PARASHATH VAYIGASH 5784 – vendredi 22 décembre 2023, 10 Tevet 5784, samedi 23 décembre 2023, 11 Tevet 5784 – 77ème jour de guerre
HORAIRES DU CHABAT EN ISRAËL ET DANS LE MONDE
NETANYA – 16h19 – 17h21
JERUSALEM – 15h59 – 17h21
HAIFA – 16h18 – 17h19
EILAT – 16h26 – 17h26
TEL-AVIV / ASHDOD – 16h21 – 17h23
BEER SHEVA – 16h22 – 17h23
PARIS – 16h38 – 17h52
MARSEILLE – 16h48 – 17h55
LOS ANGELES – 16h27 – 17h27
MIAMI – 17h17 – 18h14
NEW YORK – 16h14 – 17h19
L’histoire juive qui a commencé avec l’arrivée d’Abraham Avinou en Canaan en l’an 1948 de la création du monde, entame un nouveau tournant. Lorsque l’on parle du Juif Errant en réalité cela commence dès Abraham qui quitte ce pays où il a vu le jour, arrive en Canaan, part vers l’Egypte, revient puis c’est Jacob qui s’exile qui revient et qui repart à nouveau avec toute sa Maison vers ce sol égyptien qui va abriter ces personnes déplacées 210 ans durant.
PARASHATH VAYIGASH – LA DERNIERE ETAPE AVANT L’EXIL VERS L’EGYPTE
Je vous invite à vous délecter de commentaires vraiment savoureux dont les auteurs seront cités tout au long de cet aperçu de la section hebdomadaire.
Le Rav Nathan Neta Shapira, 1585-1633, natif de Cracovie en Pologne a commencé à rédiger son œuvre maîtresse en 1607 : « le Megalé Amoukoth » (celui qui dévoile les profondeurs). Son exégèse est souvent surprenante et d’une extrême clarté. Pour lui, il s’attache vraiment au sujet de la coupe : en effet, s’étonne-t-il pour quelle raison, ce mot « gavia » (coupe) revient-il si souvent alors qu’il ne s’agit que d’une timbale (koss) précédemment lorsqu’il est donné à Joseph d’interpréter le rêve de l’échanson on parle de « koss » (d’un vulgaire « verre ») et ici l’accent est mis sur une coupe, laquelle est si précieuse, que le grand penseur de la fin du XVIème siècle s’attarde à trouver un sens à cela et, en effet voici le fruit de sa réflexion ainsi que nous allons le découvrir d’ici peu. Avant cela, il est important de constater qu’il existe des parallèles entre cette sidra et celle que nous avons lue il y a peu… Dans VaYeshev, les dix frères de Joseph n’ayant pas la conscience tranquille après leur forfait, déclarent à leur père, qu’ils ont trouvé la koutoneth passim entièrement en pièces déchirée et, ils entraînent ainsi leur père à déchirer lui-même ses vêtements en signe de deuil. Or, voici qu’ici, témoins de ce qui est fait à Binyamine ils se retrouvent dans la situation de tsidouk hadine.
Le « vol » de la fameuse coupe par Binyamine rappelle « le vol » des pénates de Laban par Rahel…. Et c’est alors que s’exprime une fois de plus la haine des fils de Léa, Zilpa et Bilha à l’égard des fils de Rahel : tu es bien comme ta mère voleur fils de voleuse.
La vérité n’est pas encore claire aux yeux de ces dix « garçons » qui sont atterrés : ils vont devoir attrister gravement leur père en revenant dans la tente paternelle sans Simon et sans Benjamin ! La coupe est retrouvée dans le sac de Benjamin. C’est ainsi que s’affrontent le taureau (Joseph) et le lion (Yéhouda).
Le Megalé Amoukoth exprime ici sa réflexion : le mot « gavia » composé de 4 lettres hébraïques guimel-beith-youd-ayine sont une allusion numérique et en même temps une allusion au sens caché : la lettre guimel est d’une valeur numérique de 3 mais c’est aussi une allusion aux 3 patriarches (et leur descendance) , puis, le grand Sage relie les lettres beith et youd du mot gaviâ. Ces deux lettres ont une valeur numérique de 10+2= 12 allusion à la parashat beshallah du livre de l’exode (shemoth) au cours de laquelle vont apparaître 12 sources d’eau pour les 12 tribus d’Israël, ainsi que 70 palmiers dattiers que certains relient aux 70 « nefesh » ou âmes qui sont descendues avec Jacob vers Joseph et certains autres y voient une allusion aux 70 vieillards qui constituaient le Sanhédrine. Joseph en enfouissant la coupe dans le sac de Binyamine savait que la solution de l’un des exils se trouvait chez son jeune-frère. En effet, ainsi qu’il le fit plus tard il livra la conclusion à ses frères…
D’autres rabbanim ont attribué un autre sens à chacune de ces quatre lettres. Pour eux, le guimel est une allusion aux galouyoth : avec beith c’est l’exil de Babylone, le youd l’exil dû aux Grecs (yavane), et, avec la lettre ayine allusion à Esaü (Essav). En ce cas, il manque à cette liste l’exil dû aux Mèdes…. C’est ainsi que le libérateur de cette exil, se trouve chez le plis jeune des 12 frères car l’exil dû aux mèdes est illustré par une partie du verset tiré de Jérémie V, 6 : et le » loup « s’acharnera car l’emblème de Binyamine est un loup et sa devise est (bereshit XXXIX, 27 ) et Binyamine dévorera….
