Ces derniers mois, Israël a été secoué. Mais secoué ne veut pas dire abattu. Alors que nous venons de passer par la période entre le 17 Tamouz et le 9 Av, des jours de deuil et de réflexion, il est temps de se poser la question : que faisons-nous de tout ça ?
Nos divisions, nos querelles inutiles, nous les connaissons bien. Elles nous ont coûté cher par le passé. Elles nous coûtent cher à chaque fois. Mais aujourd’hui, nous avons une opportunité unique : dépasser ces conflits, nous écouter vraiment et construire quelque chose de solide ensemble. Pas demain, pas quand ce sera plus facile, mais maintenant.
L’éthique. Derech Eretz. Ces mots que l’on sort souvent comme des jokers dans les conversations, mais qui doivent être bien plus que ça. L’éthique n’est pas un concept abstrait réservé aux philosophes; c’est une nécessité pratique, surtout dans les moments où tout semble s’effondrer autour de nous. La vraie question est : comment l’intégrer dans nos vies, au-delà des discours bien pensés ?
Prenons un instant, un vrai, pour penser aux 115 otages encore retenus à Gaza, à nos soldats qui, depuis 314 jours, se battent sans relâche et dont 690 ont sacrifié leur vie pour défendre notre pays et nos valeurs. Pensons aux 1623 victimes innocentes de cette guerre.
J’ai une pensée particulière pour ces centaines de milliers de nos compatriotes Israéliens du nord et du sud, arrachés de leurs foyers, et dont on parle si peu au-delà de nos frontières. Voilà la réalité. Et c’est face à cette réalité que l’éthique doit guider chacune de nos décisions, chacun de nos actes.
Pendant cette soirée organisée par l’UFE Israël et son président, Gérard Pomper, Dan Catarivas a partagé une analyse percutante sur les défis économiques d’Israël. Ce qui m’a marqué, c’est que les chiffres ne racontent qu’une partie de l’histoire. La prospérité, la vraie, se construit avec des valeurs solides. L’éthique économique, c’est bien plus qu’un concept; c’est ce qui nous permettra de bâtir un avenir où la justice sociale n’est pas juste un vœu pieux, mais une réalité concrète.
On parle souvent d’esprit d’équipe, de collaboration. C’est bien joli, mais combien parmi nous sont prêts à mettre de côté leur ego pour un vrai travail d’équipe ? Travailler ensemble, c’est bien plus que des mots. C’est une discipline, un engagement quotidien. Et surtout, c’est la reconnaissance que la haine gratuite, ces petites mesquineries, ces grandes querelles, sont nos véritables ennemies. Chaque matin, après Modeh Ani et les bénédictions, une petite phrase passe inaperçue, et pourtant elle est ô combien importante:
« Je prends sur moi de respecter le commandement d’aimer mon prochain comme moi-même, et je prends sur moi d’aimer chaque juif de tout mon cœur et de toute mon âme. »
Vous imaginez si nous nous disions tous et toutes cela en démarrant la journée ? Croyant ou pas ? Religieux ou pas? Chaque jour ?
Il est temps de construire des ponts, de chercher des terrains d’entente, même – et surtout – quand nous ne sommes pas d’accord.
La chanson Giborei Al de Hatikva 6 qui passe souvent à la radio en ce moment dit dans son refrain:
« C’est vrai que tout le monde ici semble être habitué, mais
Nous sommes une nation de super-héros.
Il y a toujours un soldat qui se cache en chacun de nous,
Prêt à sauver le monde. »
Ces paroles ne sont pas là pour nous flatter. Elles sont là pour rappeler que chacun de nous a le pouvoir d’agir, de faire quelque chose de grand. Cette sorte de schizophrénie que nous vivons entre la vie civile et la vie militaire n’est pas un idéal, mais la dure réalité qui nous oblige à nous remettre en question en permanence. Cela nous force à ouvrir nos cœurs et nos esprits à l’autre. Ce n’est pas de la faiblesse; c’est de la force, de la résilience.
Aujourd’hui, nous vivons dans un monde où tout va plus vite. Les rumeurs, les jugements, les réseaux sociaux, la technologie et l’intelligence artificielle semble tout envahir. Ces technologies sont incroyables, mais elles doivent rester des outils à notre service, pas l’inverse. L’IA ne doit jamais remplacer notre jugement éthique. Si nous laissons l’IA prendre le dessus sans y insuffler nos valeurs, nous risquons de perdre de vue ce qui nous rend vraiment humains.
Pour conclure, voici ma réflexion : Descartes disait « Je pense, donc je suis. » Mais dans le monde d’aujourd’hui, où l’action est essentielle, je dirais plutôt « Je fais, donc je suis. » Cela veut dire agir, avec éthique, avec respect, avec la volonté de construire plutôt que de diviser. C’est ce besoin de concret, cette envie de bouger, d’avancer ensemble, qui explique peut-être la fameuse « Houtzpa » israélienne. Parce qu’ici, en Israël, qui ne tente rien n’a rien. Et c’est cette audace, cette capacité à innover, qui continuera à propulser nos projets et notre pays vers l’avant. Mais il ne suffit pas de tenter, il faut aussi réussir ensemble, avec respect et unité.
Merci à Gérard Pomper de m’avoir invité à conclure la soirée avec cette intervention.
J’espère que ces mots nous inspireront à agir, avec cœur, avec éthique, et avec une volonté de bâtir un avenir meilleur, ensemble.
Guillaume Mordehay Hassoun.