Nous avons déjà évoqué les différences de personnalité et d’essence du patriarche Abraham et de celle de son petit-fils Jacob.
La finalité des dix épreuves qui ont jalonné l’existence d’Abraham, était destinée à éprouver la fidélité du patriarche envers son Créateur, envers Celui qu’il avait cherché comme D. Unique.
Les différences entre Abraham et Jacob sont essentielles : d’une part Abraham s’est développé dans un sein étranger, sur une terre étrangère et c’est loin de la Torah qu’il s’est développé. Jacob, pour sa part est né en Canaan, élevé dans la foi unique du monothéisme et avec des valeurs de Torah, de piété, de crainte de D, C’est dès le sein de sa mère qu’il a manifesté son attachement à la Torah !

Les différences entre les dix épreuves qui sont infligées aux deux personnages et leur finalité n’est pas la même : ainsi Jacob formule un vœu et HaShem vient le lui rappeler à coup de petits coups de rappels ainsi qu’il sera indiqué plus bas.
Nous avons vu précédemment que les trois patriarches ont été rattachés à des comportements exemplaires qui les ont réunis tous trois dans une seule volonté l’Union en la croyance en UN seul D… EHAD… Abraham était entièrement Hessed, Itshak était caractérisé par la rigueur ou Din et Jacob par la vérité ou Emeth soit E – H – D = EHaD = UN.

Jacob s’est toujours retrouvé dans des situations où il était confronté avec lui même, avec son souci de tout vérifier pour ne pas risquer d’être en porte-à-faux avec lui-même car il était loin d’être sûr de lui comme Esaü qui était homme d’action brutal alors que lui n’était que douceur et Torah c’est la raison il se trouvait bien dans son élément en étudiant et en se souciant du bétail. Ainsi que la Torah le présente : Jacob est un homme « tam » qui siège dans les tentes. Tam signifie « parfait » selon les contextes, ce terme peut vouloir exprimer une certaine simplicité, naïveté, et, comme c’est le cas ici : faire allusion à la Torah qui est « temima » parfaite. Bien que l’on puisse dire de quelqu’un qu’il est tamim ou temima selon qu’il s’agisse d’un masculin ou d’un féminin pour décrire quelqu’un de naïf/naïve.. C’est en ce « combat » constant contre lui-même que réside sa première épreuve car ses épreuves le dressent contre lui-même.
Dans cette expression de Ish tam yoshev ohalim l’allusion est claire : Jacob est un homme simple (et qui étudie la Torah) et se trouve dans les yéshivoth à étudier…Torah est synonyme de Sainteté, de Vie, de Vérité, de perfection : Torah kedosha, Torath Hayim, Torath Emeth, Torah temima.

Sa deuxième épreuve, se situe lorsque Jacob se trouve à l’entrée de la tente où Isaac observe la semaine de deuil après le décès d’Abraham et que Jacob cuisine le repas de lentilles et qu’Esaü apparaît fourbu après une journée de chasse et de la mort de Nimrod tué par Esaü et, que Jacob rachète à son frère le droit d’aînesse dont Esaü n’a cure car il n’a pas envie d’entretenir le culte et qu’il ne s’intéresse qu’à la chasse et à ce genre de combats. Or, malgré son désir de clarté et de vérité, Jacob ne se confie pas à son père…et obéit à sa mère bien qu’il en rage et en pleure.

Pour sa troisième épreuve, Jacob, se retrouve mal à l’aise car, il se trouve à avoir à agir comme le lui indique sa mère qui, grâce à son esprit prophétique, sait de qui descendra le peuple d’Israël .

C’est en arrivant chez Lavan, son oncle, que Jacob se trouve confronté à sa quatrième épreuve, qui est de percevoir la complexité de l’âme de son oncle c’est pourquoi il fixe par lui-même les modalités et insiste sur les détails « Rahel, la plus jeune de tes filles »… et malgré le fait qu’il ait précisé le nom de la fille et souligné qu’il s’agit de la fille, la plus jeune des deux jumelles. Tout en ajoutant quels sont ses sentiments pour elle… Ce dont Laban ne tient pas compte…
Or, jusqu’à présent, avec les trois premières épreuves où Jacob ne se sentit pas à l’aise, dans cette quatrième épreuve, Jacob est blessé dans sa chair, dans ses sentiments, dans sa sincérité, dans sa loyauté et dans sa fidélité et pourtant, il passe outre et se remet à travailler pour pouvoir enfin voir son aimée devenir sienne…

Et là je vous proposerais une pause justifiée par le fait que l’on n’étudie pas assez ou, tout au moins, on ne rend pas justice à Léa qui ne fut que l’instrument de son père et qui fut la victime directe de cette supercherie devenue légendaire qui engendra la haine de Jacob envers son épouse. Haine qui se fit ressentir jusqu’à la fin…. Et c’est pourquoi HaShem gratifia Léa d’une aussi belle progéniture, pour la dédommager en cela.

Cinquième épreuve : Jacob se trouve confronté à la colère-jalousie de Rahel : voici que vient de naître le quatrième fils de Léa qu’elle nomme Yéhouda : Judas, en remerciement à HaShem pour tous Ses bienfaits car elle ressent largement que sa jeune sœur est aimée et préférée de la part de l’époux mais elle veut affirmer sa supériorité. Rahel réclame des tefiloth (prières) pour qu’HaShem accorde des enfants à Rahel mais c’est dans son souci de vérité qu’il rétorque qu’il ne peut demander des enfants puisque pour sa part il en a et que l’effort de prières incombe à Rahel et uniquement à elle, étant donné que lorsqu’Isaac pria pour avoir une descendance il n’en avait pas encore non plus que Rébecca ce qui n’était pas la même situation.

Sixième épreuve : On aurait pu s’attendre à ce que les Sages aient tenu compte du combat avec l’ange et/ou de la rencontre avec Esaü ou même de la mort de Rahel pour évoquer cette sixième épreuve mais non. Cette épreuve est celle du viol de Dinah et de tout ce que cela entraîne de la part de Shimon et de Lévy….Les Sages ont donc classé cette épreuve de Dinah après le combat avec l’ange, après que Jacob ait vu son nom changer en Israël… D’après le célèbre exégète le Radak ou Rabbi David Kimhi (1160-1235 à Narbonne) l’un des plus célèbres exégètes français postérieur à Rashi, Jacob-Israël n’était pas un homme combatif bien que très fort physiquement. Il avait très peur de son frère et donc, apparemment, il fut saisi de frayeur après le massacre vengeur des deux frères sur la population mâle de Shehem. Et donc cette peur fut analysée comme une peur de ce qui se passa mais non pas de la pulsion des frères mue par la véracité située dans ce qui se passa c’est-à-dire, que le massacre ne fut l’expression que de la réaction due à une violence occasionnée à leur sœur. Donc cette peur fut comprise comme une faiblesse dans ses convictions et sa recherche de vérité.

Nous analyserons les autres épreuves la fois prochaine.

Dr Caroline Elisheva Rebouh PhD.
ד »ר קרולין אלישבע רבוה בן אבו
Ashdodcafe.com
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