Les autres frères furent inquiets quant à leur sort ne connaissant pas leur « libérateur » mais, ils furent rassérénés immédiatement par ce seul mot prononcé par Joseph qui les encourage à aller retrouver Jacob et le ramener avec eux : Le »avikhem » tétsou leshalom leur dit-il : vers votre père partez en paix. Avikhem : alef-beith-youd-khaf et mem ce qui, d’après les exégètes, pourrait renvoyer aux exils suivants : alef = Edom/Essav ; beith = babel ; youd = yavane veyshmaëlim ; khaf = kessafim ; mem = maday donc tout se passera bien pour vous leur assure-t-il.
Joseph sut que ses frères viendraient sûrement s’approvisionner. Encore qu’en réalité, Jacob possédait de quoi se nourrir et subvenir aux besoins des gens de sa maison, mais, pour ne pas risquer d’être attaqués par des gens dans le besoin qui séjournaient aux environs, il pensa qu’il serait plus prudent de se conduire comme tous les autres habitants du voisinage et se rendre en Egypte pour acquérir de la nourriture.
De manière à exercer un contrôle sur la quantité de nourriture existante et vendue, pour savoir à qui seraient vendues les denrées, il fut interdit à quiconque voulant acheter de ne venir qu’avec un seul âne et non pas avec plusieurs bêtes et de décliner son identité : untel fils de tel….
Jacob avait recommandé à ses fils de se présenter chacun à une porte différente (poste frontière dirions-nous aujourd’hui) pour éviter d’éveiller le mauvais œil. Cependant, lorsque les relevés parvinrent à Joseph pour les vérifications d’usage, l’attention du vice-roi fut attirée par les noms de Ruben fils de Jacob, Shimon fils de Jacob….. Il ordonna alors d’aller chercher ces dix hommes et leur monture. Il fallut 3 jours aux gardes royaux pour retrouver les dix hébreux…. Convoqués au palais ils durent justifier le fait qu’ils séjournaient dans le pays depuis 3 jours et ont été retrouvés au marché des prostitués1. Pourquoi leur a-t-il été demandé vous trouviez vous en ce lieu si ce n’est pour nous espionner et tacher de connaître les secrets du pays ? leur a-t-on demandé. Leur réponse fut « nous avons subi une énorme perte que nous recherchons »…..
Le texte de cet épisode de la semaine insiste sur des faits tels que l’argent qui est restitué, tel que le vol de la coupe de Joseph que celui-ci définit comme étant un support de divination. Les réactions diverses des dix frères de Joseph montrent qu’ils ne saisissent pas ce qui se produit. Pour mieux cerner la situation il nous faut sauter sur l’épisode où Joseph décide de faire poursuivre les hébreux et leur chargement et de faire fouiller les sacs pour, enfin, déclarer Benjamin voleur de la coupe de divination et il décide que Benjamin serait désormais son esclave.
Shimon s’adresse à Joseph pour défendre son jeune frère en s’écriant durement : « pour quelle raison veux-tu l’emmener ? N’est-il pas écrit chez vous que quiconque serait surpris volant serait exécuté à mort ? Chez nous, lorsqu’on surprend un voleur, s’il a de quoi payer il rembourse le vol et sinon il est vendu comme esclave ? Or, nous avons de l’argent et, s’il s’agit de cela nous le rachèterons… » selon le Maguid de Douvno… Shimon revient aussi sur les accusations : « Tu nous as traités de voleurs or, nous t’avons rendu tout l’argent que nous avons trouvé dans nos sacs, tu nous as traités d’espions or, nous sommes dix frères d’un seul père qu’est ce qui te permet de penser que nous sommes des espions alors que notre père a suffisamment été éprouvé par la disparition de l’un d’entre nous …… comment peux-tu penser que nous nous mettrions en danger et puis, nous sommes revenus si nous étions des espions nous ne nous serions pas aventurés encore une fois… »
Joseph s’exclame en réponse aux propos venimeux de son frère : c’est HaShem que je crains et même avec cette déclaration, aucun des dix frères ne sourcille, aucun d’eux ne s’étonne d’entendre un « égyptien » prononcer le nom divin, aucun d’eux ne trouve étrange que ce vice-roi n’applique pas les lois égyptiennes !
