elle est aussi essentielle au développement d’un caractère qui cherche à contribuer positivement à la nation et à inviter la spiritualité dans nos vies. Cela nous met au défi de transformer nos vies et nos peuples en temples de la présence divine. Nous devons créer un espace en nous et autour de nous digne du projet divin de justice sociale, de vertu et de valeurs morales. À la lumière de tout cela, la demande divine de contribution devient une profonde opportunité de croissance personnelle et de solidarité nationale, nous rapprochant du Divin et tissant le tissu d’une nation sainte. Le philosophe français Jean-Jacques Rousseau souligne l’importance de la compassion et de l’empathie dans ses réflexions sur la nature humaine. Dans son discours sur l’origine et les principes de l’inégalité entre les êtres humains, il affirme que la société devrait promouvoir des institutions qui encouragent la générosité et la solidarité entre les individus.
En même temps, le philosophe allemand Emmanuel Kant considère la justice comme une obligation morale, mais il souligne que le devoir doit guider les actions, et non pas des intérêts personnels. Pour lui, la bienfaisance ne doit pas être exercée par désir de gain personnel ou pour obtenir de l’amour ou de la reconnaissance, mais par reconnaissance de la moralité et par obligation de faire le bien. En plaçant ces idées au centre de nos vies, nous renforçons les liens qui nous unissent et ravivons les valeurs partagées. Nous contribuons ainsi non seulement par nos ressources matérielles, mais aussi par notre esprit et notre conscience à une cause plus grande. C’est un processus qui élève chacun de nous à un niveau supérieur d’engagement social et spirituel, conduisant à la formation d’une société dans laquelle l’altruisme et l’unité sont les fondements.
John Stuart Mill, le philosophe anglais, dans son approche utilitariste, voit la charité comme un moyen de promouvoir le bien commun. Il soutient que le but de ces actes est d’accroître le bonheur collectif et d’améliorer la condition des personnes dans le besoin. Mill souligne que celle-ci ne doit pas seulement viser à fournir une assistance immédiate, mais aussi à créer des solutions à long terme et des moyens d’améliorer la vie des gens. En outre, il suggère que les modalités de mise en œuvre de la bienfaisance fassent l’objet d’une analyse critique afin de comprendre comment son impact social peut s’accroître. Mill met en avant la nécessité d’une compréhension approfondie des contextes sociaux, économiques et culturels qui influenceront l’efficacité des actions caritatives.
Cette approche garantit que l’assistance puisse effectivement contribuer au bonheur général et ne pas créer une situation de dépendance ou de privation permanente. Selon lui, la charité doit s’efforcer de créer un changement positif et progressif dans la société, tout en développant des valeurs de solidarité et de bien-être social.
Rony Akrich pour Ashdodcafe.com
A 69 ans, il enseigne l’historiosophie biblique. Il est l’auteur de 7 ouvrages en français et 2 à venir sur la pensée et l’actualité hébraïque. « Les présents de l’imparfait » tome 3 et 4 seront ses 2 prochains ouvrages. Un premier livre en hébreu pensait et analysait l’actualité hebdomadaire: «מבט יהודי, עם עולם», il sera suivi par 2 autres ouvrages tres bientot. Il écrit nombre de chroniques et aphorismes en hébreu et français publiés sur les medias. Fondateur et directeur de l’Université Populaire Gratuite de Jérusalem et d’Ashdod. Il participe à plusieurs forums israéliens de réflexions et d’enseignements de droite comme de gauche. Réside depuis aout 2023 à Ashdod après 37 ans à Kiriat Arba – Hevron
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