L’agence de notation Fitch Ratings estime que la poursuite de la législation du Gouvernement entraînera un impact négatif sur les indices qui entrent en compte dans la détermination de la note.
L’Agence estime que les mesures actuelles du gouvernement ne devraient pas entraîner un départ significatif des talents et des capitaux du secteur de la Hi-Tech.
L’agence de notation Fitch Ratings laisse ses perspectives d’avenir et la cote de crédit d’Israël inchangées. Ainsi, la note d’Israël restera au niveau de “A+” et les prévisions restent “stables”.
“La réforme actuellement en cours de discussion est loin de la version initiale présentée par le Gouvernement – comprendre, bien plus mesurée – mais reste controversée et fait face à une forte opposition de la part des politiques et de la société civile”, analyse Fitch.
Fitch souligne notamment la grande incertitude en Israël : “au sein du pays, l’on estime que les changements voulus par le Gouvernement pourraient avoir un effet négatif sur la note d’Israël, pour peu que les équilibres et les freins des institutions du pays s’affaiblissent en raison de ces derniers”.
Fitch observe que d’autres pays ayant pris des mesures visant à réduire les freins et l’influence des institutions ont accusé un affaiblissement significatif des indicateurs de gouvernance de la Banque mondiale, la variable la plus pondérée dans le modèle de notation souveraine de l’Agence.
Les analystes de l’Agence concluent sur des prévisions plutôt optimistes : “nous n’estimons pas que les mesures actuelles provoqueront un départ substantiel de talents et de capitaux au sein du secteur de la Hi-Tech”.
Les économistes de l’Agence s’entendent toutefois sur le fait que le devenir de la note n’est pas certain, pouvant être affecté par diverses avancées politiques ou législatives.
Un certain nombre de membres de la Knesset et de ministres ont par exemple avancé des propositions visant à affaiblir l’indépendance de la BCI – Banque Centrale d’Israël – ; pour l’instant, aucune de ces propositions n’a été mise en œuvre.
Bien que ce ne soit pas le scénario de base de l’agence de notation, l’affaiblissement de l’indépendance de la BCI réduira la crédibilité de la politique d’Israël, qui est actuellement une force dans la notation de crédit.
Fitch fait par ailleurs l’éloge de l’Économie israélienne, tout particulièrement au regard de son histoire et la définit comme “diversifiée et robuste, avec une valeur ajoutée élevée et des indicateurs financiers externes solides”, mais souligne également qu’elle souffre “d’un ratio dette publique/PIB élevé, de risques sécuritaires accrus et d’une instabilité politique qui entrave la mise en œuvre de sa politique”.
En matière de Croissance, ses analystes estiment que l’Économie israélienne est “résistante à un ralentissement”, en conséquence de quoi, ses prévisions sont très optimistes : croissance d’environ 3.10 % en 2023 et 3.00 % en 2024.
Il est cependant précisé que cette prévision optimiste (tout le monde prévoit une croissance inférieure à 3 % en 2023) suppose que l’incidence de la réforme du système juridique sur l’Économie soit à la marge.
De fait, en mars dernier Fitch Ratings mettait en garde quant à une éventuelle dégradation de la note de la dette israélienne en raison de la réforme juridique entreprise, tout en laissant la note inchangée. Consciente que la réforme est en cours de négociations, l’Agence a toutefois prévenu que l’affaiblissement des équilibres et des freins institutionnels ou encore, un sentiment négatif du côté des investisseurs, pourrait conduire à une dégradation de la cote de crédit.
À ce sujet, et suite à cette analyse, l’agence Moody’s avait revu ses prévisions les passant de “positives” à “stables”, en avril 2023.
En mai, l’agence S&P a laissé inchangées la note de crédit d’Israël (AA-) et la perspective de la note de crédit (“stable”).
Le 24 juillet dernier, la coalition en place au sein de la Knesset a approuvé la loi abolissant la capacité de la Cour Suprême d’abroger une décision politique au simple motif du rejet pour motif raisonnable ; en clair, cette dernière devra dorénavant motivé ses abrogations/rejets.
Le lendemain, Moody’s a publié un rapport spécial sur Israël, aux termes duquel il estime que “le Gouvernement et la Knesset sont devenues des institutions moins prévisibles, prêtes à prendre des risques significatifs pour la stabilité économique et sociale d’Israël”.
Pourtant, début août Fitch a finalement annoncé de manière inattendue l’abaissement de la note des États-Unis de AAA – la plus élevée – à AA+, en raison “d’une détérioration constante des normes de l’Administration au cours des deux dernières décennies, y compris en matière de budgets et de dette”.
Peu avant, le 28/04/2023, la même agence avait rabaissé la note de la France ; des rumeurs courent au sujet d’une éventuelle baisse de la note de la Chine…
Arnaud Sayegh
Avec l’aimable autorisation de KNE
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