PARACHA BO 5785  – VENDREDI 31 JANVIER 2025, 2 CH’VAT 5785

HORAIRES DE CHABBAT PARACHA BO

NETANYA – 16h53 – 17h53
JÉRUSALEM – 16h32 – 17h52
HAÏFA – 16h51 – 17h51
EILAT – 16h57 – 17h56
ASHDOD – TEL AVIV – 16h54 – 17h54
BEER SHEVA – 16h55 – 17h54
PARIS – 17h28 – 18h39
MARSEILLE – 17h31 – 18h36
LOS ANGELES – 17h04 – 18h03
MIAMI – 17h46 – 18h41
NEW YORK – 16h54 – 17h57


Chers Amis,

Nous sommes à la troisième paracha du deuxième livre du pentateuque que nous lirons ce shabbat et l’actualité rattrape l’histoire nous avons commencé avec des listes de noms et un « nouveau roi », et une rédemption qui n’en finit pas d’arriver car, nous ne crions pas assez fort, nous ne nous aimons pas assez fort entre frères, nous avons cessé de clamer trop tôt après les horreurs perpétrées sur nos frères et nos soeurs.
Nous devons absolument nous rappeler que si nous avons été délivrés c’est que la clameur fut si forte qu’elle fit trembler tout l’univers et nous aussi nous devrions nous parfaire dans nos actions quotidiennes et demander très fort la guéoula.

LES MULTITUDES ENNEMIES 

Les trois dernières plaies se déroulent sous nos yeux : les sauterelles, les  ténèbres et la mort des premiers nés. Après que la grêle soit passée et ait  incendié l’Egypte par la quantité, la force et la violence de cette plaie, il ne restait  plus rien à manger mais, la nature reprenant ses droits, des bourgeons  apparurent de ci de là et il restait quelques jeunes rameaux qui avaient pu  échapper. Aussi, le vent du sud, vent chaud provenant du désert charria des  nuées de sauterelles qui, de leurs mandibules assassines et destructrices  s’acharnèrent sur les tendres feuilles et fleurs qui auraient pu porter la  promesse de quelque nourriture ainsi que sur les champs de blé et de sarrasin  que la grêle n’avait pas pour mission de détruire.

Les ténèbres n’étaient pas seulement un manque de lumière. Par « ténèbres » entendez une substance compacte comme de la ouate très compacte ne  permettant à aucun Egyptien de bouger du lieu où il se trouvait et dans la  position dans laquelle il se trouvait lorsque cette plaie commença sur  l’intégralité du territoire égyptien.

La finalité de cette plaie comportait plusieurs facettes que nous allons évoquer  ici : d’une part, chez les descendants de Jacob et de ses douze enfants se  trouvaient beaucoup de gens « déjudaïsés » qui comme cela se passera  beaucoup plus tard en Judée ou ailleurs, sous d’autres latitudes : les juifs  succombèrent en cédant à l’imitation de civilisations étrangères, les bené Israël  tombèrent dans l’imitation égyptienne et ne voulurent pas céder et partir  d’Egypte pour se retrouver libérés de l’esclavage, et pour se retrouver sur la  Terre Promise à Abraham, Isaac et Jacob et donc, ces gens-là trouvèrent la mort  en ces temps de ténèbres et ils furent ainsi ensevelis dans cette terre qu’ils ne  voulaient pas quitter et ce fait demeura inconnu des égyptiens qui, « paralysés » par ces ténèbres ne purent noter tous ces enterrements pendant 3 jours…

Le deuxième côté fut que ces ténèbres, permirent aux Juifs de se rendre en  mission de reconnaissance : en effet, durant 430 ans les enfants de Jacob et  toute leur descendance furent soumis, en tant qu’esclaves, à construire l’Egypte sans que personne ne songeât jamais à leur allouer un salaire. En conséquence,  pendant la plaie des ténèbres, ils rendirent visite à leurs voisins qui les  asservissaient et, lorsque le temps de partir arriva, ils demandèrent leur dû à  leurs voisins. Que les voisins pensèrent récupérer leurs biens un jour est une  autre affaire.

Nous l’avons déjà dit, les Egyptiens déifiaient tout ce qui se présentait : des  hannetons, des ibis ou bien d’autres insectes ou animaux y compris des dieux  mi-homme mi-animal tel le dieu thot, dieu de la science et greffier des autres  dieux. Il était représenté comme un homme à tête d’ibis. Parmi les différentes divinités se trouvait l’agneau. Le devoir de sacrifier aux yeux de tous les  Egyptiens un agneau qui était une divinité était une sorte d’application du  « procès » fait, en quelque sorte, à l’idolâtrie égyptienne et était une façon de  leur montrer que leur divinité n’avait aucune importance, et que le D d’Israël est  le Tout Puissant.

