PARACHA VAYIGASH 5785 – VENDREDI 3 JANVIER 2025, 3 TEVET 5785

HORAIRES DE CHABAT – VAYIGASH
NETANYA – 16h28 – 17h29
JERUSALEM – 16h08 – 17h29
HAIFA – 16h26 – 17h28
EILAT – 16h34 – 17h34
ASHDOD – 16h30 – 17h31
BEER SHEVA – 16h30 – 17h31
PARIS – 16h48 – 18h02
MARSEILLE – 16h57 – 18h04
LOS ANGELES – 16h38 – 17h39
MIAMI – 17h25 – 18h21
NEW YORK – 16h23 – 17h28


Ce chabat, nous lisons la paracha VAYIGACH, la onzième paracha du livre BERECHIT, dont voici un résumé :
Yehuda s’approche de son frère Joseph, qui ne s’est pas fait connaître, afin de racheter la liberté de Benyamine, dont Yehuda s’est porté garant auprès de Yaacov; il se propose lui-même comme servant. Joseph, incapable de se contenir plus longtemps, tombe le masque, et assure ses frères de ses meilleurs sentiments à leur égard, mettant tous les évènements sur le compte de la Providence. Il les renvoie en les chargeant de convaincre leur père de descendre en Égypte. Celui-ci reçoit une vision lui autorisant à quitter le pays de Canaan, et l’assurance d’y être enseveli.
Toute la tribu, de 70 personnes, s’installe dans le pays de Gochen. Yaacov est présenté au Pharaon et le bénit. La famine se poursuit, et avec elle l’ascension de Joseph, qui permet au Pharaon d’acquérir toute l’Égypte comme propriété personnelle.


TENIR SES ENGAGEMENTS
Cette sidra est lue soit à la fin de Hanoucca soit après que soit terminée cette semaine de lumières. Les onze fils de Jacob rejoignent leur frère en Egypte. Les années ont passé et, ce tout jeune adolescent qu’était Joseph lors de sa vente comme esclave, est devenu, entre temps, un homme fait que les souffrances et les épreuves ont mûri et qui, de plus, est un gouvernant à l’apparence totalement égyptienne, et se trouve entouré de ses fils.
Cette réunion des onze frères avec Yossef fait se profiler l’exil de Canaan vers l’Egypte, le début de 210 années d’esclavage et le début d’une époque de rédemption qui viendra délivrer les Bné Israël de la cruauté égyptienne.

Les trois premiers mots de cette sidra donnent une allusion (un rémez) sur ce qui va se dégager de la réunion des frères puis de l’arrivée du patriarche sur cette terre d’exil : en effet, après les évènements tragiques de la trahison des dix frères (Réouven, Shimôn, Lévy et Yéhouda, Dan, Asher, Naftali, Gad, Zevouloun et Issasskhar) et la « descente aux enfers » de Yossef dans sa vente en tant qu’esclave et toutes les épreuves rencontrées avec la femme de Putiphar et Putiphar lui-même, et pendant son séjour en prison, le texte illustre on ne peut plus clairement comment les desseins divins peuvent se réaliser. Ainsi, un être pourrait-il se trouver au bas de l’échelle et dans un lieu où les 99 seuils de toum’a (impureté) ont été franchis, que malgré tout, si telle est la volonté de l’Eternel, cet être pourra se relever et se retrouver au plus haut vers des sommets d’une hauteur inimaginable. C’est donc ainsi que Yossef, hébreu et esclave de surcroît, se retrouve dans la peau du plus haut personnage d’Egypte après Pharaon et revêtu des symboles royaux.
Les commentateurs relèvent le fait que toutes les parties du corps de Yossef qui ont été éprouvées seront « honorées » par Pharaon qui va faire présent à Yossef d’une bague-sceau, d’un collier et de son sceptre…. Lorsque Tamar réclama un gage à Yéhouda, elle recevra de son beau-père, le sceau (bague) et le bâton (sceptre) ainsi que le manteau (cape royale), futurs emblèmes de la royauté de la tribu de Juda.

Yossef a su et eu le mérite de préserver son âme et son corps de cette impureté dans laquelle l’Egypte était plongée. L’allusion dont il est question dans les trois premiers mots de la sidra ( …יהודה אליו ויגש (est celle-ci : le total de ces trois premiers mots est 396 c’est-à-dire l’âme et la Présence divine : ‘ה’ = א + 395 = נשמה ou si on préfère : D qui insuffle l’âme dans le corps. La question qui se pose est celle-ci : où l’âme siège-t-elle dans le
corps : dans le cœur ou dans la tête ?

