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La France face au précipice : la dette et le déficit donnent le vertige

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L’état des finances publiques françaises suscite de vives inquiétudes, tant au sein du ministère des Finances qu’auprès des institutions européennes.
Tandis que la dette et le déficit se creusent chaque jour, le devenir politique est lui aussi menacé, le premier ministre Bayrou tentant tant bien que mal d’éviter la censure.

Un déficit plus important que prévu

Le déficit public français pourrait dépasser 6 % du PIB en 2024, au lieu des 5,1 % initialement estimés. Selon le ministre du Budget, deux facteurs expliquent cette dégradation : d’une part, les recettes fiscales se révèlent inférieures aux prévisions, en raison d’une croissance davantage soutenue par les exportations que par la consommation intérieure, ce qui entraîne une moindre collecte de TVA ; d’autre part, les dépenses des collectivités territoriales se révèlent plus élevées que prévu, augmentant de 16 milliards d’euros par rapport à la trajectoire budgétaire établie pour 2024.

En 2023, les dépenses de l’État ont atteint 454 milliards d’euros, engendrant un déficit de 173 milliards d’euros, soit un écart de 38 % entre les dépenses et les recettes. C’est comme si un ménage percevait 1 000 euros par mois, mais en dépensait 1 380 euros.

Une dette qui explose

Selon les données de l’Insee publiées le 27 septembre 2024, la dette publique française s’élevait à 112 % du PIB à la fin du deuxième trimestre 2024, contre 110,5 % au trimestre précédent.

Cette augmentation s’explique par une hausse de la trésorerie des administrations publiques (+16,4 milliards d’euros), bien que partiellement compensée par des cessions d’actifs. En conséquence, la dette nette s’établit à 103,5 % du PIB, une hausse moins marquée que celle de la dette brute (+58,1 milliards d’euros).

Depuis la crise sanitaire du Covid-19, l’endettement public français a connu une forte poussée, avec un accroissement de 68,9 milliards d’euros au deuxième trimestre 2024, pour atteindre un total de 3 228,4 milliards d’euros.

Ce montant résulte principalement de l’augmentation de la dette de l’État (+69,9 milliards d’euros), tandis que la dette des administrations de Sécurité sociale a également progressé de 4 milliards d’euros.

En revanche, la dette des organismes divers d’administration centrale a diminué de 4,7 milliards d’euros, et celle des administrations publiques locales a baissé de 0,3 milliard d’euros.

Des emprunts difficiles

Le taux d’emprunt à 10 ans de la France a récemment dépassé celui de l’Espagne, une première depuis près de 18 ans.

En effet, le taux d’emprunt français à 10 ans a atteint 2,94 %, tandis que son équivalent espagnol s’élevait à 2,93 %, une inversion qui n’était pas survenue depuis novembre 2006. Ce phénomène s’explique par la préoccupation croissante des investisseurs face à l’ampleur du déficit français.

Le programme d’emprunts de la France pourrait dépasser le seuil symbolique des 300 milliards d’euros en 2025, après avoir atteint un record de 285 milliards en 2024.

Certains analystes estiment que cette somme pourrait même grimper à 330 ou 340 milliards d’euros. Bien que cette situation ne soit pas encore critique pour l’État français, l’Agence France Trésor, responsable de la gestion de la dette, parvient à émettre régulièrement des obligations assimilables du Trésor, sans difficulté majeure, levant plusieurs milliards d’euros chaque semaine.
Des tensions avec l’Union européenne

La France, aux côtés de six autres pays de la zone euro, fait actuellement l’objet d’une procédure de déficit excessif initiée par la Commission européenne.

En vertu des règles budgétaires de l’Union européenne instaurées en 1997, les déficits publics ne doivent pas dépasser 3 % du PIB, tandis que la dette publique ne doit pas excéder 60 % du PIB.

Or, en 2024, la France affiche un déficit public de 5,5 % du PIB et une dette de 112 % du PIB, soit bien au-delà des seuils fixés. Seuls la Grèce et l’Italie sont dans une situation budgétaire plus préoccupante.

Si la France ne met pas en œuvre des efforts significatifs pour réduire son déficit, elle pourrait théoriquement être sanctionnée à l’été 2025, à hauteur de 0,1 % de son PIB, soit environ 2,8 milliards d’euros.

Toutefois, aucun pays de l’UE n’a encore été sanctionné depuis l’instauration de ces règles, en grande partie en raison de l’opposition de nombreux États à l’idée d’imposer des sanctions financières sévères à un pays déjà en difficulté budgétaire.

La France pourrait donc échapper à ces sanctions si elle propose des mesures d’économies, bien que celles-ci ne répondent pas encore aux attentes strictes de l’Union européenne.

Ce constat met en lumière l’urgence de la situation économique en France, face à un déficit budgétaire croissant et une dette publique toujours plus lourde, dans un contexte de relations tendues avec les institutions européennes.

Précision : Les informations contenues dans cet article n’engagent que le rédacteur et ne sauraient se substituer à un conseil financier spécifique. Elles ne sont valables qu’à la date de leur rédaction uniquement.

Jeremy ESSERYK
Conseiller en Investissements Financiers
Courtier en assurances et en prêts bancaires en Europe
office@kne-ltd.com

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