PARACHA TOLDOT 5785 – VENDREDI 29 novembre 2024, 28 Hechvan 5785

HORAIRES DE CHABAT
NETANYA – 16h15 – 17h15
JERUSALEM – 15h55 – 17h15
HAIFA – 16h13 – 17h14
EILAT – 16h20 – 17h20
TEL AVIV – ASHDOD – 16h17 – 17h17
BEER SHEVA – 16h18 – 17h17
PARIS – 16h39 – 17h50
MARSEILLE – 16h46 – 17h52
LOS ANGELES – 16h25 – 17h24
MIAMI – 17h11 – 18h07
NEW YORK – 16h11 – 17h15

L’HISTOIRE D’UN PATRIARCHE 

Isaac, le deuxième des trois patriarches ne figure dans la Torah que très peu  (environ une parasha et demie) en comparaison de son père Abraham (environ  deux et demies sections) et en comparaison de son fils Jacob qui, lui sera le  héros d’un peu plus de 6 sidroth !! 

En opérant une comparaison entre les générations qui ont suivi la création de  l’homme et celles de l’arrivée d’Abraham en Canaan, nous pouvons constater  deux points frappants : Adam a été créé par HaShem, ses fils Abel, Caïn et  Seth n’ont été créés que par un homme et une femme créés par le Maître du  Monde et ce ne sont que ceux qui sont nés de Seth qui ont véritablement été  créés par un homme et une femme issus eux-mêmes d’un homme et d’une  femme. 

Si nous analysons les faits concernant Abraham, Isaac et Jacob, Abram et  Saraï n’ont commencé à procréer pour le peuple juif qu’après leur « aliya » en  Canaan… Et, donc le peuple juif a été fondé par un juif né au troisième rang de  la descendance d’Abraham. A l’époque, la généalogie était fixée par le père 

(lignée patrilinéaire). 

Autre remarque : Isaac est le seul à être né sur cette terre qu’HaShem a offerte  à Abraham (et Sara) ret à être mort sur cette même terre. Il est le seul à n’en  pas être sorti même sous prétexte de la famine, car HaShem Lui-Même lui  ordonne de ne pas quitter ce pays malgré la famine qui ne le touchera pas, lui  et sa communauté…. 

La Sidra commence par une conjonction de coordination « et » voici l’histoire  d’Isaac fils d’Abraham. Abraham engendra Isaac….Pourquoi la Torah, sans  noter d’interruption répète le nom d’Abraham ? Car, nous enseigne le midrash,  malgré les bruits qu’avait fait courir Hagar selon lesquels il y aurait des doutes  sur le fait que Sarah ait pu enfanter Isaac à son âge, il y aurait plané aussi un  doute sur la paternité d’Abraham, c’est pourquoi, Isaac ressemblait tant à son  père au point que les populations alentour, en voyant Isaac, personne ne put  nier l’ascendance d’Isaac. 

Pour quelles raisons, dans la parasha précédente, la Torah nous donne-t-elle  tant de raisons au sujet de la famille dont est issue Rebecca ? C’est parce que, nous apprend le Or HaHayim1, lorsqu’il s’agit de faire « descendre » (du ciel)  une grande âme ou une âme pure, il faut l’envelopper d’écorces (klippoth) pour  éviter qu’elle ne subisse des dommages. Sa généalogie entoure donc Rivka  pour éviter qu’elle ne soit abimée en chemin. 

