Une étude pionnière menée sous la direction du Prof. Carmit Levy du Département de génétique humaine et de biochimie de l’Université de Tel-Aviv, la doctorante Roma Parikh et le Prof. Yftach Gepner, a montré pour la première fois que les ovaires des femmes entre 30 et 40 ans, âge où la fertilité naturelle diminue progressivement, sécrètent davantage d’hormone AMH en été, apparemment en raison de l’exposition accrue aux rayons UV (ultra-violets) du soleil.
L’étude, réalisée en collaboration avec le Dr. Ruth Percik de l’Institut d’endocrinologie du Centre médical Sheba Tel Hashomer, a été publiée dans la revue Steroids.
« L’hormone AMH, ou hormone anti-müllérienne, est sécrétée par les ovaires, et il existe un lien entre son niveau dans le sang et le fonctionnement ovarien », explique le Dr. Percik. « Le niveau de cette hormone varie individuellement chez chaque femme à un moment donné, et ne reflète pas à 100% son état de fécondité, mais sa valeur, son évolution et la comparaison de son niveau avec la moyenne du groupe d’âge sont les meilleurs indicateurs de fertilité dont nous disposons. Pour cette raison, toutes les femmes qui cherchent à tomber enceinte font un test d’AMH. En Israël, tous ces tests sont envoyés au laboratoire de Sheba Tel Hashomer. Notre groupe de recherche a vérifié pour la première fois s’il existait une fluctuation saisonnière de ces niveaux d’AMH, afin de mesurer la manière dont les ovaires réagissent au rayonnement UV ».
Le système reproducteur féminin semble plus fertile en été
Pour ce faire, les chercheurs ont comparé les résultats des tests d’AMH de 2 235 femmes israéliennes avec le niveau de rayonnement UV enregistré. Chez les femmes plus jeunes, entre 20 et 29 ans, aucune relation statistique n’a été trouvée entre l’exposition aux UV et le niveau d’AMH. En revanche, chez les femmes plus âgées, entre 30 et 40 ans, on a constaté une tendance saisonnière clairement significative sur le plan statistique : ces femmes, dont la réserve d’ovules est en baisse, ont réagi positivement à l’exposition au soleil.
« D’après nos précédentes études, nous savons que l’exposition au soleil accélère le métabolisme, augmente l’appétit et développe le comportement sexuel et, au moins chez les souris de laboratoire, fait croitre les ovaires et prolonge la période de fécondité », explique le Prof. Levy. « Il s’agit d’une première étude épidémiologique humaine pionnière, et nous devons être prudents avant d’en déduire une relation causale entre la fertilité chez les femmes et l’exposition aux rayons UV. Les humains ne sont pas identiques aux souris. Cependant, il n’y a aucun doute que nous sommes également des mammifères, mais sans fourrure, ce qui nous rend encore plus sensibles au rayonnement solaire ; et nos hormones sont synchronisées avec les heures du jour et le rayonnement. Nos recherches suggèrent que le système reproducteur féminin est effectivement plus fertile en été, mais nous n’avons pas encore de données sur les taux de réussite dans la réalité ».
Il est particulièrement intéressant de noter que cet effet ne se retrouve pas chez les femmes plus jeunes, âgées d’une vingtaine d’année. Selon le Dr. Percik, la raison en est probablement le réservoir d’ovules dont elles disposent : « D’après mon interprétation des résultats, les femmes au début de leur période de procréation ont moins besoin des signaux du soleil, qui affectent des voies hormonales qui n’ont pas été encore suffisamment étudiées. Elles sont moins affectées ou dépendantes des forces de la nature en ce qui concerne la fécondité. En revanche, les ovaires plus âgés ont besoin de facteurs environnementaux optimaux pour fonctionner. En fait, cet effet est encore plus marqué chez les femmes âgées de 35 ans et plus. Bien sûr, il faut émettre des réserves et insister sur le fait que l’exposition aux rayons UV du soleil doit toujours se faire avec modération, et que des recherches supplémentaires sont nécessaires pour déterminer si l’exposition contribue effectivement à la fertilité et quelle quantité d’exposition est nécessaire ».
Photo:De gauche à droite: le Prof. Carmit Lévy, le Dr. Ruth Percik et le Prof. Iftach Gepner (Crédit: Université de Tel-Aviv)