Ceci nous permet de rejoindre le raisonnement du Maharal lequel enseigne que l’âme siège dans le coeur mais aussi dans la tête de l’être humain ainsi donc, Yossef a préservé son corps et son âme en sachant sublimer ses penchants. En réunissant tous ses frères et son père, en Egypte, auprès de lui, Yossef permet à l’image du futur peuple d’Israël de se refléter en ceci : Yéhouda qui a sauvé son jeune frère d’une mort certaine, va se retrouver, ainsi que son frère Benjamin, à la tête d’un royaume (1) alors que l’un des deux fils de Yossef du nom d’Ephraïm va se trouver à la tête des dix tribus qui vont être perdues. Le futur territoire d’Israël va donner naissance à deux Etats. Benjamin fait tandem avec Yéhouda qui s’est porté garant pour lui.

Pendant cette conversation « d’homme à homme » de Juda et Yossef, le midrash rapporte qu’en véritable négociateur, Yéhouda a su mettre l’accent sur plusieurs points susceptibles d’effrayer Joseph en rappelant qu’Avimélekh avait failli mourir de maladie en « ravissant » Sara à son époux, ou le fait que Jacob en prononçant une malédiction « en l’air » avait, en
quelque sorte, provoqué la mort de son épouse bien-aimée, et, qu’en empêchant Binyamine de rejoindre son père, il pouvait s’attirer de très gros ennuis en portant atteinte à une famille si sainte.

Joseph dévoile sa véritable identité à ses frères. Le problème du retour se pose : Joseph et le Pharaon invitent Jacob et sa maison à venir passer les cinq autres années de famine en Egypte, dans un endroit dépourvu d’idolâtrie : le pays de Goshen. Jacob est très âgé et tous craignent pour ses jours car, il s’est affaibli depuis la disparition de Joseph. Il en avait même perdu son sens prophétique.

Lorsque dans Mikets il est écrit que Jacob « vit » ce n’était pas la prophétie concernant les retrouvailles avec Joseph mais il vit simplement que quelque chose de bien résidait dans ce voyage vers l’Egypte pour s’approvisionner.
Certains exégètes comprennent le mot ישבר comme s’il était écrit : il y a un fils : yesh bar.
Les fils de Jacob de retour vers leur père firent prévenir Sérah la belle-fille d’Asher qui excellait dans la musique, de composer une chanson en rythmant ces paroles : Joseph est encore vivant, Joseph est encore vivant….. C’est ainsi que la neshama (l’âme) de Jacob se calma et que revint l’esprit prophétique du vieux patriarche : אביהם יעקוב רוח ותחי. L’esprit de Jacob revint à la vie !!!
Jacob comprit que le destin d’Israël allait se jouer à Goshen : c’est-à-dire qu’en se dirigeant vers cette portion du pays d’Egypte, )גשנה vers Goshen avec la lettre hé indiquant la direction). L’esprit de Jacob lui fit comprendre qu’à Goshen se révèlerait un libérateur pour le peuple d’Israël et il pensa au Messie qui pourrait être un descendant de Joseph car le mot messie = équivaut en guematria à 358 .משיח En réalité il s’agissait d’un libérateur =
מושיע.
Lorsque les enfants d’Israël sont descendus en Egypte, ils se sont montrés différents du peuple égyptien dans le but de se voir attribuer une parcelle du pays qui serait leur, désormais : le pays de Goshen. Le hé indiquant la direction se trouve dans le terme « goshena » vers goshen. Ce mot est constitué de quatre lettres qui indiquent que même en se trouvant sur un sol si impur, les bné Israël ont su garder dans la pureté les éléments les plus précieux que sont le gouf גוף) corps) le sekhel שכל) intelligence) la neshama
נשמה)âme) et leur foi en D..… ‘ה

Le Maharal voyait dans ces 4 lettres le rappel des 4 puissances qui nous ont asservies mais, dans le Bné Issakhar, l’auteur voit dans les 4 puissances non pas les Perses mais l’Egypte.
En fait, goshena pour Jacob est une allusion beaucoup plus forte car goshena a une valeur de 358 tout comme le mot mashiah et pour le patriarche il y voit l’indice largement développé dans la guemara sanhédrine que les fils de Yéhouda et de Yossef d’où viendront le mashiah ben Yossef et le Mashiah ben David qui se retrouveront côte à côte pour amener la guéoula au peuple Juif avec les dix tribus dispersées et les deux autres qui sont toujours restées fidèles à la Torah.