De très nombreux exégètes font de merveilleux commentaires au sujet du  début du texte de la lecture de cette semaine, aussi bien au sujet de cette  conjonction « et » que du mot « toledot » et du fait que l’on nous rappelle  qu’Isaac est le fils d’Abraham. Les sages s’interrogent sur la répétition de la  généalogie d’Isaac puisque depuis la section de Vayéra où l’Ange Michaël a  annoncé à Abraham et Sarah que l’année d’après naîtrait Isaac. Pourquoi donc  est-il nécessaire de rappeler qu’Isaac est le fils d’Abraham ? Pour le Sifté  Hakhamim que nous avons déjà cité par ailleurs, Rashi et d’autres cette  conjonction vient rattacher cette péricope à la précédente où a été évoquée la  généalogie d’Ishmaël. Pourtant, en regardant de près la façon d’orthographier  le mot Toledoth2lorsqu’il est question d’Ishmaël le mot s’écrit 3 sans la lettre  vav ni avant ni après. La présence de la lettre vav dans ce mot donne deux sens très différents selon la position occupée dans le vocable : le premier vav  indique un potentiel et le second indique une réalisation qui doit s’opérer. Dans  le Tanakh tout entier, le mot toledoth peut s’orthographier de quatre façons  différentes et, tel qu’il apparaît à la fin de Hayé Sarah, « toledoth Ishmaël » se  distingue de manière unique par l’absence totale de « vav » ce qui procure une  allusion : lorsque Sarah se voyant tristement stérile préconise un mariage avec  Hagar, elle sut, cependant de par son sens prophétique que, même si cette  « union » préconisée donnait des fruits, l’enfant souhaité ne serait pas celui qui  génèrerait le peuple juif.  

Le dessein divin (de donner un fils à Abraham et Sarah) était loin d’être encore  réalisable : Il fallait tout d’abord qu’Abram et Saraï deviennent complémentaires  et pour cela D ordonna de déposséder Saraï de son youd4 pour le partager  entre les deux époux et faire en sorte que chacun des deux membres du couple  se « pare » d’un ‘hé5. Abram devint donc Abraham et Saraï devint Sarah. Pour  avoir grandi et évolué dans un milieu idolâtre et impur, Abraham possédait en  lui des résidus d’impureté dont il s’est dépourvu en engendrant Ishmaël et,  surtout, en opérant la circoncision sur lui-même.  

Ce n’est qu’après la circoncision (signe d’alliance) et s’être vu ajouter un ‘hé à  son nom qu’Abraham put donc devenir Patriarche du futur peuple d’Israël, et  engendrer Isaac dont la ressemblance d’avec son père pouvait mettre un terme  à tous les commérages mettant en doute la paternité d’Abraham sur Isaac.  

En conséquence, lorsque le texte répète qu’Abraham engendra Isaac cela  permet de bien souligner que la filiation du Patriarche passe par Isaac et non  pas par Ishmaël. 

D’autre part, lorsque 20 ans après leur mariage, Rivka se trouve enceinte car  elle était stérile c’est pour nous enseigner deux principes : Sarah comme Rivka  provenaient d’un milieu impur et leurs corps mais surtout leur esprit devait se  purifier des pensées idolâtres et en second lieu, D aime entendre les prières  des tsadikim pour leurs épouses comme cela avait eu lieu avec Abraham pour  Sarah et comme cela aura lieu pour Isaac pour Rebecca. 

Lorsque Rivka sentit que dans son ventre se passaient des choses étonnantes,  et qu’elle questionna D pour comprendre, elle entendit HaShem lui prédire que  2 peuples se disputaient en son sein et que si l’un aurait une descendance  prestigieuse conforme aux vœux divins, le second aurait une descendance non  moins prestigieuse mais très loin de la voie d’HaShem : ainsi, le descendant de  Jacob sera R’ Yéhouda (HaNassi) tandis que l’un des descendants d’Esaü sera  l’empereur romain Antoninus (Antoine). 

R’ Yéhouda qui mit la Mishna par écrit a été nommé « HaNassi » – le Prince – et, certains sages ont fait remarquer que ce surnom « HaNassi » formait  l’acronyme de Nishmato Shel Yaakov Avinou6.  

Quant à l’accouchement et à la naissance d’Esaü et de Jacob : quelles étaient  les motivations de chacun pour se presser de sortir de la matrice de leur mère  dans laquelle un ange leur enseignait la Torah ? Esaü ne voulait plus entendre  parler de Torah quant à Jacob, pour sa part, il avait hâte de sortir pour prendre  la peine d’apprendre la Torah par lui-même et en recevoir son salaire pour le  monde futur. 

