PARACHA  LEKH LEKHA 5785 vendredi 8 novembre 2024, 7 Hechvan 5785

La paracha *Lech Lecha* (לך לך), qui signifie « Va pour toi » ou « Va vers toi », raconte l’appel de Dieu à Avraham (Abram à ce stade), pour quitter son pays, sa famille et la maison de son père afin de se rendre vers la terre que Dieu lui montrera. Ce voyage marque le début d’une relation spéciale entre Avraham et Dieu, ainsi que la fondation du peuple d’Israël.

HORAIRES DE CHABAT – LEKH LEKHA
NETANYA – 16h24 – 17h22
JERUSALEM – 16h03 – 17h22
HAIFA – 16h23 – 17h21
EILAT – 16h28 – 17h25
ASHDOD – TEL-AVIV – 16h26 – 17h24
BEER SHEVA – 16h26 – 17h24
PARIS – 17h00 – 18h08
MARSEILLE – 17h03 – 18h05
LOS ANGELES – 16h35 – 17h32
MIAMI – 17h16 – 18h10
NEW YORK – 16h25 – 17h26


CANDIDAT A L IMMIGRATION VERS CANAAN. 

L’approche est la même que l’on retrouvera d’ici quelques parashot lorsque  l’Eternel formulera une demande un peu particulière à Abraham : sacrifier son seul  et unique fils. IL commencera alors par faire précéder l’objet de la demande de  l’ordre lekh-lekha. En effet IL lui dira « prends ton fils, ton unique, celui que tu aimes, Isaac et va pour toi… ». 

Dans cette sidra, l’Eternel dira à Abraham ; « va-t’en de ta terre, de ta patrie, de la  maison paternelle, vers la terre que JE t’indiquerai » car il apparaît clairement que  la mitsva est de partir, de s’arracher de cette terre à partir de laquelle il a été formé,  puisque l’homme est formé de la terre prélevée aux quatre coins du monde de  manière à ce qu’il ne se sente étranger en aucun lieu. La patrie c’est, en principe  le lieu de ta naissance car le mot moledeth contient la racine du mot naissance  lamed-(youd)-daleth-’hé…De ta maison paternelle, c’est-à-dire de tout ce que tu  as pu glaner de l’enseignement de ton père (mais pas que du père ainsi que le dit  Shlomo HaMelekh dans le premier chapitre des Proverbes, verset 8 : Ecoute mon fils les leçons de ton père ne néglige pas l’enseignement de ta mère), Abram se  trouve donc, dans l’obligation de se délester de tout ce qui fut son cadre de vie et  la mentalité qu’il avait acquise sur cette terre qui va lui devenir étrangère. 

Ce qu’il faut donc retirer de cette progression, c’est qu’avant de diriger ses pas  vers ce pays qu’HaShem va lui montrer, il faut qu’il se prépare physiquement,  matériellement, spirituellement…. 

Une mission attend Abram d’Ur kasdim (la fournaise) : enseigner. La sidra s’inscrit  dans une dynamique qui illustre à la fois le personnage du patriarche qui fut celui  de toutes les nations et qui, dans sa volonté de progresser, d’enseigner et de faire  évoluer les masses fut en quelque sorte le précurseur du mot d’ordre  « OUFARATSTA » (diffuser, rayonner) en diffusant ce qui sera appelé le  monothéisme. 

Pour la petite histoire (mais vraiment toute petite histoire) ce n’est peut-être pas  par hasard que l’un des slogans du mouvement habad/Loubavitch est  OUFARATSTA et que la maison du Rabbi était au 770 Eastern Parkway car  FARATSTA est en guematriya 770 et oufaratsta est 776 ce qui signifie tu diffuseras  tu enseigneras dans les 6 directions : vers le Sud, le Nord, l’Est et l’Ouest (comme  il est écrit dans la Torah) mais AUSSI en voyageant même dans les airs, sur la  mer ou au centre de la terre… !!! 

Pourtant, Térah, père d’Abram, est un homme qui décide de quitter la Chaldée  après qu’Abram eût, miraculeusement, échappé à la fournaise. Abram avec sa  famille et son père se dirigent donc vers le pays de Canaân dont ils étaient  originaires mais, en chemin, Térah opère un retour sur lui-même : il n’a pas su se couper et s’arracher à ses racines et couper toute attache avec le matérialisme et  c’est alors que D éprouve une fois de plus la conviction d’Abram : לך-לך » vas  pour toi » traduit-on généralement mais, en fait, il s’agit plutôt d’un encouragement,  et pas seulement d’un ordre : D fait comprendre à celui qui va avoir l’immense  privilège de discuter pied à pied avec Lui que LE moment est venu : le moment  de tourner le dos à l’impureté de l’idolâtrie, à la faiblesse de Térah, à cette région,  à cette civilisation, et, le moment est arrivé de fonder la nation juive sur une terre  juive, sur ce pays de Canaân qui n’est autre que le pays des Hébreux comme en  témoigne le texte biblique en plusieurs endroits, comme par exemple lorsque  Joseph se présente à Pharaon et lui déclare avoir été enlevé du pays des Hébreux  (Genèse XXXX, 15). Néanmoins, Canaân est rempli d’idoles. Comment expliquer,  alors, que Abram réussira à faire des émules au monothéisme bien qu’il n’ait pas  réussi en Chaldée ? C’est, disent nos Sages, parce que les Cananéens sont plus  souples que les Araméens. 