Rappelons que le territoire de Goshen constitua le premier ghetto de l’histoire juive.
Le texte de la Torah un peu plus loin va nous surprendre car on nous dit que Jacob est descendu en Egypte accompagné de 70 personnes or le détail nous est donné : שבעים מצרימה הבאה יעקוב-לבית הנפש כל toute l’âme de la maison de Jacob qui est descendue en Egypte [est au nombre de] soixantedix or, un peu plus loin il apparaît qu’en réalité, le nombre de personnes est de 66 où sont passées les autres âmes ? En fait, le commentaire explique ceci en précisant que Jacob n’était pas inclus dans les 66 et Joseph et ses deux fils qui eux aussi appartenaient à la maison de Jacob n’étaient pas inclus en conséquence : 66+Jacob+Joseph et ses deux fils = 70 mais il existe aussi un midrash qui dit que Jacob était bien inclus dans les 66 + Joseph et ses deux fils cela fait donc 69 et, en arrivant en Egypte, il y eut une naissance : celle de Yokhéved la future mère de Moïse.

Le Rav Reitchik souligne un autre aspect qu’il emprunte à la généalogie de Dina. En effet, lorsque l’on verra, un peu plus loin la liste des personnes qui étaient parmi les 70 âmes qui sont descendues en Egypte il y est question d’un certain « Saoul ben HaKenaânit » Or, qui est cette « kenaânit » ? Nous savons que Shimôn (ou l’un des fils de Shimôn) a épousé Dina pour effacer la honte de celle-ci et, de cette union naquit Shaoul ben haKenaânith.

L’un de ses descendants fut Zimri ben Salou qui fut tué avec Kosbi haKenaânith pour des mœurs dépravées. Il est écrit « l’âme de la maison de Jacob » ceci figure au singulier parce que les 70 personnes qui formaient la maison de Jacob étaient unies derrière une
seule pensée comme un seul homme.

Le Talmud consacre tout un traité de guemara aux vœux que l’homme peut être amené à prononcer au long de sa vie et selon les circonstances dans lesquels il peut se retrouver.
Lorsque Jacob quitte la maison paternelle en proie à des angoisses non négligeables devant les menaces d’Esaü, et arrivé à Beith El, après avoir eu le songe de l’échelle de Jacob, le troisième patriarche, émet un vœu ponctué de « si » (2), qui sont autant de demandes adressées à l’Eternel.

Lorsqu’un vœu est émis il doit aussi être tenu. Dans le cas où le vœu n’est pas accompli, celui qui a prononcé un vœu peut très bien être soumis à des épreuves pour lui rappeler les termes de ce vœu prononcé et cela peut avoir des conséquences redoutables.

C’est ainsi que le roi Shlomo s’exprime dans les Proverbes : shomer piv : soit) שומר פיו ולשונו שומר מצרות נפשו) nafsho metsaroth shomer ouleshono qui prend garde à ses propos et à sa langue, se préserve de bien des tourments.

Jusqu’à présent, l’histoire de Jacob est tragique, il perd cette femme pour laquelle il a tant travaillé pour pouvoir l’épouser, il subit les turpitudes de son oncle et beau-père Lavan, il subit le combat avec l’ange duquel il sort en boitant, sa fille lui est enlevée et violée et s’ensuit un massacre dans cette cité de Shekhem (Sichem/Naplouse), Joseph disparaît….

Mais, il ne prend pas conscience qu’il n’a pas réalisé sa promesse. Pire : il a prononcé sans le vouloir un arrêt de mort sur son épouse sans prendre conscience du fait que les paroles prononcées par des Tsadikim se réalisent. Mais, il est humble et ne se prend pas pour un Tsadik et de toute façon il est loin de soupçonner son épouse d’avoir commis ce larcin !

La péricope commence en réalité à la fin de Mikets lorsqu’après le banquet offert par Joseph à ses frères, on introduit l’argent dans les sacs des onze frères et le gobelet d’argent de Joseph dans le sac de Benjamin.

