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L’âme juive par Caroline Elisheva Rebouh

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La réfutation la plus classique opposée au raisonnement des agnostiques réside en l’insufflation de l’âme dans l’être humain.  Quelle est cette âme, et de quoi se compose-t-elle ? Quelle est la différence entre l’âme humaine et celle d’un animal ? 

Le mot animal vient du latin « anima », soit doté d’une âme, ou d’un canal de vie dirons-nous. 

En hébreu, pour une simple traduction littérale, âme peut se traduire par nefesh, rouah, neshama, selon l’acception dans laquelle on comprend le mot âme. Cependant, l’âme qui est en nous revêt plusieurs aspects, même si elle est perçue de différentes façons, et selon cinq niveaux qui sont : nefesh, rouah, neshama, haya et yehida. Nous allons analyser ces différents stades, pour permettre une meilleure compréhension de l’être humain dont le corps n’est que l’aspect physique et concret de l’être, et l’âme représentant le côté ésotérique et abstrait.

On pourrait comparer l’être humain avec son enveloppe et son âme à une mezouza (parchemin) glissée dans  un étui : lorsqu’on doit acheter une mezouza, on investit pour avoir un beau klaf (parchemin), pour que ce klaf ait été écrit par un sofer yiré shamaïm (craignant D) ; et puis, on investit encore dans un étui, qui va être une parure pour le parchemin.  En ramenant cette comparaison à l’être humain qui figure l’étui, l’homme va essayer de soigner son corps, son apparence, pour offrir à l’âme un habitacle « précieux », ce qui ne signifie pas qu’il faille être outrancier dans les soins et l’élégance ; mais nous devons à notre corps un minimum de soin pour être en bonne santé, en bonne forme, et correctement vêtu ,(y compris de manière décente), pour respecter l’âme qui nous a été confiée à notre naissance. 

NEFESH : C’est là le premier niveau de l’âme. Le nefesh ,נפש est le souffle de vie qui nous est insufflé à la naissance et même à la conception, puisque le fœtus s’agite déjà dès la gestation.   Mais le nefesh qui nous anime, nous, êtres humains, n’est pas l’apanage des hommes ; car dans les bêtes aussi, D. insuffle une âme (nefesh), qui se distingue de l’âme humaine par une appellation différente : nefesh be’hémite, ou  l’âme animale, dont la fonction est de respirer, de vivre en relation avec son corps, et dont les fonctions mentales existent. Mais le nefesh désigne le stade primaire de l’âme,  la facette concrète de la vie, de ce nefesh qui envahit le corps pour lui permettre d’exister, et qui rend l’équation suivante possible : corps humain + âme (nefesh) = vie. Le nefesh est cette âme qui va autoriser l’action.  

ROUAH :   Le souffle, mais aussi l’esprit : « Rouah HaShem« , le souffle de D, mais aussi l’Esprit ; c’est-à-dire que ce souffle de vie va aussi permettre à notre esprit de fonctionner et de dominer notre corps et ses instincts, et laisser  l’intellect  sublimer ces derniers, et  favoriser la réflexion qui va placer l’homme au-dessus des autres animaux incapables de pensée pour  réfléchir. La parole véhicule la pensée. 

NESHAMA : Vient de la racine נשם, respirer.  Le souffle va prendre le volume qui lui est imparti dans le corps pour respirer et vivre,  car sans air il n’y a pas de vie possible.  Ce niveau intermédiaire élève l’âme vers les sommets désormais accessibles  de la réflexion, entraînant une prise de conscience, et donc au libre-arbitre. L’être humain, grâce à ce libre arbitre, façonne sa personnalité. 

HAYA : Haya est l’avant-dernier niveau avant le summum. Lors de la création de l’homme, la Torah enseigne que le Créateur a insufflé un souffle de vie dans les narines de l’homme qui est devenu une âme vivante : nefesh haya.  Il appartient à l’homme de capter ce souffle pour qu’il lui serve de gouvernail, et qu’il sache diriger ses pas au cours de la vie. 

YEHIDA : Littéralement ce mot signifie : unité. C’est-à-dire que l’homme en cultivant son âme, en faisant aller son âme selon ses inclinaisons, façonne sa personnalité et son âme selon des critères qu’il a choisis. De cette façon, il réussit à créer un personnage auquel personne ne ressemblera, car cette yéhida sera composée de milliers de facettes qui parviennent de nombreuses origines, goûts….. Si D. donne au départ le même souffle de vie, il sera libre à chacun de le cultiver ou de le laisser en l’état, de devenir un être exceptionnel ou quelqu’un d’ordinaire ne sortant pas des rangs. La yéhida qui réside en nous est ce qui nous rend exceptionnel. 

Ainsi, du degré le plus simple, l’homme se voit offrir tout un éventail de possibilités pour l’action dans l’environnement immédiat jusqu’aux niveaux les plus élevés, en effectuant un mélange et une élévation de l’âme depuis l’action jusqu’à la réflexion. Se faisant, la créature humaine s’élève au-dessus du règne animal par ce pan exceptionnel mis à sa disposition pour  se différencier du règne animal, en s’efforçant de s’élever  vers les sphères supérieures pour atteindre l’âme divine. Le Shabbat, l’être reçoit une âme supplémentaire, ou neshama yétéra, qui s’envolera à la fin de ce jour de repos exceptionnel. Cette âme supplémentaire se reçoit en trois fois le vendredi soir et en 3 fois également le shabbat matin ; ainsi la portion de NEFESH se présente à nous, lorsque en chantant « LEKHA DODI », nous nous tournons pour accueillir la Reine Shabbat (shabbat HaMalka) en prononçant l’invitation « boy kala, boy kala », viens ô fiancée ! En nous inclinant, alors que nous sommes debout pour le kadish d’avant la prière du soir « barekhou eth HaShem… » Nous accueillons notre part supplémentaire de ROUAH ; puis en chantant « Hashkivénou », lorsqu’on arrive à « Oufross âlénou… », nous recevons notre part de NESHAMA yitéra (âme supplémentaire). Pendant la prière de shaharith du shabbat matin, après avoir récité les nombreux cantiques, et que nous entamons, alors, la lecture de Nishmat kol hay (l’âme de chaque être vivant) nous nous trouvons en l’instant précis où se présente la part de Nefesh du shabbat ; puis, le Rouah arrivera avec le début de la Amida (longue prière comportant 18 bénédictions les jours de semaine, mais seulement 7 . Nous recevons donc ainsi la part de Neshama yétéra, lors de la répétition de la âmida par l’officiant. 

En respirant les parfums des plantes présentées lors de la havdala (cérémonie marquant la fin du shabbat), nous ressentons un petit vague à l’âme à cause de cette séparation, de ce supplément d’âme reçue en ce jour. 

Dr Caroline Elisheva Rebouh PhD

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