Joseph procède à la préparation d’un repas qu’il veut offrir à ses frères et ceux-ci ne s’étonnent pas même du fait qu’un égyptien s’apprête à manger avec des juifs, ils ne se renseignent pas sur la nourriture qu’ils vont ingérer… rien ne les étonne tout leur semble naturel jusqu’au moment où le vice-roi d’Egypte demande à tous ceux qui étaient présents de sortir de la pièce pour lui permettre de rester seul avec les visiteurs.
A cet instant l’émotion est à son comble ! Il dévoile son identité à ses frères et, nous apprend le midrash, à ce moment précis où il montre à ses frères qu’il est bien Joseph2, les dix frères sont saisis de stupeur et ils expirèrent mais le Saint Béni soit-IL rendit son âme à chacun d’entre eux. Cependant, l’impression qu’ils avaient eu en premier de leur jeune frère réapparut et ils se précipitèrent sur lui pour le tuer cette fois-ci mais l’Eternel suscita un ange pour protéger Joseph, fils de Rachel.
Le Saba de Kelem3 ainsi que le Maharal de Prague partagent l’opinion selon laquelle le premier aperçu ou la première audition de quelque fait qu’il soit est durable et peut ressurgir à n’importe quel moment sous une influence quelconque. C’est donc ce qui se produisit : en prenant conscience que ce frère envers lequel ils avaient ressenti tant de haine à cause des rêves qu’il avait faits et qu’ils avaient interprétés s’étaient réalisés et qu’ils venaient de les concrétiser en se prosternant devant le vice Pharaon….
Leur première impulsion n’avait donc pas disparu… et c’est ce qu’en général on retient : la première impression est… « la bonne » !
Yossef a su et eu le mérite de préserver son âme et son corps de cette impureté dans laquelle l’Egypte était plongée. L’allusion dont il est question dans les trois premiers mots de la sidra ( …יהודה אליו ויגש (est celle-ci : le total de ces trois premiers mots est 396 c’est-à-dire l’âme et la Présence divine : ‘ה’ = א + 395 = נשמה ou si on préfère : D qui insuffle l’âme dans le corps. La question qui se pose est celle-ci : où l’âme siège t-elle dans le corps : dans le cœur ou dans la tête ? Ceci nous permet de rejoindre le raisonnement du Maharal lequel enseigne que l’âme siège dans le coeur mais aussi
dans la tête de l’être humain ainsi donc, Yossef a préservé son corps et son âme en sachant sublimer ses penchants. En réunissant tous ses frères et son père, en Egypte, auprès de lui, Yossef permet à l’image du futur peuple d’Israël de se refléter en ceci : Yéhouda qui a sauvé son jeune frère d’une mort certaine, va se retrouver, avec son frère Benjamin, à la tête d’un royaume alors que l’un des deux fils de Yossef du nom d’Ephraïm va se trouver à la tête des dix tribus qui vont être perdues. Le futur territoire d’Israël va donner naissance à deux Etats. Benjamin fait tandem avec Yéhouda qui s’est porté garant pour lui.
Pendant cette conversation « d’homme à homme » de Juda et Yossef, le midrash rapporte qu’en véritable négociateur, Yéhouda a su mettre l’accent sur plusieurs points susceptibles d’effrayer Joseph en rappelant qu’Avimélekh avait failli mourir de maladie en « ravissant » Sara à son époux, ou le fait que Jacob en prononçant une malédiction « en l’air » avait, en quelque sorte, provoqué la mort de son épouse bien aimée, et, qu’en empêchant Binyamine de rejoindre son père, il pouvait s’attirer de très gros ennuis en portant atteinte à une famille si sainte.
Joseph dévoile sa véritable identité à ses frères. Le problème du retour se pose : Joseph et le Pharaon invitent Jacob et sa maison à venir passer les cinq autres années de famine en Egypte, dans un endroit dépourvu d’idolâtrie : le pays de Goshen. Jacob est très âgé et tous craignent pour ses jours car, il s’est affaibli depuis la disparition de Joseph. Il en avait même perdu son sens prophétique.
Lorsque dans Mikets il est écrit que Jacob « vit » ce n’était pas la prophétie concernant les retrouvailles avec Joseph mais il vit simplement que quelque chose de bien résidait dans ce voyage vers l’Egypte pour s’approvisionner. Certains exégètes comprennent le mot ישבר comme s’il était écrit : il y a un fils : yesh bar .
