Etant enfant, je me souviens que ma mère – aux approches de Rosh Hashana,
lorsqu’étaient distribués dans les boucheries cashères de l’époque, les calendriers
juifs ou hébraïques – regardait attentivement les périodes où étaient inscrites les
tekoufoth de l’année. Je me souviens qu’il y en avait quatre et qu’avec chaque date
étaient inscrites des heures.
Par la suite, je n’ai plus revu ces mentions mais, un jour, en cours, notre Rav, évoqua
cette notion pour laquelle je demandai plus d’explications. Malheureusement,
aujourd’hui, peu de personnes accordent une importance – même relative – au sujet
et peu de personnes savent expliquer ce fait.
Le calendrier juif est luni-solaire c’est-à-dire que si les mois suivent un cycle solaire,
sept fois au cours du cycle solaire (1), est intercalé un mois supplémentaire –année
embolismique – de manière à ce que les fêtes soient toujours célébrées au cours des
mêmes saisons.
Dans l’année « laïque » sont remarqués 2 équinoxes et 2 solstices. Les équinoxes sont
des périodes où la durée des jours et des nuits est équivalente et marquent l’entrée
du printemps ou de l’automne. Les solstices marquent l’entrée de l’été ou de l’hiver.
Ces dates sont notées dans le calendrier grégorien les 20 mars, 20 juin, 20
septembre et 20 décembre et pour le calendrier juif ces tekoufoth ont lieu les 7 ou 8
avril (tekoufa de nissan correspondant au changement de l’eau en sang en Egypte),
les 7 ou 8 juillet (en rapport avec la période où Moïse a frappé le rocher au lieu de lui
parler), les 7 ou 8 octobre (en rapport avec la âkédat Itshak ou sacrifice d’Isaac) et
vers les 7 ou 8 janvier (en rapport avec la période où Yftah 2 sacrifia sa fille et les
eaux furent changées en sang).
Ainsi que cela apparaît clairement, ces « tekoufoth » ont un rapport plus ou moins
direct avec l’eau et/ou le sang.
La tekoufa est calculée ainsi : 91 jours et 7 heures et demies ce qui nous ramène à un
total de 365 jours et un quart (six heures).
Aussi lors de ces tekoufoth, il va être conseillé de s’abstenir de boire de l’eau
pendant deux heures ces jours-là. (Il faut s’enquérir auprès de chaque communauté) de l’heure à laquelle a lieu la tekoufa). La raison est attachée à la mystique juive où il
est permis aux esprits de « régner » sur les eaux tirées ou du robinet.
Comment observe-t-on aujourd’hui la tekoufa ? : Il faut s’abstenir de boire de l’eau du
robinet ou de l’eau qui se trouve dans des bouteilles non scellées à moins qu’il ne
s’agisse d’eau qui aura été bouillie avant l’heure de la tekoufa.
Les « anciens » mettaient dans les jarres d’eau et les carafes des clous ou des vis et
recouvraient d’un tissu propre les récipients contenant de l’eau. Puis ils se servaient
de l’eau à nouveau après les deux heures indiquées. Aujourd’hui, il est permis de
boire de l’eau dans laquelle on aura ajouté un jus de fruit – citron, orange etc….-
même si la majeure partie est de l’eau, ou de l’eau bouillie et maintenue au chaud
par exemple dans une bouteille thermos ou un thermos électrique…..
On rapporte que parfois les personnes ayant consommé de l’eau pendant la
« tekoufa » pouvaient être frappées d’hydropisie. Certains sages ont émis l’hypothèse
selon laquelle de nouvelles maladies sont apparues en ces périodes.
L’eau restée découverte même dans un réfrigérateur devrait être jetées.
Si les Sages conseillent la prudence, il ne faut tout de même pas dramatiser et dans
tous les cas ne pas hésiter à poser des questions à des spécialistes.
Caroline Elisheva REBOUH
1 – Le cycle solaire est de 19 années au cours desquelles à sept reprises un mois est ajouté les 3ème, 6ème, 8ème, 11ème, 14ème, 17ème et 19ème années.
2 – Yftah haGuileâdi de la tribu de Menashé était le huitième Juge des Juges d’Israël à la période biblique§. Il était « guibor hayil ». Sa mère était une prostituée et il fut chassé du territoire de Menashé. Il avait juré que s’il revenait vainqueur du combat, il sacrifierait la première personne qu’il verrait sortir de chez lui. Apprenant sa victoire, sa fille sortit de la maison paternelle en dansant et c’est ainsi qu’il compris la taille de son erreur. Il avisa sa fille du malheur qui les frappait tous deux et demanda à pleurer et se lamenter sur son sort pendant deux mois au terme desquels, il exécuta sa fille. (voir le livre des Juges, chapitres XI et XII;)