Le mot âliya (montée), tout comme le mot ôlé (immigrant), sont des mots qui commencent en hébreu par une consonne, et non pas par une voyelle : en effet, la racine s’écrit âyin – lamed – -hé (monter). On ne peut donc écrire l’aliya, mais bien LA ÂLIYA. Tout comme on ne dira pas « l’ôlé » mais le ôlé.
Lorsque quelqu’un décide d’aller habiter au Canada par exemple, on dit simplement qu’il a émigré de France (par exemple), et se trouve être immigrant au Canada. En ce cas, pourquoi un immigrant en Israël est-il un ôlé ? Ou qu’il est « monté » en Eretz Israël ? C’est parce que l’action d’abandonner un pays quelconque pour s’installer en Israël représente et implique une ascension spirituelle de taille.
Il y a une autre ascension spirituelle, qui est la conversion. Il y a entre les deux actes, en effet, des liens communs : dans un cas comme dans l’autre, l’individu quitte un pays/une religion/, une façon de vivre, pour adopter un nouveau pays (nouvelles lois, nouveau drapeau, nouvelle langue, nouvelle mentalité (et en Israël il s’agit de « 70 mentalités différentes », eu égard au fait que les Israéliens proviennent de « 70 » nations ), ou un nouveau dogme (nouvelles lois religieuses, et nouvelle façon de vivre, en respectant tout un nouvel éventail de nouvelles dispositions), et tout-à-coup, chausse de nouvelles « lunettes », et regarde les choses d’un autre œil , et sous un autre angle.
Tous ces points, qu’ils soient sous le signe de la âliya ou de la conversion, ne se font pas sans épreuves : grandes ou petites, nombreuses ou pas, dans tous les secteurs et dans tous les domaines.
Le secret résidant dans ces épreuves, est que l’individu est mis à l’épreuve : tout se passe comme si une petite voix venue des cieux chuchotait aux oreilles : « ah ! ah ! tu veux monter en Israël/ou te convertir ??? eh bien, je vais te montrer qui je suis ; et je vais te tendre un piège, tu vas voir que rien ne sera facile, parce que si tu crois qu’il te suffit de monter dans un avion pour faire son aliya ??? Non mon cher ! il faut le vouloir à tout prix, et le changement ne se fera pas sur un claquement de doigt ! Tu verras, ce ne sera pas facile ; mais si tu y tiens vraiment, si tu le veux vraiment, alors ce sera TON PAYS A TOI !!! »
Pour savoir si nous tenons vraiment à ce petit pays, nous devons faire « le parcours du combattant », montrer patte blanche.
La fête de printemps, ou Pessah, est la fête de la liberté, car nous y célébrons notre mise en liberté de l’esclavage, pensé par Pharaon. Pour cette libération, des miracles mémorables eurent lieu, dont certains furent programmés depuis la création du monde ; comme le dévoile le Zohar : la déchirure de la mer Rouge, que nous avons franchie à pied sec.
Lors de Pourim, un autre miracle eut lieu, en dehors du sauvetage du peuple tout entier : à chaque fois que le roi Assuérus réclamait la reine Esther, c’était un être spécial (shed ou démon) qui prenait l’apparence d’Esther et qui la remplaçait, de sorte qu’elle était restée entièrement pure.
En Israël, des miracles ont lieu chaque jour, et à chaque instant.
Si nous avons décidé de venir en Israël et d’y vivre, c’est parce que nous aimons cette terre d’un amour pur et désintéressé, et que nous sommes là, parce que nous avons pris conscience que nous avons besoin d’elle plus qu’elle n’a besoin de nous ; car elle a existé, elle existe et existera encore longtemps sans nous, ou avec nous. Nous ne lui apportons pas grand-chose, alors qu’elle, de son côté, nous apporte tant : en venant en Israël, nous recevons notre statut officiel de Juif sur sa terre, et nous laissons choir de nos épaules notre chemise rapiécée de Juif Errant.
En arrivant en Israël, nous changeons de façon et de style de vie :
aujourd’hui, nous troquons le sandwich vite fait acheté en à la va-vite, pour un falafel, un kebab, ou un schawarma , tout en nous disant que, désormais, nous avons la chance d’en manger tous les jours si nous le désirons, et que nous ne sommes pas obligé d’attendre les prochaines vacances !
Ici, on gagne moins d’argent qu’en France, par exemple ; mais, on vit dans un pays où chaque grain de poussière est à nous, où chaque pierre et chaque arbre ont vu, évoluer le Roi David, les prophètes et les juges bibliques. Ici, beaucoup plus qu’ailleurs, un homme est un homme et non une bête que l’on traîne et que l’on maltraite, la vie humaine a son prix, et ici, je peux marcher la tête haute. Même si à l’armée il n’y a pas de quoi satisfaire les plus orthodoxes d’entre nous, ici, nous avons l’armée la plus humaine et la plus puissante du monde, des soldats qui sont les plus vaillants du monde ; ici, nous pouvons tous prier et manger casher, et ce n’est pas une gageure !
Ici nous devrions pouvoir tout accepter pour avoir le droit de goûter à l’éternité.
Faire son aliya est une mitsva : celle du yishouv haaretz ; c’est-à-dire d’habiter le pays. Cette mitsva est inscrite effectivement dans la Torah, et nous le voyons dans la parashat Reeh, et non pas seulement à cet endroit précis (Deutéronome XII, 29) :
כי יכריתת ה’ אלקיך את-הגוים אשר אתה בא שמה לרשת אותם מפניך וירשת בארצם וישבת אותם. » Lorsqu’HaShem aura détruit les peuples que tu vas déposséder, lorsque tu les auras dépossédés, et QUE TU RESIDERAS DANS LEUR PAYS »
Ce qui signifie qu’il faut habiter ce pays, et que ceci est un plan divin.
Il existe plusieurs façons de commenter ce verset, et l’une d’elles est proposée par Sifré (midrash sur Les livres des Nombres et du Deutéronome) : RESIDER dans ce pays est une récompense. Ou mieux encore, c’est un héritage, un cadeau que Dieu nous a octroyé.
Si certains ne considèrent pas qu’habiter ou choisir Israël comme lieu de résidence est une mitsva, Nahmanide, ou Rabbi Moshé ben Nahmane de Gérone, ou HaGuérondi (1), postérieur à Maïmonide (2), en s’appuyant sur un verset des Nombres (chapitre XXXIII, verset 53) où sont inscrits les mots suivants : « vous hériterez du pays et vous y habiterez (3) », pense qu’habiter en Israël est une mitsva inscrite on ne peut plus clairement dans la Torah. Evidemment, ainsi que l’on a coutume de dire : לתורה פנים שבעים, il y a 70 façons d’interpréter la Torah ; c’est à-dire qu’il existe de multiples façons de commenter la Torah. Il n’en demeure pas moins que certaines mitsvoth s’attachent uniquement à la vie dans le pays, même si le Temple n’existant pas de nos jours, toutes les mitsvoth s’attachant à la Maison de Dieu ne sont plus appliquées de nos jours.
En conséquence, même si « monter en Israël » ne fait pas partie des 613 mitsvoth, il est tout de même écrit : « vous y habiterez » et Maïmonide lui-même déclare, que le fait d’habiter en Israël, est une mitsva qui dépasse de loin toutes les autres.
Caroline Elishéva REBOUH
1– 1194-1270
2– 1135-1204
3– בה וישבתם הארץ את והורשתםVous hériterez du pays et vous vous y installerez
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