1. Vue d’Israël, la situation en France aujourd’hui semble à la fois stupéfiante, révoltante et tristement familière. Ce qui est stupéfiant, c’est de voir comment un pays ancien peut se déliter à vue d’œil et renoncer à sa propre souveraineté et à sa propre survie… Quels sont les mécanismes profonds qui, au-delà des causes politiques et sociales immédiates, peuvent conduire un vieux pays à une telle situation ? Nous savons certes que les civilisations sont mortelles… L’histoire nous enseigne que les grandes invasions et les changements démographiques majeurs sont précédées d’évolutions plus lentes, qui affectent la volonté d’une nation de vivre et d’assurer son avenir. Quand un peuple n’est plus désireux de perpétuer sa propre identité et quand sa natalité chute, il est mûr pour se laisser envahir.

Pour l’observateur vivant en Israël, pays confronté depuis sa renaissance à l’islam radical, il est attristant de voir que la France s’entête à ne pas comprendre ce qui nous semble évident. L’immigration incontrôlée de populations largement inassimilables et souvent hostiles à la France, à ses traditions et à son histoire, a conduit inexorablement à la situation actuelle. Cela fait plusieurs décennies que des analystes lucides, historiens ou écrivains (de Jean Raspail à Houellebecq et de Max Gallo à Bat Ye’or), mettent en garde contre le risque de guerre civile et d’émeutes, telles que celles auxquelles nous assistons aujourd’hui.

2. Le plus stupéfiant est sans doute de voir que les leçons de l’histoire et de l’actualité ne sont pas tirées et que les élites françaises continuent, dans leur grande majorité, à soutenir l’immigration qui est en train de détruire leur pays… C’est sans doute sur ce dernier point que la comparaison avec Israël est la plus instructive. Ici aussi, nous sommes confrontés à des foyers de population irrédentiste, animés par l’islam radical. Ici aussi, l’ennemi intérieur est soutenu par une fraction de la classe politique et des élites, animées par une idéologie progressiste suicidaire. Mais la comparaison tourne court lorsque survient la confrontation violente.

Israël est en effet suffisamment fort et l’esprit national suffisamment vivace pour nous permettre de contre-attaquer et de nous défendre, comme nous le faisons aujourd’hui à Djenine, même si tout est loin d’être parfait à cet égard aussi, comme en atteste le fait que les habitants de Judée-Samarie soient trop souvent abandonnés à leur sort et contraints de se défendre par eux-mêmes contre les attaques incessantes de leurs voisins arabes, Tsahal se contentant d’intervenir partiellement et après coup…

3. J’ajouterai une réflexion personnelle, en tant qu’Israëlien venu de France il y a trente ans. A la tristesse de voir la France s’enfoncer lentement et renoncer à se défendre, se mêlent la fierté de faire partie d’un peuple et d’un pays qui savent encore se défendre contre ses ennemis et la conviction que l’exemple d’Israël peut renforcer et vivifier l’esprit de résistance des Français. Mais je sais aussi que la maladie mortelle qui atteint la France – celle du masochisme, de l’auto-accusation et de l’identification avec ses propres ennemis – existe aussi en Israël et au sein du peuple juif.

Dans une certaine mesure aussi, qu’on ne doit pas exagérer mais qu’on ne peut ignorer, certains intellectuels et hommes politiques juifs français ont apporté leur pierre au courant destructeur, qui a conduit la France là où elle se trouve aujourd’hui. En soutenant l’immigration incontrôlée et en défendant l’idéologie progressiste, parfois au nom d’une morale dévoyée et d’une vision déformée du judaïsme, ils ont contribué au déclin de la France. On aimerait les entendre faire aujourd’hui leur mea culpa. J’adresse aux citoyens français patriotes qui voient aujourd’hui flamber leurs villes et leurs quartiers mon salut fraternel et mes vœux de courage et de résistance.

P. Lurçat
VudeJerusalem.over-blog.com