Israël constitue l’un des centres névralgiques de l’industrie mondiale des semi-conducteurs et concentre des entreprises impliquées dans chacun des segments de la filière. Il compte une trentaine d’entreprises de la filière, et le développement de ce secteur n’est pas près de s’interrompre, alors qu’Israël, allié des États-Unis, apparaît comme un pays relativement protégé.Premier employeur en Israël avec près de 14 000 emplois directs et premier exportateur israélien avec plus de 11% du total, Intel est sans aucune contestation possible le poumon de la filière.
Des entreprises israéliennes, telles que le fabricant Tower Semiconductor et les entreprises de contrôle de qualité Nova Measuring Instruments et Camtek, se sont quant à elles imposées sur la scène mondiale. Les leaders mondiaux de l’industrie des semi-conducteurs distribuent d’autre part leurs composants en Israël, à l’image d’Infineon et de Nxp. Nombre d’entre eux ont établi en Israël des centres de R&D. C’est notamment le cas de Qualcomm, des entreprises de logiciels Cao Synopsis et Cadence Design Systems ainsi que de la société de contrôle de qualité Applied Materials. Enfin, tous les géants de la tech développent des semi-conducteurs en Israël (Intel, Apple, Amazon, Google et Microsoft). Les compagnies cloud travaillent ces dernières années au développement de leurs propres puces électroniques, dotées d’avantages compétitifs ou bien pour un usage interne.
Alors qu’Israël s’érige en passage incontournable pour le développement de semi-conducteurs, la filière se caractérise également par la tendance des multinationales à prendre le contrôle des start–ups israéliennes. Marvell Technology a initié ce comportement prédateur en acquérant Galileo en 2000 pour 2,7 Mds USD, et en le transformant en centre de développement employant désormais plus de 600 personnes. Amazon a acquis Annapurna Labs en 2015 pour 370 MUSD et Intel a absorbé Mobileye en 2017 pour 15 Mds USD, puis Habana Labs en 2019 pour 2 Mds USD. La multinationale américaine Nvidia s’est, quant à elle, appropriée Mellanox en 2020 pour 7,36 Mds, société qui était également convoitée par Microsoft et Intel.
Acteur majeur de l’industrie des semi-conducteurs, Israël a exporté pour plus de 3,5 Mds USD de « systèmes et de composants électroniques » en 2020, soit une progression de 28,5% d’une année à l’autre et 7,1% des exportations totales.
Compte tenu de sa spécialisation dans les activités de développement davantage que les activités de production et du déficit de talents, aggravé par la pression exercée par les multinationales, il est peu probable qu’Israël puisse jouer un rôle décisif dans la résorption du déficit mondial de semi-conducteurs.
L’avantage comparatif israélien dans la filière des semi- conducteurs ne réside pas dans sa capacité productive mais dans son écosystème de l’innovation. Si Israël compte plusieurs unités de production, la plupart des investissements étrangers réalisés en Israël sont concentrés sur la recherche et le développement.
À l’exception d’Intel qui possède deux unités de production en Israël et a annoncé la construction d’une troisième usine pour 10 Mds USD, les géants de la tech et leaders mondiaux des semi-conducteurs investissent davantage dans les activités de R&D, à l’image de Nvidia, Google, Intel et Applied Materials qui ont annoncé coup sur coup depuis mars 2021 recruter plus de 2 500 ingénieurs et développeurs.
Ces investissements risquent de buter sur la pénurie de compétences israélienne et/ou d’assécher le vivier de compétences destinés aux startups israéliennes. D’un côté, les multinationales augmentent leurs effectifs dans la filière des semi-conducteurs, telles que Mobileye qui construit actuellement un campus à Jérusalem destiné à employer 2700 personnes.
De l’autre, les étudiants israéliens se tournent davantage vers les logiciels que vers l’ingénierie électronique. La pénurie de talents limitera donc très probablement le développement de l’industrie des semi- conducteurs en Israël dans les années à venir, d’autant plus pour les start-ups qui ne peuvent offrir des salaires aussi attractifs que les géants de la tech. Il incombe aux autorités d’encourager la formation professionnelle d’ingénieurs électroniques afin de satisfaire la demande accrue de compétences.
Enfin, et ce n’est pas un enjeu spécifique à Israël, le modèle opérationnel de l’industrie des semi-conducteurs bride les capacités d’adaptation des unités de production à la demande du marché. C’est également une industrie hautement capitalistique, nécessitant des investissements conséquents, ne serait-ce que pour maintenir le niveau des installations.
Source : Source Ambassade de France au Liban