Les fils de Jacob de retour vers leur père firent prévenir Sérah la belle-fille d’Asher qui excellait dans la musique, de composer une chanson en rythmant ces paroles : Joseph est encore vivant, Joseph est encore vivant….. C’est ainsi que la neshama (l’âme) de Jacob se calma et que revint l’esprit prophétique du vieux patriarche : יעקוב רוח ותחי. אביהם L’esprit de Jacob revint à la vie !!!
Jacob comprit que le destin d’Israël allait se jouer à Goshen : c’est-à-dire qu’en se dirigeant vers cette portion du pays d’Egypte, )גשנה vers Goshen avec la lettre hé indiquant la direction). L’esprit de Jacob lui fit comprendre qu’à Goshen se révèlerait un libérateur pour le peuple d’Israël et il pensa au Messie qui pourrait être un descendant de Joseph car le mot messie = équivaut en guematria à 358 .משיח En réalité il s’agissait d’un libérateur = .מושיע
Lorsque les enfants d’Israël sont descendus en Egypte, ils se sont montrés différents du peuple égyptien dans le but de se voir attribué une parcelle du pays qui serait leur, désormais : le pays de Goshen. Le hé indiquant la direction se trouve dans le terme « goshena » vers goshen. Ce mot est constitué de quatre lettres qui indiquent que même en se trouvant sur un sol si impur, les bné Israël ont su garder dans la pureté les éléments les plus précieux que sont le gouf גוף) corps) le sekhel שכל) intelligence) la neshama נשמה) âme) et leur foi en D..… ‘ה
Le Maharal voyait dans ces 4 lettres le rappel des 4 puissances qui nous ont asservies mais, dans le Bné Issakhar, l’auteur voit dans les 4 puissances non pas les Perses mais l’Egypte.
En fait, goshena pour Jacob est une allusion beaucoup plus forte car goshena a une valeur de 358 tout comme le mot mashiah et pour le patriarche il y voit l’indice largement développé dans la guemara sanhédrine que les fils de Yéhouda et de Yossef d’où viendront le mashiah ben Yossef et le Mashiah ben David qui se retrouveront côte à côte pour amener la guéoula au peuple Juif avec les dix tribus dispersées et les deux autres qui sont toujours restées fidèles à la Torah.
Rappelons que le territoire de Goshen constitua le premier ghetto de l’histoire juive.
Le texte de la Torah un peu plus loin va nous surprendre car on nous dit que Jacob est descendu en Egypte accompagné de 70 personnes or le détail nous est donné : כל שבעים מצרימה הבאה יעקוב-לבית הנפש toute l’âme de la maison de Jacob qui est descendue en Egypte [est au nombre de] soixante-dix or, un peu plus loin il apparaît qu’en réalité, le nombre de personnes est de 66 où sont passées les autres âmes ? En fait, le commentaire explique ceci en précisant que Jacob n’était pas inclus dans les 66 et Joseph et ses deux fils qui eux aussi appartenaient à la maison de Jacob n’étaient pas inclus en conséquence : 66+Jacob+Joseph et ses deux fils = 70 mais il existe aussi un midrash qui dit que Jacob était bien inclus dans les 66 + Joseph et ses deux fils cela fait donc 69 et, en arrivant en Egypte, il y eut une naissance : celle de Yokhéved la future mère de Moïse.
Le Rav Reitchik souligne un autre aspect qu’il emprunte à la généalogie de Dina. En effet, lorsque l’on verra, un peu plus loin la liste des personnes qui étaient parmi les 70 âmes qui sont descendues en Egypte il y est question d’un certain « Saoul ben HaKenaânit » Or, qui est cette « kenaânit » ? Nous savons que Shimôn (ou l’un des fils de Shimôn) a épousé Dina pour effacer la honte de celle-ci et, de cette union naquit Shaoul ben haKenaânith. L’un de ses descendants fut Zimri ben Salou qui fut tué avec Kosbi haKenaânith pour des mœurs dépravées.
Avant de terminer : il est écrit « l’âme de la maison de Jacob » ceci figure au singulier parce que les 70 personnes qui formaient la maison de Jacob étaient unies derrière une seule pensée comme un seul homme.
Dr Caroline Elisheva Rebouh PhD.
ד »ר קרולין אלישבע רבוה בן אבו
1/ A 17 ans Joseph était un jeune éphèbe et ses frères pensèrent qu’il avait dû se faire exploiter à cause de sa grande beauté.
2/ Il leur dévoile l’endroit de la circoncision.
3/ Simha Zissel Ziv (1824-1898) Rabbin de la ville de Kelmé (en Lithuanie) et disciple du grand Rav Israël Salanter.