L’agence de notation Moody’s, qui le mois dernier a ajouté Israël dans sa liste des pays à surveiller, a publié son rapport complet.
Pour Moody’s, la note d’Israël dépendra évidemment des évolutions du conflit, mais aussi de la conduite du Gouvernement dans sa gestion de l’Économie au cours de cette période.
Le déficit devrait atteindre les 7 % en 2024.
Dans son rapport complet publié le 20/11/2023 portant sur l’Économie israélienne, Moody’s estime que le gouvernement israélien ne poursuivra pas sa réforme législative au sortir de la guerre.
De fait, ce projet de réforme avait déjà conduit l’agence de notation à dégrader la note d’Israël, la passant de AA à A.
Pour ce qui est des perspectives de notation d’Israël, il convient de rappeler qu’aux premiers jours de la guerre, l’Agence avait ajouté Israël à sa liste des pays à surveiller.
Dans son rapport dernièrement publié Moody’s explique qu’en cas d’extension du conflit, la note d’Israël pourrait être dégradée.
Cependant, pour peu que le conflit militaire soit résolu sans causer de dommages durables et substantiels à la puissance économique d’Israël, l’Agence estime qu’il est probable que la note de crédit restera à son niveau actuel de A1.
L’Agence fait par ailleurs passer un message au Gouvernement…
En effet, hormis l’évolution du conflit, un autre facteur est de nature à affecter la notation d’Israël, à savoir la gestion de l’Économie durant la guerre : « nous examinerons la capacité du Gouvernement à promouvoir des politiques réduisant les implications économiques et fiscales et favorisant une reprise rapide après la crise ».
En matière de déficit budgétaire, Moody’s estime qu’il devrait être de 3 % en 2023 et grimper à 7 % en 2024 et ce à l’aune des multiples dépenses attendues pour financer la guerre et la reconstruction d’une part, et d’autre part en prévision d’une baisse attendue des recettes de l’État.
Les analystes de l’Agence soulignent toutefois que l’expérience passée montre qu’Israël est capable de se remettre rapidement de situations d’endettement et de déficit accrus et de revenir sur la bonne voie dans des délais très courts.
« Plus le conflit sera long et complexe sur le plan sécuritaire, plus il est probable que l’impact sur les paramètres qui affectent la notation de crédit augmentera », écrit Moody’s.
Cependant, ils soulignent que la question de la guerre ne sera pas le seul facteur affectant la note d’Israël ; entre également en ligne de compte l’inégalité des revenus, qui est l’une des plus élevées au sein de l’OCDE qui est à imputer à la dualité de l’Économie, avec un secteur de la Hi-Tech au sein duquel les salaires ont augmenté beaucoup plus rapidement, que dans d’autres secteurs.
Ils soulignent également, sur la question des disparités au sein de la société israélienne, les disparités en matière d’Éducation et de niveaux de salaire entre différents groupes de la population, notamment les ultra-orthodoxes et les Arabes.
La part de ces deux groupes devrait augmenter considérablement pour atteindre les 50 % de la population en âge de travailler d’ici 2060, contre 30 % aujourd’hui ; « ces défis augmentent les risques sociaux », soulignent les analystes de Moody’s.
D’un autre côté, Moody’s salue la décision du Premier ministre Benjamin Netanyahu et du ministre des Finances Bezalel Smotrich de prolonger le mandat du Gouverneur de la Banque Centrale d’Israël, le professeur Amir Yaron, dont l’Agence apprécie la politique monétaire menée, qu’elle juge efficace.
Les analystes estiment que la Banque Centrale d’Israël a fait preuve de crédibilité et d’indépendance dans sa conduite et qu’elle a agi rapidement pour faire face aux pressions inflationnistes.
Par ailleurs, Moody’s note positivement la résilience de l’Économie israélienne et sa capacité à démontrer une résistance significative aux chocs locaux et externes, notamment grâce à une croissance soutenue par le secteur de la Hi-Tech.
L’Agence salue également la balance constamment excédentaire des paiements et des soldes élevés de devises étrangère de la Banque.
Ils notent également de manière positive le niveau de revenu élevé en Israël, le montant élevé de l’épargne des ménages et le faible niveau d’endettement, ce qui permet à la Banque d’avoir des coussins de sécurité en cas de coup difficile.
Arnaud Sayegh
Avec l’aimable autorisation de KNE
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