Or, en hébreu les racines חרט et חרת ont des sens assez voisins ce qui permet  de comprendre que bien que Térah dont la valeur numérique est de 608 n’a pas  voulu aller au-delà et prendre sur lui les 613 mitsvoth, au contraire, il a reculé, il a  regretté (‘hithareth)…. 

D’autre part, il semble étrange que HaShem ordonne à Abram de partir de chez  lui alors que justement, quelques versets avant nous avons lu que Térah était parti  de chez lui en emmenant avec lui toute sa famille, les mots LEKH LEKHA viennent  donc souligner l’importance de l’acte que va accomplir Abram, il est déjà parti de  Our Kasdim alors pourquoi D lui dit-Il de partir de son pays de naissance et, en fait  Our Kasdim est-elle vraiment son lieu de naissance ? Abram se trouve à Haran  lorsque D lui demande de quitter sa ville de naissance c’est donc que le patriarche  est né à Haran ! Ce lieu est celui des Araméens ou celui des gens trompeurs (en  inversant les lettres de arami (araméen) on obtient ramai (trompeur). Et, c’est vers  Haran que le patriarche se tournera plus tard pour chercher une épouse pour son  fils Isaac…. Le but divin est donc pour Abram de quitter ce lieu où il n’y a pas de  source de pureté et de sanctification possible. 

Le premier hébreu nommé explicitement comme nous le verrons dans le courant  de cette parasha (lorsque dans Bereshit XIV, 13 Abram est désigné comme Abram  HaIvri ) est Abram, cet homme qui a franchi la frontière qui sépare l’impureté de la  sainteté et donc la Chaldée, ce qui sera Babylone, vers le pays de Canaân qui est devenu le pays d’Israël.  

Cette séparation d’avec Térah sera suivie de la séparation d’avec Loth, le neveu  d’Abram. Loth qui fera l’inverse d’Abram puisqu’il va revenir en arrière lui aussi,  tout comme Térah : au lieu d’aller et de continuer à aller de l’avant et de progresser  dans le chemin que lui a montré le futur patriarche, Loth va revenir en arrière vers  le pays d’avant : c’est pour cela qu’il va se diriger vers kedem c’est-à-dire non pas  seulement vers l’orient mais encore vers la culture de la civilisation de laquelle il ne s’est pas séparé. La lutte qui existe entre Abram et Loth est celle du bien contre  le mal. Abram, par vision prophétique verra que de Loth viendra le Messie (l’une  des deux filles de Loth étant la mère de Moav d’où est issue Ruth, « grand-mère »  du Mashiah. 

Les quatre rois qu’Abram vainc dans la sidra sont : Amrafel, Ariokh, Kedarlaomer  et Tidal. D’après la tradition Amrafel, Hamourabi et/ou Nimrod sont un seul et  même roi. Ils représentent les 4 empires qui vont asservir Israël au cours de  l’Histoire ainsi que le décrit le Maharal de Prague : Babel, Parass, Yavane et Roma  = Babylone, Perse, Grèce et Rome. C’est-à-dire le « bloc » d’Ismaël et le bloc  d’Essav ou Edom, nos frères et ennemis de toujours. 

Abram est donc parti de Haran avec « les âmes qu’il a faites ». Abram a enseigné  le monothéisme à tous ceux qui l’entouraient et pour lesquelles la Torah précise  qu’il les a « faites » c’est-à-dire qu’il les a formées aux normes du judaïsme et non  seulement il les a formées mais souligne bien le texte : il les a « élevées » car en  abandonnant l’idolâtrie pour devenir les serviteurs du D Un ils ont élevé leurs âmes  et leurs instincts vers la sainteté. C’est également en ce sens qu’Abram a eu le  mérite d’être Abram HAIVRI car il est demeuré « à part », il a dépassé les autres  et il est donc passé « méêver » au-delà.  

Entre autres épreuves Abram qui est le premier à quitter son lieu de naissance  pour prendre possession du pays de Canaân, doit subir la famine et se mesurer  avec un premier « exil ». 

La famine raâv en hébreu est un mot composé des mêmes lettres que le mot êver  (ivri) עברי/עבר רעב. Rashi commente cet évènement de la façon suivante : D a  voulu imposer cette famine à Abram qui, à peine arrivé en Canaân s’est vu dans  l’obligation de s’éloigner de ce pays pour aller en Egypte trouver de la nourriture  et pouvoir constater alors si Abram se révolterait et repartirait vers son pays  d’origine. Le thème de la famine est souvent exposé dans la Bible. Et, il est utilisé  toujours pour pouvoir éprouver les protagonistes. 

Demeurant encore sans enfant Abram, sur les recommandations de Saraï, devient  père d’Ismaël en prenant Hagar pour concubine mais, ce n’est qu’après ceci  qu’HaShem ajoute la lettre HE aux noms d’Abram et de Saraï qui deviendront les  parents d’Isaac. La lettre HE qui est le symbole du D Créateur et de Miséricorde. 

Dr Caroline Elisheva Rebouh PhD.
ד »ר קרולין אלישבע רבוה בן אבו