Léa Chicheportiche et Johanna Zerbib ont rejoint depuis trois semaines le groupe de travail de l’Université de Tel-Aviv qui lutte contre la désinformation sur Israël répandue sur les réseaux sociaux depuis l’odieuse attaque terroriste perpétrée par le Hamas le 7 octobre.
En collaboration avec les professeurs du groupe de recherche ADARR de la Faculté des Lettres de l’Université, et du Prof. Sandrine Boudana, directrice du Département de communication, elles gèrent le compte Instagram israelwarstory.france qui s’est donné pour tâche de promouvoir la réinformation et de pointer du doigt les contradictions du discours antagoniste.
« Dès la mobilisation des réservistes, Israël a de nouveau été considéré comme l’agresseur »
Léa Chicheportiche, 22 ans, a fait son alyah avec ses parents en 2013 à l’âge de 12 ans. Elle est étudiante en deuxième année en communication et sciences politiques, après avoir fait son service militaire comme coach sportif, service qu’elle a dû écourter de quatre mois car on lui a découvert un cancer de type lymphome. Elle est actuellement en rémission depuis avril 2022.
Le 7 octobre, Johanna était dans sa belle-famille à Jérusalem. « Nous avons été sous les tirs de roquettes pendant toute la matinée et devions nous réfugier dans la chambre sécurisée toutes les dix minutes avec mes neveux et ma nièce âgée de huit ans », raconte-t-elle. « Puis nous avons été sous le choc jusqu’au soir. On ne comprenait pas ce qui se passait ». Par la suite, Johanna raconte qu’elle a été surprise de la réaction en France : « Je m’attendais à ce que les évènements soient minimisés, mais pas à ce point. Les réactions de sympathie ont duré une semaine, mais dès la mobilisation des réservistes, Israël a été de nouveau considéré comme l’agresseur ».
Léa quant à elle, était le 7 octobre chez ses parents à Modiin. « La première sirène à Modiin a retenti vers 10h00 du matin. Puis nous avons suivi les évènements sur les réseaux sociaux, mais nous pensions que c’était faux. C’était surréaliste. Nous n’avons compris que le soir ».
Une spécificité francophone
Ce n’est pas la première fois que Léa et Johanna font du bénévolat en plus de leurs études. Johanna fait partie du réseau des Eclaireurs Israélites de France en Israël, qui a pour but d’aider les nouveaux immigrants francophones à mieux s’intégrer dans le pays, sans perdre leur spécificité. « Dès le début des évènements, le réseau a organisé de nombreux points de collecte dans tout le pays pour aider les soldats et leur fournir nourriture et équipements, et près de 1000 personnes font du bénévolat dans l’agriculture pour aider les kibboutz », précise-t-elle.
Léa fait du bénévolat dans le nord du pays en donnant des cours de sport aux réservistes. « C’est émouvant de voir leur enthousiasme et leur reconnaissance bien qu’ils se trouvent dans des conditions difficiles », raconte-t-elle. « Ils nous remercient alors que c’est nous qui devrions les remercier ».
Cet donc tout naturellement qu’elles ont rejoint la «Task Force » des étudiants anglophones de l’Ecole internationale de l’Université de Tel-Aviv qui se sont unis pour lutter contre la désinformation et le terrorisme. « C’est très important », explique Johanna. « Nous devons promouvoir la réinformation, montrer les faits et pointer du doigt les contradictions du discours adverse. De plus, nous nous sommes rendu compte qu’il y avait un besoin spécifique d’un groupe de travail francophone à cause de la montée de l’antisémitisme en Europe ».
« Nous devons éduquer »
Johanna et Léa consacrent toutes les deux de nombreuses heures par jour (bénévolement !) à la page Instagram Israel War Story- France. « Il faut coller à l’actualité qui va très vite. Un contenu valable le matin ne le sera plus forcément le soir ». Mais par rapport au groupe de travail anglophone, la « Task Force » francophone a une spécificité : elle a été initiée par les professeurs du groupe de recherche francophone ADARR (Argumentation, analyse du Discours et Rhétorique) de l’Université de Tel-Aviv, dirigée en collaboration par les Prof. Ruth Amossy (Université de Tel-Aviv) et Roselyne Koren (Université de Bar-Ilan). « Le fait de travailler avec des professeurs nous donne un recul que nous n’avons pas forcément », expliquent les étudiantes. « A présent on ne peut plus poster uniquement des images qui font appel aux sentiments, car les réseaux sociaux internationaux sont inondés de photos d’enfants palestiniens. Nous devons éduquer, et à cet égard les professeurs nous amènent des éléments importants, des contenus réfléchis. C’est une plus-value par rapport au groupe anglophone, qui ne comporte que des étudiants ».
Le message de ces deux étudiantes sympathiques, vives et motivées : « Nous avons commencé trois semaines après les autres et nous avons besoin d’accroitre notre visibilité. Aidez-nous à lutter contre la désinformation, relayez la page, suivez-nous et partagez nos posts ! »
Photo : Johanna Zerbib (à gauche) et Léa Chicheportiche
www.ami-universite-telaviv.com