A la fin des Séli’hot, les Séfaradim ont l’usage de dire le Piyout
אליך ה’ נשאתי עיני
(« Ele’ha Hachem Nassati ‘Enaï »), dans lequel nous disons la phrase :
» הַעֲבֵר חַטָּאתִי אֱלֹקֵי יְשׁוּעָתִי, וְגַם אֶת דִּמְעָתִי שִׂימָה בְּנֹאדֶךָ »
« Passe sur ma faute, D.ieu de ma délivrance, garde aussi ma larme dans ton urne. »
Nous demandons à Hachem par cette phrase, qu’Il conserve nos larmes et qu’elles soient visibles devant Lui, afin que soient acceptés notre repentir et nos prières.
Chez les Achkénazim, un texte similaire est en usage.
Il s’agit du Piyout
אזכרה אלוקים
(« Ezkera Elokim »), dans lequel il est dit :
יְהִי רָצוֹן מִלְּפָנֶיךָ שׁוֹמֵעַ קוֹל בְּכִיוֹת, שֶׁתָּשִׂים דִּמְעוֹתֵינוּ בְּנֹאדְךָ לִהְיוֹת, וְתַצִּילֵנוּ מִכָּל גְּזֵרוֹת אַכְזָרִיּוֹת, כִּי לְךָ לְבַד עֵינֵינוּ תְלוּיוֹת
« Qu’il en soit Ta volonté, Toi Celui qui écoute la voix des pleurs, que Tu places nos larmes dans ton urne, et que Tu nous sauves de tous les décrets cruels, car c’est seulement vers Toi que nos yeux sont levés. »
Le fait de demander à Hachem qu’il conserve nos larmes dans une « urne », prend sa source dans les Téhilim :
… שִׂימָה דִמְעָתִי בְנֹאדֶךָ … (תהלים נו-ט)
… Veuille recueillir mes larmes dans ton urne … (Téhilim 56-9)
Nos maîtres commentent ce verset dans la Guémara Chabbat (105b) :
Celui qui verse des larmes pour un homme Cacher (droit), Hachem comptera ses larmes et les conservera dans Ses trésors.
Rachi commente ce verset dans les Téhilim : Nous demandons à Hachem de voir nos larmes, et qu’elles soient considérées à ses yeux comme nos malheurs.
Ainsi, il est certain que nous mériterons l’acceptation de nos prières.
Rébbenou ‘Haïm VITTAL écrit au nom de son maître le saint ARI zal, que lorsqu’une personne n’arrive pas à pleurer lors des prières des Yamim Noraïm (Roch Ha-Chana et Yom Kippour), c’est le signe que son âme n’est pas correcte et parfaite.
Mais notre maître le Rav Ovadia YOSSEF z.ts.l disait que même si la personne n’arrive pas à pleurer, elle peut malgré tout prier avec une voix pleureuse et avec supplication, comme il est dit :
כִּי-שָׁמַע ה’, קוֹל בִּכְיִי (תהלים ו-ט)
Car Hachem entend la voix de mes pleurs. (Téhilim 6-9)
Cependant, plusieurs décisionnaires des derniers siècles émettent une remarque concernant le passage des Séli’hot cité au début de nos propos (les larmes conservées dans une urne).
Parmi eux, le Gaon auteur du Ohel Ya’akov (dans les règles des Séli’hot note 11), selon qui, si quelqu’un sait personnellement qu’il ne pleure pas, comment peut-il dire ces termes ? En s’exprimant ainsi, il dit des mensonges !
Le Gaon auteur du livre Taharat Ha-Maïm ajoute que si la personne ne pleure pas à ce moment des Séli’hot, il ne peut dire cette phrase, car il prononcera des mensonges.
Cependant, notre maître le Rav z.ts.l écrit (Hazon Ovadia-Yamim Noraïm page 19) que si la personne pleure lors des prières de Yom Kippour, par exemple lors du Viddouï – et en particulier lors du Grand Viddouï de Rabbenou NISSIM Roch Yéchivat Bavel – il peut penser lors des Séli’hot lorsqu’il dit la phrase
… וְגַם אֶת דִּמְעָתִי שִׂימָה בְּנֹאדֶךָ
« … garde aussi ma larme dans ton urne. », aux larmes qu’il versera en temps réel le jour de Yom Kippour, et il n’est pas nécessairement obligatoire de pleurer exclusivement à ce moment précis des Séli’hot.
Similairement, dans le Piyout
לך א-לי תשוקתי
(Lé’ha E-li Téchoukati) que nous disons le soir de Yom Kippour, et dans lequel il est dit :
אנסך את דמעי לך
Je verse mes larmes vers Toi
Si l’on pense aux larmes que l’on versera lors du Viddouy, c’est suffisant, même s’il est très juste pour toute personne religieusement consciencieuse de se stimuler à pleurer exclusivement lors du Piyout « Lé’ha E-li », avec un sentiment pur, car ce Piyout est plein d’éclats de feu spirituel.
De plus, le Gaon Rabbi Chélomo Zalman OYERBACH z.ts.l écrit (Chalmé Mo’ed page 23) que celui qui ne pleure pas, peut penser aux larmes de l’ensemble du peuple d’Israël qui déversent leurs larmes comme de l’eau en ces jours, même si la personne ne pleure pas elle-même.
Notre maître le Rav z.ts.l cite ses propos.
En conclusion : Même une personne qui ne pleure pas lors des Séli’hot, est autorisée à dire les Piyoutim des Séli’hot dans lesquels est mentionnée la notion des pleurs et des larmes.
Elle devra penser aux larmes qu’elle versera en temps réel (lors des prières de Yom Kippour).
Il est évident qu’une prière dite avec des larmes ne revient jamais inexaucée, et il est très important – en particulier lors des prières des Yamim Noraïm – de prier en pleurant, avec amour d’Hachem et en exprimant de la peine pour s’être éloigné de Lui par nos fautes.
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