Il est maintenant quatre heures du matin, je n’arrive pas à dormir, Elisha זייל une des quatre victimes, âgée de 18 ans vient d’être enterrée. C’est l’âge de mon quatrième fils, qui, à l’annonce du nom m’appelle et me demande confirmation. Ils se sont connus à l’école primaire puis au Bne Akiva, je l’entends défaillir, contenant des sanglots. Il étudie a Mitspé Ramon et a décidé de revenir a Eli afin de participer aux funérailles. Six heures de route, pour arriver enfin et découvrir la douleur incommensurable de tout un village à l’unisson. Un village, un pays entier frappé par cette nouvelle déflagration……cette violence, toujours plus de violence qui pense pouvoir vaincre. Durant plus de deux heures après l’attentat, des messages affluent de toute part, en ISRAEL et en France pour savoir si nous nous portons bien.
Depuis 26 ans en ISRAEL à Eli dans notre microcosme familial et amical, ELI est connu. Depuis que nous avons quitté la France, notre alya , cette « ascension » dans tous les sens du terme, a pris corps ici dans la région du Benyamin. Cette partie du monde que la planète entière semble connaitre, sans y avoir jamais mis les pieds. C’est sur cette route 60, celle des ‘’Patriarches’’ aux pieds de notre village, dans cette petite station-service, que le chaos terroriste a décidé d’élire son territoire quelques instants.
La Judée-Samarie est à la source du Livre, celui de la Bible, là ou tout a commencé pour le peuple juif. Des millénaires d’appartenance qui trouvent leur fondement uniquement sur cette terre d’Israël. Ces instants de chaos engendrés par de vils terroristes ne pourront jamais au grand jamais, ébranler la force indestructible des nouveaux hébreux. Ce que tente de mettre en péril cette folie barbare, c’est le retour historique de la nation juive après tant de temps en exil. Les juifs reviennent sur leur terre depuis des décennies, cela dérange. Oui, la lumière est de retour envers et contre tout….or la lumière, parfois, selon son intensité , éblouit, déroute et affole les « papillons de l’obscurité ». Pour chaque nouvel immigrant qui rejoint Israël, la flamme se ranime toujours un peu plus. La flamme du destin de ce peuple, de mon peuple. Mais pour ranimer un feu éteint par un exil bimillénaire, la tâche est rude, douloureuse et pourtant incontournable. Nous n’avons que le choix d’assumer ce destin, aucune autre possibilité ne s’offre à nous. C’est dans notre ADN, notre marque de fabrique : Israël , c’est tout à la fois un peuple, mais aussi une terre. L’un n’est rien sans l’autre, une entité sans équivoque .
Alors cet attentat a Eli, au sein de ma « maison » depuis 26 ans ne peut ni ne doit déstabiliser cet édifice de reconstruction, tout à la fois de mon existence personnelle et familiale ainsi que que celle de mon peuple dans son intégralité. Les juifs d’Israël, et ceux dispersés de par le monde, savent profondément que le lien à cette terre est incroyable. Ce lien parfois inexplicable et pourtant si ancré en chacun d’entre nous. Ce lien historiquement et spirituellement évident qui émerge de nos textes et de notre tradition. Ni la politique ni la couverture médiatique des faits ne peuvent appréhender réellement ce que nous vivons actuellement. Le temps n’est plus aux promesses ou aux paroles de tout ordre. Seule l’action même lente et semée d’embuches me semble être l’unique réponse a la folie ambiante des cellules terroristes qui tentent de nous éradiquer.
Depuis 10 ans, en allant à la rencontre en France de futurs olim, j’ai le sentiment unique de toucher du doigt, la grandeur du projet divin qui n’est autre que de faire renter les exilés de Sion. Ce sentiment unique de sentir que mon frère de France, avec toutes les difficultés que cela comporte, décide un jour de tout quitter et de ne pas se retourner. Regarder de l’avant, progresser humblement dans cette folle aventure de l’alya : douloureuse parfois, euphorique souvent et pourtant inexorable. En 10 ans, ces centaines de juifs de France rencontrés, aimés, qui ont décidé ou pas de faire le grand saut, m’apparait comme l’unique réponse à la folie ambiante de ces derniers mois.
Le retour n’est plus de l’ordre de la prophétie, il relève d’une réalité concrète, et je le redis, difficile et lente, mais d’une réalité incroyablement plus invincible que la plupart des palabres autour du « conflit israelo-palestinien ».
Nous ne pouvons tourner le dos à la mission de notre génération, nous n’en avons ni le droit ni la possibilité : LE PEUPLE JUIF RENTRE CHEZ LUI ! Voilà ce que j’ai dit à mon fils.
Nathalie Sivan
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