De même qu’il a été question de la première des plaies dans Vaéra (le SANG),  ici , il est encore question de sang : c’est dans le sang que naît un enfant et qu’il  reçoit le don de la vie et c’est avec le sang de la MILA (circoncision) que l’enfant  appartient à l’alliance avec D. C’est parce que les hartoumim (sorciers) qui  avaient ordonné à Pharaon de se baigner chaque jour dans un bain de sang  pour éradiquer la lèpre dont était affligé le roi d’Egypte que celui-ci ordonna de  tuer les bébés mâles juifs pour se soigner…. Ce fut aussi pour éviter de voir  surgir le sauveur des enfants d’Israël et faire de deux pierres un seul coup.

Une question préoccupait les Egyptiens à chaque plaie : pourquoi les Juifs  n’étaient-ils pas frappés par ces plaies ? Une autre question se posa  également : pourquoi ordinairement les plaies duraient 7 jours sauf les trois  dernières car les sauterelles saccagèrent les champs six jours durant, les  ténèbres furent d’une durée de deux fois trois jours soit six jours ?

Pour ce qui est des sauterelles, ces insectes dévorèrent les champs et  envahirent les habitations durant six jours. Le septième, elles n’entrèrent pas  dans les demeures1. Quant à la plaie des ténèbres, comme indiqué plus haut,  elle se divisa en deux fois trois jours comme dit plus haut. Il faut savoir qu’au  cours des trois premiers jours, les ténèbres n’empêchèrent pas les Egyptiens  de se mouvoir, ce n’est que dans la seconde période de trois jours que les  ténèbres se différencièrent des premières : elles n’étaient pas un manque de  lumière mais une sorte de matière compacte qui les obligeait à rester assis ou  couchés ou debout mais sans pouvoir bouger du tout ni changer de position.  La réponse à la question est que parmi les Juifs qui devaient sortir et être libérés  de l’esclavage imposé par les Egyptiens se trouvaient de nombreuses  personnes qui refusaient de partir et qui étaient considérés comme des impies.  Pendant les trois premiers jours de ténèbres, ces juifs-là moururent et ils furent  enterrés pendant la période où les ténèbres rendues compactes empêchèrent les Egyptiens de s’apercevoir du nombre important d’ensevelissements à  effectuer.

Cependant, en nous penchant sur d’autres textes exégétiques, nous allons  pouvoir comprendre le sens caché de ces trois dernières plaies et le fait qu’elles  apparaissent séparément des sept autres.

Dans l’ensemble des 10 plaies, nous remarquons que la seule et unique plaie  précédée du mot « maka » (plaie) est la dixième qui est désignée ainsi « makat bekhoroth » les Sages se sont posé de nombreuses questions dont voici les  réponses :

1) Nous avons vu que les sauterelles «oeuvrèrent» 6 jours durant mais pas  le jour du shabbat et que les ténèbres étaient de deux genres différents  puis, que les plaies touchaient tous les Egyptiens mais pas les Juifs. Le  Rav Zalman Sorotzkine2 écrivit dans son commentaire sur la Torah, que,  lors de la havdala de la sortie de shabbat, nous faisons allusion à ces  trois plaies car nous disons « hamavdil beyn kodesh lehol » comme l’ont  fait les sauterelles lors de la huitième plaie, puis nous bénissons  « hamavdil beyn or lehoshekh » ce qui est en rapport avec la neuvième  plaie (les ténèbres) et enfin « hamavdil beyn israël laâmim » qui nous a  distingués des autres peuples en nous épargnant tous les « maux »  infligés aux Egyptiens et notamment la mort des premiers nés.

Rashi se pose la question de savoir pourquoi D menace-t-IL Pharaon  directement de tuer les aînés de son peuple et son fils aîné lui-même. En fait, D a décidé de juger l’Egypte et les Egyptiens et les idoles de ce  pays.
Quelles en sont les raisons ?
Cette dixième plaie est si importante qu’elle n’est pas seulement celle  des premiers nés mais « la plaie » des premiers nés. Les Egyptiens qui rendaient un culte à tout ce qui pouvait exister avaient un culte  préférentiel dans tout ce qui était « premier » ainsi le Nil était une idole  car il s’agissait du premier des quatre fleuves du Gan Eden (3), puis, ils  rendaient un culte à l’agneau/bélier qui était le premier des douze signes  astrologiques etc… C’est la raison pour laquelle HaShem a demandé à ce  que le sacrifice pascal soit un agneau/bélier, que la sortie d’Egypte a eu  lieu le 14 Nissan (4). Les premiers nés étaient fêtés, célébrés, c’est pour cela  qu’ils ont été tués (5).

2 – Les explications concernant les ténèbres ont été données plus haut ;  cependant que nous aurons beaucoup d’enseignements à retirer des  quelques mots contenus dans le verset où D enjoint Moïse de retourner  voir le Pharaon et de l’avertir de la façon suivante :   כה אמר ה’ : בני בכורי ישראל )…( שלח את בני ויעבדני…

Mon fils aîné renvoie pour qu’il Me serve…….
Le complément de ce membre de phrase semblerait se trouver dans la  menace contenue en ces mots :  והנה אנוכי הורג את בנך בכורך
Je tuerai Moi-même ton fils aîné…..

