Les récentes et salutaires interventions d’Israël au Liban ont sans grande surprise provoqué une nouvelle baisse de la note de crédit d’Israël par l’agence de notation Moody’s.
Pouvait-il cependant en être autrement ?
La guerre est-elle seule responsable de cette baisse ?
Quelques heures après l’éloquent discours du Premier Ministre Netanyahou aux tribunes des Nations Unies, suivi de l’attaque massive de Tsahal au cœur de Beyrouth ayant entraîné une cassure des relations israélo-américaines, l’agence de notation Moody’s a annoncé sa décision d’abaisser la note d’Israël de deux niveaux supplémentaires, après l’avoir déjà abaissée une première fois au début de la guerre.
Il est vrai que cette baisse semblait inévitable, toutefois c’est sa force qui surprend.
Semble que Moody’s, au-delà de la guerre, a sorti son carton rouge à l’encontre du ministre des Finances et des politiques économique et sécuritaire du gouvernement israélien d’une part, mais également à l’encontre d’Israël en tant que pays ; rouge vif et hurlant.
La mandature de Bezalel Smotrich comme ministre des Finances, restera entachée de ces trois baisses de la note d’Israël; la guerre, seule responsable ? Pas si sûr…
Tout d’abord, les analystes économiques de Moody’s soulignent qu’une politique budgétaire plus responsable, moins sectorielle et plus équilibrée aurait pu adoucir leur jugement, peut-être en limitant la dégradation actuelle à un seul cran.
Il était attendu et souhaitable de fixer un objectif de déficit budgétaire à seulement 4.50 % du PIB pour 2024 (comme le recommande la communauté des économistes israéliens) et de mettre en œuvre des mesures d’austérité et de taxation de grande envergure à cet effet, y compris l’annulation de tous les fonds de la coalition.
Toutefois, le Premier ministre et le ministre des Finances avaient d’autres objectifs, notamment celui de maintenir la coalition en abreuvant de subventions les ultra-orthodoxes et les implantations de Judée-Samarie.
Un carton rouge de l’agence de notation Moody’s, qui, rappelons-le, est une société privée à but lucratif, est mauvais pour Israël.
Cela reflète à la fois l’évaluation négative que Moody’s porte sur la politique de sécurité d’Israël et le sentiment anti-israélien qui règne sur l’ensemble du globe.
Il semble évident, que pour un pays engagé dans une guerre sur plusieurs fronts, guerre dont le coût est actuellement estimé à 12~13 % du PIB, Moody’s n’avait d’autre choix professionnel que de réduire sa note.
Le coût de la guerre est actuellement estimé à 250 milliards de shekels, une somme énorme qui comprend une augmentation de 140 milliards de shekels du budget de sécurité, dont le poids dans l’économie a déjà doublé, mais aussi de dizaines de milliards de shekels supplémentaires au titre de subventions et de compensations et une perte importante de la productivité due à la mobilisation des réservistes, ainsi que les déplacements des réfugiés internes au sein du pays, notamment les habitants du Nord, pris sous le feu des terroristes du Hezbollah.
Cette guerre n’a évidemment pas été sans conséquences sur les importations et les investissements, ainsi que sur le shekel.
Selon les projections de Moody’s, la croissance s’arrêtera pendant plusieurs années et le déficit budgétaire restera important – plus de 6 % du PIB – également l’année prochaine.
Ses prévisions pour les années à venir sont négatives, même s’il convient de noter que de par le passé, certaines de ses prévisions à l’endroit d’Israël n’avaient pas résisté à l’épreuve de la réalité.
Comment le déclassement affectera-t-il le quotidien israélien ?
Hormis une certaine augmentation du taux de la dette israélienne, cela ne devrait pas avoir un impact important sur les marchés mondiaux des capitaux, qui ne prêtent que peu d’attention aux avis des agences de notation et n’y réagissent généralement pas.
Yali Rothenberg, comptable général au sein du ministère des Finances, voit tout de même une logique à la décision de Moody’s.
De fait, Moody’s pointe du doigt le fait que le gouvernement israélien n’a pas de stratégie politique et sécuritaire pour mettre fin au conflit avec le Hezbollah, condamnant par là-même Israël à sombrer dans l’épuisement.
C’est ainsi que les organismes de notation prennent un rôle qui outrepasse à bien des égards leur fonction première : attribuer une note au pays et non à sa capacité à rembourser une dette.
Israël n’a jamais été en retard d’une heure pour payer toutes ses dettes, a accumulé des réserves de devises de 220 milliards de dollars et bénéficie d’un très large excédent de sa balance des paiements internationale.
Arnaud Sayegh
Avec l’aimable autorisation de KNE
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