Lorsque Joseph « soupçonne » les frères d’avoir volé le gobelet, se renouvelle l’acte tragique qui s’était déjà produit précédemment lors de la poursuite de Lavan en quête des pénates (idoles) dérobées de son domicile (3). Les lois noahides étaient que quiconque fut suspecté de vol devait être puni de mort. C’est ainsi que Jacob, voulant apaiser son beaupère, prononça cette phrase : « que meure celui en possession duquel seront trouvées tes pénates » il ne pensait absolument pas que sa femme avait perpétré ce vol et il ne pensait pas sans doute que sa parole – celle d’un tsadik – aurait une telle portée.

Ici, Joseph soupçonne Binyamine et Juda profère le même arrêt de mort que Jacob avait prononcé plusieurs années avant. Menashé vole à son secours en disant : « Non pas ! La Torah d’Israël ne préconise pas la mort pour un voleur, mais suggère de vendre le voleur comme esclave ! »

C’est alors que véritablement commence la sidra car la Torah emploie le mot « Vayigash » soit : il s’est présenté. Le Alsheikh haKadosh (4) commente ce mot en précisant ceci : tous les frères étaient près les uns des autres alors que s’est-il passé ? Yéhouda avec beaucoup d’humilité s’approche encore plus près de Joseph afin de lui parler à l’oreille. Il compte sur ce rapprochement physique pour signifier à ce haut personnage d’Egypte qu’il va lui confier des secrets de la plus haute importance et en effet, il va le mettre en garde sur la « puissance » de cette famille d’Hébreux :

1) l’arrière-grand-mère de Binyamine (Sarah) e été enlevée par le roi d’Egypte qui fut alors frappé de lèpre.
2) la mère de cet enfant est morte du fait de la malédiction du père.
3) parce que notre sœur a été enlevée par le prince de Shekhem, nos deux frères ont décimé la ville. En conséquence lui dit-il, notre jeune frère étant le préféré de notre père, ne t’amuse pas à ce jeulà car il pourrait t’en coûter beaucoup plus cher que tu ne penses!!!

D’autre part, si tu as trouvé la coupe chez Binyamine il apparaît que quelqu’un d’autre aura volé mais pas lui car il n’est pas stupide au point de risquer de se faire prendre avec l’objet dérobé, il semble donc que quelqu’un d’autre aura voulu le faire accuser. Joseph s’aperçoit alors, avec satisfaction que ces mêmes frères qui ont voulu le perdre se sentent responsables de leur tout jeune frère…..

Joseph après avoir mené son enquête, dévoile la vérité à ses frères. Le problème du retour se pose : Joseph et le Pharaon invitent Jacob et sa maison à venir passer les cinq autres années de famine en Egypte, dans un endroit dépourvu d’idolâtrie : le pays de Goshen. Jacob est très âgé et tous craignent pour ses jours car, il s’est affaibli depuis la disparition de Joseph. Il en avait même perdu son sens prophétique.

Les vœux émis lors de circonstances particulières doivent être annulés s’ils ne doivent pas être réalisés sinon cela peut être un danger et il vaut mieux éviter d’avoir recours à ce genre de promesse que d’être confrontés à des difficultés voire des dangers.

Chapitre 46 verset 19 le texte s’exprime ainsi : bené Rahel esheth Yaakov… )יעקוב אשת רחל בני )Les enfants de Rahel épouse de Jacob. Tout au long du récit de Jacob où il est question des épousailles de Jacob avec Léa puis avec Rahel et puis avec les deux autres femmes, le mot « épouse » n’apparaît pas. A quelle occasion ce substantif apparaît-il ? Au moment de
la généalogie des enfants de Jacob et, ce titre n’apparaît qu’une seule fois : pour la généalogie des descendants de Jacob mettant en exergue le fait que l’amour véritable de Jacob ne fut acquis que par Rahel qui était, ainsi que nous l’avons souligné expressément il y a quelques shabbatoth, la seule épouse désignée !!!

Dr Caroline Elisheva Rebouh PhD.
ד »ר קרולין אלישבע רבוה בן אבו

 

1 / Le Royaume de Judas

2 / Les Sages considèrent que tous les « si » ne sont en fait que l’expression de la demande de Jacob à D. et ce ne sont pas des conditions posées

3 / Jacob avait prononcé alors un « arrêt de mort » sur la personne de Rahel qui avait dérobé ces statuettes sans que le patriarche ne le sache.

4 / Rav Moshé Alsheikh (1506-1600) à Safed (Tsfat)