De toutes les plaies d’Egypte, seuls les faits suivants sont rappelés au  cours des prières quotidiennes : la mort des premiers nés d’Egypte, la  sortie d’Egypte et la déchirure de la Mer Rouge.

Le Midrash nous fait découvrir un fait : lorsqu’Eve conçut, elle mit au  monde des jumeaux qui étaient Abel et Caïn. Celui-ci sortit du ventre  maternel le premier mais, comme le fait remarquer Rashi, il y a un  « premier de conception » et un « premier de sortie » c’est-à-dire que le  premier à sortir est le deuxième à avoir été conçu tandis que le premier à  avoir été conçu est le deuxième à sortir à l’air du monde. Abel ayant été  assassiné, son âme s’est vue réincarnée en Seth6. Or, poursuit le  Midrash, Caïn était l’ancêtre de l’Egypte et considéré comme le premier  né. L’autre célèbre paire de jumeaux de la Torah est Jacob et Esaü. Esaü  qui fut le deuxième à être conçu est le premier à sortir mais, Jacob voulut  l’empêcher de sortir le premier en l’attrapant par le talon. En rachetant  son droit d’aînesse à Esaü, Jacob rétablit la vérité historique car, Abel a  été « l’ancêtre » d’Israël/Jacob et rétablit son droit à être l’aîné  véritablement et de manière complète. C’est la raison pour laquelle D  insiste en avertissant Pharaon : Mon fils aîné Israël !

Par ailleurs, les Sages du Talmud soutiennent l’interprétation selon  laquelle la création du monde se fit au moyen de 10 Paroles divines et que  ces dix paroles concordent avec les 10 plaies d’Egypte précédant la sortie  du pays d’esclavage. Ces différentes opinions se trouvent dans les traités  de Rosh Hashana mais également de Meguilah7. Cependant les avis  divergent légèrement : les uns pensant que la première parole fut  consacrée à la création de la lumière, tandis que dans le traité de  Meguilah, les Sages optent pour le premier mot de la Torah : « bereshit »  car, il ne peut y avoir de parole s’il n’y a rien avant (8). En conséquence, les  10 paroles commencent de bereshit et, suivant la méthode de  commentaire de « ath basdh gar dak »9la dernière des plaies correspond  à la première des paroles de création et la neuvième plaie à la deuxième  parole de création et ainsi de suite.

Une autre question se fait jour : pourquoi HaShem a-t-IL ordonné aux  enfants de Jacob de sacrifier un agneau/bélier et d’en prendre le sang  pour en badigeonner les linteaux des portes de leurs demeures ? En effet,  Dans la Haggada de Pessah nous lirons que D dit qu’IL a tout fait par Lui même, en conséquence, IL savait mieux que quiconque qui habitait et où !

Le « kli yakar »10 nous fait part de son opinion : HaShem nous fait part de  Sa décision de faire des jugements et de régler tous les problèmes  concernant toute cette période de souffrances infligée aux descendants  d’Abraham, d’Isaac et de Jacob auxquels IL avait promis que leurs  descendants sortiraient de cet esclavage avec d’immenses biens.  Néanmoins, « le gros œuvre » a été fait par des « anges destructeurs »  qui, eux ne pouvaient faire la différence entre les Juifs et les non-Juifs  c’est donc la raison pour laquelle il était absolument interdit aux Juifs de  se trouver hors de leurs maisons dont les linteaux étaient teintés du sang  des agneaux.

Dr Caroline Elisheva Rebouh PhD.
ד »ר קרולין אלישבע רבוה בן אבו

 

1 – Tout se passa un peu comme si les sauterelles respectèrent le shabbat

2) Zalman Sorotskine 1881 (Lithuanie))1966 (Jérusalem) auteur du « Sefer Oznayim la Torah ». 

3 – le « Pishon » e de la culture du lin ou pishtan 

4 – Au plus haut de la lune du premier mois de l’année 

5 – Voir commentaire du Shlah HaKadosh Rabbi Yshâya Halévy Horwitz (1565à Prague- 1630 à Safed) auteur du  « Shné Louhoth Habrith » d’où son surnom : haShLaH acronyme du titre de son œuvre principale.

6 – Fils de Noé.  

7 – On retrouve encore cet énoncé dans les Pirké Avot au chapitre 5 .  

8 – Les Sages pensent qu’il ne peut y avoir dialogue ou parole s’il n’y a rien ou personne à qui adresser cette  parole. 

9 – Voir l’article sur la guematriya et le notarikon.

10 – Rabbi Shlomo Ephraïm de Lounshitz 1540-1619 exégète de la Torah à Prague surnommé Kli Yakar d’après le  titre de son œuvre principale.

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