Dès la grossesse, Jacob manifestait son désir d’étudier la Torah lorsque sa  mère passait à proximité des tentes de Sem et Eber. Nous ferons ici une  parenthèse : lorsque dans Vayéra il est écrit au sujet d’Abraham (bereshith  chapitre XVIII, 1) veAvraham yoshev petah haohel : et Abraham, était assis à  l’entrée de sa tente c’est pour nous signaler que le patriarche tenait  essentiellement à accomplir des mitsvoth. 

Sept chapitres plus loin, la Torah nous présente Jacob étant (bereshith chapitre  XXV, verset 27) Yaakov ish tam yoshev ohalim : Yaakov homme parfait  siégeant sous les tentes. Le mot hébraïque TAM vient du mot TAMIM parfait et  il est rappelé que la Torah est TEMIMA ce qui permet de donner à ce mot TAM 

deux acceptions la première étant que Jacob était aussi parfait que la Torah  mais encore, les lettres Tav et Mem sont les initiales de Torah et de Mitsvoth,  ainsi que nous le verrons plus loin lors de la rencontre de Jacob et Esaü (parashath vayetsé bereshith chapitre 32, verset 5) lorsque le père des 12  tribus signifie à son frère : « j’ai habité chez Lavan » c’est-à-dire : « garti » allusion aux 613 mitsvoth…

Quant au parallèle entre Abraham et Jacob lorsque la Torah enseigne que  Abraham était assis à l’entrée de LA tente ainsi qu’il a été signalé plus haut, le  fait qu’au sujet de Jacob le mot « tente » soit au pluriel signifie clairement que  le patriarche étanchait sa soif de Torah en allant de tente en tente (yeshivoth  de Sem et Eber) pour se remplir de Torah). 

Au cours de la grossesse de Rivka, Esaü avait hâte de sortir mais Jacob aussi  pour un autre motif : il avait hâte d’étudier la Torah ! Jacob saisit le talon d’Esaü  car il était l’aîné des deux jumeaux mais, usant de ruse, il sortit le premier à la  place de Jacob ce qui fait qu’en fait, il n’y a pas eu roublardise lors de la  « vente » du droit d’aînesse mais un juste retour des choses d’autant qu’Esaü  n’avait que faire de l’obligation qui lui serait incombée de servir D. De toute  façon, c’est une véritable transaction qui eut lieu entre les deux frères : étant  reconnu comme l’aîné, Esaü eut été contraint d’assurer la prêtrise dont il n’avait  cure car il était homme attaché à l’action et à la violence d’où son attrait pour  la chasse. 

Isaac vieillit et sa vue n’est plus aussi claire. Sa « vue » c’est-à-dire son sens  prophétique s’obscurcit et est entravé par son amour pour son fils Esaü, dont  le grand mérite fut d’avoir observé la mitsva du kiboud av vaEm (respect du  père et de la mère, ce que Jacob redoutait car il savait que son frère avait  amassé d’énormes mérites pour cela. Seule Rébecca (Rivka) continue à avoir  son don prophétique ; c’est pour cette raison qu’elle dirige son fils Jacob. Esaü  a contracté mariages avec des Cananéennes et elles brûlaient de l’encens à  leurs idoles ce qui détériora davantage la cécité d’ Isaac. 

Caroline Elishéva REBOUH

1- Rav Hayim Ben Atar (1696-1743)

2- Le mot TOLEDOTH appartient à la racine youd-lamed-daleth soit yéléd = enfant, leholid = faire  naître, accoucher ; leyda = accouchement ; yoledeth = accouchée. Par extension, le mot TOLEDOTH  signifie généalogie et histoire. 

3- Pour la seule et unique fois dans le Tanakh tout entier. 

4- Lettre hébraïque ayant une valeur numérique de 10. Le youd symbolise aussi le nom de D.

5-
Lettre hébraïque d’une valeur numérique de 5, symbole aussi du nom de D et de fertilité.

6- נשמתו של יעקוב אבינו = הנשיא